L’avenir est dans le champ
L'agriculture est vraiment in en ce moment.
«L’agriculture est vraiment in en ce moment et plusieurs personnes se retrouvant sans emploi se tournent vers l’agriculture. Ils veulent découvrir et ils veulent apprendre».
C’est Karine Robitaille, conseillère en insertion aux Jardins de la Terre, qui le dit. Cette petite ferme de production maraîchère bio située en Estrie aide à l’insertion professionnelle des 18 à 35 ans. Et pour le moment, l’établissement s’en sort plutôt bien dans la crise de la COVID-19.
Il faut dire que l’expérience de travail aux Jardins de la Terre est bien différente de ce à quoi on pourrait s’attendre sur une grande exploitation agricole. Ici, on s’affaire à replanter des semis, fertiliser les champs, et même transformer les produits. On est loin de la production industrielle et des longues journées de tâches répétitives.
L’apprentissage, de la terre aux légumes
L’accompagnement et les formations offertes par Les Jardins de la Terre sont destinés aux jeunes adultes qui ont de la difficulté à intégrer le marché du travail. La pédagogie et la formation sont au cœur de la mission de la ferme, où l’on peut apprendre les rudiments de la production maraîchère bio, l’horticulture et la transformation alimentaire.
«C’est physique, c’est à l’extérieur, à la chaleur ou à la pluie, mais moi qui est zéro en forme et qui partais de très loin, j’ai pu m’adapter assez facilement!»
«Plusieurs personnes sont surprises de voir à la vitesse que j’ai pu apprendre sachant que je n’avais jamais fait ça avant», m’explique Annie-Claude, participante du programme. C’est physique, c’est à l’extérieur, à la chaleur ou à la pluie, mais moi qui est zéro en forme et qui partais de très loin, j’ai pu m’adapter assez facilement!»
Bien évidemment obligée d’adapter son fonctionnement, la petite ferme de Saint-Paul-d’Abbotsford a implanté des mesures de distanciation en sein de son équipe. Horaire de travail en rotation, lavage des mains obligatoires, désinfection des outils plus fréquente, etc.
Mais contrairement à plusieurs grandes fermes de la province, les Jardins de la Terre ne manque pas de main-d’œuvre. L’équipe a même dû refuser certaines candidatures pour la saison vu le nombre élevé de demandes. Les intéressés ont été redirigés vers d’autres fermes de la région qui sont encore à la recherche de candidats pour remplir les postes vacants.
«La situation actuelle nous force naturellement à un retour aux sources. L’agriculture fait partie des fondements de toute société et je pense même que c’est un geste qui est peut-être instinctif à un certain niveau.»
«La Prestation canadienne d’urgence et les autres destinées aux étudiants n’ont pas influencé négativement notre fonctionnement», m’explique Jean-David Martel, directeur général des Jardins de la Terre. «La situation actuelle nous force naturellement à un retour aux sources. L’agriculture fait partie des fondements de toute société et je pense même que c’est un geste qui est peut-être instinctif à un certain niveau», dit-il.
On veut des bras
Mais la situation chez les grands producteurs est bien différente. Après le lancement de la campagne de recrutement Travailler à la ferme, j’y vais sur-le-champ, plus de 7200 Québécois ont soumis leur candidature pour donner un coup de main aux producteurs agricoles de la province. À ce jour, seulement 92 travailleurs ont été jumelés avec des entreprises, selon le Journal de Québec.
La volonté, ce n’est pas ce qui manque, il reste à savoir si ces milliers de Québécois seront toujours au rendez-vous plus tard dans l’été, lorsque les besoins en main-d’œuvre pour les récoltes se feront vraiment sentir.
«Notre champ de bataille, ce sera vraiment notre période des récoltes.»
«Notre champ de bataille, ce sera vraiment notre période des récoltes», m’explique par courriel Philippe La Roche-Audette, directeur des ressources humaines chez Agri-Fusion, la plus grande ferme biologique du Québec.
Lui, tout comme plusieurs agriculteurs québécois sont dans le néant à savoir ce qui peut se produire dans les prochaines semaines sachant que la situation évolue rapidement. D’ailleurs, contre toute attente, Agri-fusion devrait recevoir les travailleurs étrangers qu’elle attend avec impatience.
«Après trois reports, nos travailleurs étrangers arriveront finalement! Nous allons les chercher en transport privé pour ensuite les placer en confinement pour les 15 prochains jours, payés, avec protocole de suivi de leur état de santé», poursuit Philippe La Roche-Audette.
Malgré cette excellente nouvelle, l’équipe d’Agri-Fusion aura certainement besoin de bras dans les semaines à venir, mais combien, quand et pour combien de temps? Tout ça est assez difficile à prévoir.
Tout comme avec la météo, les agriculteurs sont à la merci de l’évolution de cette crise.
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