Elle a accouché plus de 550 bébés
Christine St-Onge, sage-femme depuis plus de 30 ans, a été l’une des premières sages-femmes diplômées au Québec. On l’a invitée en studio où elle est arrivée avec une valise pleine d’archives qu’elle avait déniché dans le cabanon de son chalet, la veille, et qu’elle a déballée devant nos yeux ébahis.
L’appel du métier
Christine se souvient comme si c’était hier de l’appel qui l’a guidée vers sa vocation de sage-femme. Une de ses amies lui avait demandé de l’accompagner pour un accouchement à domicile. Dès ce moment, elle a su : la pratique de sage-femme serait sa voie. C’était son premier accouchement, et c’est celui qui a marqué le début de sa longue carrière.
En 1997, elle obtient son diplôme du premier programme canadien de formation en pratique sage-femme. Un moment mémorable, teinté d’anecdotes tantôt drôles, tantôt absurdes. Les stages à l’hôpital? Un combat quotidien : passer par la porte de derrière, se conformer à des standards absurdes comme avoir les jambes rasées, porter du déodorant (mais surtout pas de parfum) et surtout, ne pas porter de sandales Birkenstock.
Deux ans plus tard, soit en 1999, la légalisation de la pratique sage-femme au Québec change la donne. Christine se souvient avec émotion de ses premiers accouchements « légaux ». Engagée dans la maison de naissance de Mont-Joli, elle couvre un vaste territoire, tout en étant souvent victime de préjugés au sein du corps médical.
La militance comme moteur
L’une de ses plus grandes fiertés vient en 2012, alors qu’elle pilote presque seule l’ouverture d’une maison de naissance à Saint-Jean-sur-Richelieu. Ce processus, long et laborieux, l’amènera à devoir convaincre une ribambelle d’acteurs. Pour souligner ses efforts, Christine raconte avoir insisté pour couper elle-même le ruban lors de l’inauguration, à la place du ministre. Un petit pied de nez à l’intimidation qu’elle a vécue de la part des gynécologues, qui lui reprochaient de « se faire mener par le bout du nez par les femmes ».
En 2020, en pleine pandémie, elle participe au programme « Je contribue » et se retrouve dans le Nord du Québec, à pratiquer des accouchements en brousse, sans médecin ni gynéco. Les dynamiques de ces communautés Inuit l’ont profondément marquée, tout comme la manière dont ces femmes se battent pour accoucher sur leur territoire, entourées de leurs proches.
Aujourd’hui, Christine vient de terminer une maîtrise sur les comités de parents dans le domaine de la santé. Elle conclut notre entretien avec une phrase puissante : « Être enceinte, c’est pas une maladie », insistant sur l’importance pour les femmes de « s’approprier leur accouchement ».
Un parcours impressionnant, marqué par la résilience et l’engagement.
Quelques ressources pour aller plus loin
Mouvement pour l’autonomie dans l’enfantement : https://enfantement.org/
Regroupement Les sages-femmes du Québec : rsfq.qc.ca
Coalition pour la pratique sage femme : https://www.naissancesrespectees.org/coalition-pour-la-pratique-sage-femme
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