L’enseignante au primaire Alexandra déconstruit les mythes sur son métier

Moi, j’suis enseignante avec les plus vieux, donc je dirais que la très grande majorité, oui, ont un téléphone cellulaire. Ça m’a jamais vraiment dérangée parce que les règles ont toujours été claires, dans la classe, que j’voulais vraiment pas qu’ils les utilisent. Souvent, les enfants ont leur téléphone cellulaire pour pouvoir appeler leurs parents ou les texter qu’ils quittent l’école. J’ai jamais vécu de situation où un élève textait ou prenait des photos ou quoi que ce soit.

Moi, mes élèves me disent Madame Paquin, donc utilisent mon nom de famille, puis ils me vouvoient.

C’est vrai et faux. On a quand même un minimum qui nous est fourni. Par contre, il faut vraiment débourser beaucoup de notre poche, surtout en début de carrière, parce qu’on n’a pas de matériel, on n’a pas de livres. J’ai déjà été dans une classe où, quand je suis arrivée, y avait trois livres dans la bibliothèque, dont un que c’était un tome quatre d’une série. Donc, il a vraiment fallu que je me rééquipe.

C’est faux, surtout en début de carrière. Moi, personnellement, quand j’ai eu mon bac, j’ai su que j’allais enseigner en sixième année, une semaine avant les pédagogiques. Donc, il a vraiment fallu que je me retrousse les manches, puis que je commence à planifier pendant une semaine avant la rentrée.

Terminer à 3h, c’est très, très rare. C’est sûr qu’on n’est plus en présence élève, mais y a vraiment un autre travail qui se fait, que ce soit photocopies, corriger, les réunions avec l’équipe école ou même des appels aux parents. C’est sûr, sûr qu’on finit pas à 3h.

C’est faux. La majorité du temps, oui, mais c’est difficile de vraiment prévoir à la lettre ce qui va se passer dans une journée. Souvent, j’arrive un matin, j’ai prévu quelque chose, puis je dois vraiment changer ma planification parce qu’il y a eu un événement. Il y a tellement de choses qui peuvent désorganiser une classe. Par exemple, un élève qui pète, ça, ça désorganise.

Vrai et faux. C’est sûr qu’il y a des qualifications de base pour être enseignant, mais ça peut arriver qu’il y ait des gens qui ont même pas leur bac, qu’ils aient une classe à côté de toi. Moi, ça m’est arrivé il y a deux ans. L’enseignante du niveau supérieur au mien est partie, puis y a quelqu’un qui est arrivé qui avait pas son bac, puis qui a enseigné jusqu’à la fin de l’année.

C’est faux. Par contre, je sais qu’il y a quand même certaines différences avec le privé et le public. J’ai des amis qui enseignent au privé. Je sais qu’ils ont une semaine de relâche pendant le mois de novembre. Je sais qu’ils ont des plus gros groupes, mais qu’ils ont plus de budget dans leurs classes. Il y a des différences, mais est-ce que l’une est meilleure que l’autre? J’pourrais pas dire.

C’est vrai, on a quand même l’été de congé, les fins de semaine, puis les fériés. Par contre, faut pas compter les pédagogiques dans des congés. C’est vraiment des journées où est-ce qu’on travaille.

Faux. Être prof au pré-scolaire ou au primaire, c’est pas comme être enseignant, mettons, au secondaire, où est-ce qu’on enseigne vraiment tout le temps la même notion. On enseigne le français, les maths, les sciences. Bref, on enseigne beaucoup de choses, mais ça ne veut pas dire qu’on va toujours, toujours, toujours enseigner la même chose de semaine en semaine.

C’est vrai qu’on gère les émotions de nos élèves. Ça peut arriver qu’il y a des élèves qui arrivent le matin, puis qui sont en peine, en colère. Bref, qu’on voit qu’il y a quelque chose qui va pas. Pour moi, c’est vraiment important de prendre un moment avec cet élève-là, de le sortir à l’extérieur de la classe, puis qu’on discute. Puis, parfois, ils sont pas vraiment prêts à revenir en classe, donc on va faire appel à un ou une TES qui va vraiment venir prendre le temps, avec cet élève-là, pour qu’il puisse vraiment tout décharger, qu’est-ce qui se passe, qu’il nous explique qu’est-ce qui en est. Puis souvent, on va être de très bons conseils, puis l’élève va revenir en classe.

La réponse, c’est vrai. J’adore les enfants. C’est comme un prérequis pour être enseignant parce que c’est avec eux qu’on travaille au quotidien. Mettons, pour les profs qui aiment pas les enfants, ça risque d’être long longtemps.