La petite histoire de Caribou, la Ciele des bébés
La petite histoire de Caribou, la Ciele des bébés
Portrait de l'entreprise derrière le couvre-chef de nos tout petits.
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L’autre jour, pendant que je regardais ma fille verser l’intégralité du sable d’un parc du Plateau-Mont-Royal dans ses chaussures, j’ai fait un constat important: environ 60% des enfants (c’est mon estimé personnel à fiabilité moyenne) portaient une casquette Caribou.
Facilement reconnaissable grâce à ses couleurs pop et à son simple logo brodé à l’avant, le couvre-chef en lin est devenu en quelques années seulement la Ciele des bébés québécois. On en voit partout, tout le monde en achète. Pourquoi ?
Une casquette pour les gouverner tous
Tout a commencé il y a huit ans, quand Zoé, designer textile, Jean-François, ébéniste, et Olivier, designer de produits, fabriquent ensemble un jeu d’éveil pour bébé. En tant que jeunes parents qui avaient étudié en design, Zoé et Jean-François souhaitaient rentabiliser un peu leur passion.
Olivier, meilleur ami de JF depuis le secondaire, s’implique rapidement dans le projet. Le trio co-fonde Caribou et se met alors à distribuer l’item sur Etsy et dans quelques boutiques montréalaises. Toutefois, l’entreprise reste pour les amis un side project.
Quand Zoé fabrique une casquette de type five panel en lin pour son enfant, la petite équipe décide de la commercialiser. C’est à ce moment qu’ils doivent quitter leurs jobs. « Depuis ce jour-là, tout le reste est devenu secondaire. On fait des casquettes non-stop. J’ai encore du mal à expliquer pourquoi c’est devenu populaire si rapidement », m’explique Olivier. Depuis, on retrouve les produits Caribou chez Simons, Clément et dans des dizaines de points de vente au Québec, mais aussi en France et en Suisse.
Si Caribou commercialise aussi, entre autres, des tuques, des vêtements, des jouets en bois et des chapeaux de soleil, les casquettes représentent 80% du chiffre d’affaires de l’entreprise. Elles sont toutes assemblées dans un petit atelier qui fait aussi office de bureau, à l’étage d’un building industriel de Rosemont. Jeanne, la chef de plancher, s’occupe de valider la qualité des 12 000 casquettes cousues par année, et qui s’accumulent ensuite dans des boîtes identifiées par leur couleur : bleu, émeraude, moka… Pas le choix d’avoir une machine bien rodée.
Il est certain qu’à 40$ la casquette, le produit n’est pas donné, mais pour du fait ici, ça reste abordable. Theresia Breu, de la comptabilité, affirme qu’à ce prix-là, la marge de profit n’est pas faramineuse. Caribou veut rester accessible, mais avec la hausse des coûts des matériaux et des salaires, disons que, comme tout le monde, l’inflation les guette.
Vendre aux parents
Je me questionne à savoir, parmi les 12 000 casquettes vendues par année, combien sont achetées parce qu’un enfant les a perdues à la garderie ou à l’école. Avoir une clientèle qui grandit constamment et qui perd sans cesse ses chapeaux, c’est certain que c’est un avantage pour Caribou.
Évidemment, Olivier ne veut pas se réjouir des couvre-chefs égarés, mais il sait quand même que de faire des vêtements pour enfants, c’est aussi façonner une clientèle qui se renouvelle constamment. Ça ne peut pas nuire.
Reste que clairement, Caribou a trouvé une talle. « Les casquettes, c’est dur à coudre. Donc, au Québec, personne ne le faisait », explique Olivier. L’entreprise répond clairement à un besoin criant dans le marché avec leurs casquettes souples, qui respirent, tiennent bien sur la tête, se lavent facilement à la machine… et, on va se le dire, sont pas mal belles. Disons que les bébés Instagram possèdent tous et toutes leur casquette Caribou, et dans les teintes les plus populaires qui plus est (blanc, émeraude, moka).
Le compte Instagram de l’entreprise est nourri par plusieurs photos de la communauté, envoyées à coup de dizaines par DM par des parents fiers du look de leur bébé. Après tout, c’est vrai que le créneau de Caribou reste, si on donne dans le cliché, les jeunes parents du Plateau et de ses environs.
L’équipe me parle de Petite-Patrie, mais si vous voulez mon avis, c’est du pareil au même — surtout pour les gens de l’extérieur de la métropole. Mariane Bertrand, responsable des réseaux sociaux (et donc récipiendaire de tous les DMs de photos d’enfant), nuance : « Oui, il y a la mode, mais c’est aussi un produit utilitaire et de qualité. On veut que les gens mettent la casquette à leurs enfants pour aller jouer dans les parcs et se salir, pas juste pour se faire poser avec », explique-t-elle.
La petite équipe de Caribou croit que sa casquette-vache-à-lait est en voie de devenir, tout comme la Ciele, un classique. « On veut développer d’autres produits pour ne pas compter sur un seul, mais en même temps, chaque année, on est de plus en plus populaires. Je pense que ça devient tranquillement un classique, et un classique, ça ne passe pas de mode. C’est ça qu’on vise avec tous nos produits », conclut Olivier.