La travailleuse du sexe Sonia von Sacher déconstruit les mythes sur son métier
La travailleuse du sexe Sonia von Sacher déconstruit les mythes sur son métier
Mythe ou réalité, c’est une série qui va à la rencontre de ceux et celles qui pratiquent des métiers mal compris pour voir ce qu’il en est vraiment. Entre les clichés tenaces et les réalités qui surprennent, on démêle le vrai du faux en laissant parler ceux qui savent : les premier.ère.s concerné.e.s.
Sonia von Sacher, travailleuse du sexe, créatrice de contenu et animatrice du balado Filles de joie, navigue un métier aussi fascinant que méconnu. Entre instabilité financière, préjugés et moments profondément humains, elle nous parle sans filtre de son quotidien, de ses clients… et de pourquoi elle n’a absolument pas honte de ce qu’elle fait.
Tu fais beaucoup d’argent
On sait jamais combien d’argent on va faire, c’est vraiment varié. Sinon, j’ai aussi mon podcast, mon OnlyFans, mes revenus de services. Donc, avec tout ça qui s’additionne, c’est clairement une couple de centaines par année.
T’es nymphomane
Moi? (rires) Non, mais je me masturbe énormément. Ça, il faut le dire et j’en parle beaucoup.
TOUS TES CLIENTS SONT DES HOMMES
Faux. Surtout moi, j’te dirais. La dernière fois que j’ai compté, l’année passée, y avait 40 % de ma clientèle qui s’identifiait comme femme.
Ça m’a pris des années avant d’avoir ma première cliente femme. J’ai vraiment plus de couples, j’ai un couple de lesbiennes, même. Mais c’est vrai que ce sont les hommes qui ont le plus recours à ce genre de service, habituellement.
TU PEUX PAS AVOIR DE VIE DE FAMILLE
Faux, au contraire. C’est quand même une bonne job pour une maman, quand tu penses à ça, parce qu’elle peut faire de l’argent rapidement et passer plus de temps avec ses enfants. J’en connais beaucoup qui sont des mamans.
Ta job est pas valorisante
Faux. Ma job est très valorisante. Moi, je la vois, la différence que je fais dans la vie des gens. J’ai des clients qui sont en situation de handicap, des clients qui sont nouvellement veufs. J’ai des clients qui ont encore leur virginité et que ça leur pèse beaucoup, cette étiquette-là.
Tu parles pas de ton métier à tes proches
Moi, j’parle de mon métier à tout le monde. J’suis partout dans les médias! J’pourrais pas vraiment le cacher.
Mais je comprends ceux qui le cachent. Je dirais même que c’est une majorité. Les parents, par exemple, vont avoir peur pour la sécurité de leur enfant, mais c’est aussi au niveau que les gens pensent que c’est un travail qui n’est pas digne, qui est immoral, donc on veut pas avoir cette étiquette-là.
T’es pas scolarisée
Faux! J’ai mon baccalauréat dans mon métier. C’était ma job étudiante, au début, et finalement, j’ai beaucoup trop trippé, puis je suis restée par après. On voit beaucoup de soins infirmiers, de psycho, sexo. Bizarrement, on en voit beaucoup qui étudient ou qui sont dans les forces policières, il faut le dire.
Le travail du sexe est illégal au Québec
Vrai-ish. Le travail du sexe est illégal, mais moi, j’ai une immunité légale sur certains aspects de mon travail.
La loi est extrêmement hypocrite, nous met vraiment en danger au quotidien, mais c’est pas vrai que c’est complètement illégal. Moi, je suis décriminalisée sur certains aspects. Mon client est illégal. N’importe qui qui m’aide à faire mon travail et ramasse l’argent des produits de la prostitution est illégal en ce moment. C’est ça qu’on essaye de changer.
Ton travail est dangereux
Vrai, mon travail est dangereux. Et ça, c’est à cause de la stigmatisation sociale de mon métier.
Ta job mine ta santé mentale
Vrai, parce que ça demande beaucoup d’empathie, faire ce travail-là. On écoute les gens comme n’importe quel autre métier qui fait de la relation d’aide. On peut avoir le trouble vicariant ou la fatigue de compassion. C’est un vrai problème dans notre industrie, parce qu’on est vraiment là pour les gens, on les écoute pour de vrai, on est dans leur intimité.
Tu exploites tes clients
Faux, parce qu’on est deux adultes consentants. Ils payent pour un service, c’est une industrie de services, c’est tout.