Être beau-parent
Être beau-parent
On décortique ce rôle ingrat et magnifique à la fois.
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Être beau-parent, c’est apprendre à trouver sa place dans une famille qui existait avant soi, à aimer sans forcément avoir été là depuis le début, et à jongler avec un rôle flou, souvent en évolution. Pour plusieurs, ce rôle est teinté de doutes, mais aussi de moments précieux et d’apprentissages insoupçonnés.
La première rencontre
Pour Jeanne, tout a commencé avec une invitation apparemment simple : « Tu peux venir prendre un drink chez nous, ma fille dort. » Mais une fois arrivée, la surprise fut totale : « La première chose que j’ai vue, c’est une enfant avec un toutou de singe qui était comme : “Allô, t’es qui?” » Ce fut un baptême immédiat dans la réalité d’un rôle qu’elle n’avait pas encore défini.
Mélanie, elle, a eu plus de temps avant de rencontrer son beau-fils : « Ça a pris un bon trois à six mois avant que mon chum m’introduise à Mathis. » L’adaptation n’a pas été évidente : « J’suis vraiment pas maternelle… J’avais aucune expérience, j’avais 25 ans. »
S’intégrer dans la famille
L’intégration ne se fait pas uniquement entre l’adulte et l’enfant. Elle implique souvent toute une constellation familiale. Jeanne raconte : « On soupe ensemble la fin de semaine, on prend nos vacances ensemble… » Cyn souligne que « c’est vraiment beaucoup de communication, c’est beaucoup de gens impliqués dans la vie d’un seul enfant. »
Pour Renaud, cela peut entraîner un sentiment d’imposture : « Je me dis : “Ils pourraient être en train de faire ça avec leur père en ce moment.” » Jeanne ajoute, émue : « Je trouve que la mère de ma belle-fille est incroyable… J’en parle, puis ça m’émeut. Je l’adore cette fille-là. »
La discipline : une frontière sensible
La discipline est un thème récurrent et délicat. Cyn résume bien l’enjeu : « C’est quand je l’ai gardée la première fois, toute seule, que j’ai compris que ça pouvait pas continuer à juste jouer… il faut que tu fasses la discipline. » Pour Renaud, la solution est claire : « Le choix que j’ai fait pour la discipline, c’est la fuite par l’avant… J’veux qu’ils me voient comme quelqu’un d’agréable. »
Chacun définit ses limites. Mélanie affirme : « La discipline, j’laisse vraiment ça à ses parents. J’ai jamais vécu la porte fermée : “T’es pas ma mère!” »
Les avantages inattendus
Malgré les défis, être beau-parent offre des cadeaux uniques. Cyn parle d’un sentiment de soutien : « J’ai l’impression d’avoir un p’tit guide… Ça m’enlève une charge. » Pour Renaud, cette expérience fut même une préparation à la paternité : « Ce stage-là de “beau-parentalité” m’a donné envie d’être père. »
Quant à Jeanne, elle évoque avec tendresse le moment où sa belle-fille rencontre sa demi-sœur : « J’pense que c’est la première fois que je l’ai vue pleurer, comme, d’émoi. »
Certaines, comme Mélanie, découvrent qu’on peut aimer sans devenir mère à plein temps : « J’voulais pas devenir mère, pis je l’suis pas, fa’que j’ai respecté qu’est-ce que moi, j’voulais, mais en même temps, j’ai tous les beaux côtés d’avoir un enfant. » Être beau-parent, c’est peut-être justement ça : embrasser une parentalité partielle… mais sincère et complète à sa manière.