La médecin Marie Maude déconstruit les mythes sur son métier
La médecin Marie Maude déconstruit les mythes sur son métier
« T'es tout le temps un peu de garde pour tes amis et ta famille. »
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Mythe ou réalité, c’est une série qui va à la rencontre de ceux et celles qui pratiquent des métiers mal compris pour voir ce qu’il en est vraiment. Entre les clichés tenaces et les réalités qui surprennent, on démêle le vrai du faux en laissant parler ceux qui savent : les premier.ère.s concerné.e.s.
Marie Maude est médecin omnipraticienne. Dans son quotidien, elle soigne, rassure, cherche — souvent dans le flou — ce qui cloche chez les autres. Elle écoute, elle doute, elle tente des pistes. Et même quand elle n’a pas de réponse claire, elle avance. Entre les questions santé des proches, les longues heures à l’urgence et les attentes parfois irréalistes envers la médecine, elle navigue dans un métier qui oscille entre prestige et pression. On l’a invitée en studio pour qu’elle nous parle de la réalité des médecins de famille : celui où l’humain compte plus que le diagnostic, et où l’incertitude fait partie de la job.
Tu fais beaucoup d’argent
C’est vrai. Je pense qu’on travaille fort, mais on est bien rémunéré en contrepartie.
Tu le fais pour l’argent
C’est faux. C’est très faux que je le fais juste pour l’argent. En fait, j’pense que tu peux pas être heureux comme médecin si tu le fais juste pour l’argent. Je pense que ça aide à poursuivre le métier parce que t’as pas de stress financier.
T’es toujours certaine de tes diagnostics
C’est très faux. Souvent, en médecine, on va avoir plus une approche d’éliminer qu’est-ce qui est grave pour le patient. À la fin de ça, je reste tout le temps avec une incertitude. Je le dis souvent à mes patients aussi que je pense que c’est peut-être ça, mais que c’est peut-être pas ça, non plus. Mais on va essayer un traitement, puis on va voir. Puis, j’pense que c’est assez universel comme sensation.
T’écris tout croche
C’est faux.
T’es obsédée par ta santé
C’est faux. J’vais avoir de saines habitudes de vie pour être en santé au long cours. J’pense qu’on est vraiment sensible, en tant que médecin, sur les saines habitudes de vie pis ce qui nous permet d’être en santé le plus longtemps possible. Mais j’vais être plus du genre à minimiser mes symptômes, si j’en ai. Fa’que, j’vais traîner ça. J’pense que c’est facile de tomber dans les deux extrêmes quand t’es médecin.
T’es jamais malade
C’est vrai. Ben pas jamais que je tombe jamais malade, là, mais pas plus que ça. Je l’attribue peut-être à mon système immunitaire qui est très bon ou encore à mon hygiène des mains qui est pratiquement parfaite, je sais pas, mais pour quelqu’un qui se fait tousser dans la face à longueur de journée, c’est vrai que je tombe pas souvent malade.
T’as un côté narcissique
C’est faux. Je vais avoir de la fierté pour qu’est-ce que j’suis, puis qu’est-ce que j’fais. J’pense que c’était peut-être vrai dans le passé, pis là, j’peux pas généraliser pour tous les médecins, mais j’ai l’impression que c’est moins accurate de dire que les médecins sont narcissiques.
Y’a des spécialisations plus valorisées que d’autres
J’pense que c’est vrai. J’pense que c’est plus valorisé par la population d’être médecin spécialiste parce qu’on a fait plus d’études, mais j’pense que les médecins omnipraticiens ont aussi une grande valeur étant donné qu’ils sont bons dans tout.
Tu travailles tout le temps
C’est vrai. Mon horaire change tout le temps. Ça peut pas vraiment se calculer en nombre d’heures par semaine. J’fais environ douze shifts d’urgence par mois qui sont des shifts de huit heures, puis ça s’étend souvent plusieurs heures après la fin de mon shift pour conclure mes dossiers.
T’es travailleuse autonome
C’est vrai, on est travailleur autonome, en tant que médecin. On est payé soit à l’acte, à l’heure ou encore à un tarif mixte.
T’es rendue insensible à la souffrance
C’est faux. J’pense que quand on voit des situations très difficiles, à l’urgence, on va se dissocier un petit peu de nos émotions de façon momentanée. Ce n’est pas que je suis rendue insensible à la souffrance. Je pense que sur le moment, on essaye de geler nos émotions, mais ça finit toujours par nous rattraper par la suite.
T’es patients, c’est juste des numéros
C’est faux. J’prends vraiment le temps avec eux, puis j’ai vraiment le souci d’écouter c’est quoi leurs besoins, puis c’est quoi leurs attentes en venant me rencontrer. J’peux vraiment pas dire que mes patients, c’est des numéros.
Les études sont dures sur la santé mentale
C’est vrai. Il faut vraiment avoir la relation d’aide avec le patient à cœur. J’pense que c’est ça qui nous soutient à travers toutes nos études. De plus en plus, les programmes de médecine, ils ont des programmes de support pour les étudiants qui ont besoin d’aide plus au niveau de la santé mentale. Donc, il ne faut pas se laisser berner par la difficulté, je pense, du programme, mais je pense qu’il faut être prêt à le faire aussi.