3335 km de motoneige pour la guérison des premières nations
3335 km de motoneige pour la guérison des premières nations
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De Pessamit sur la Côte-Nord à Wendake près de Québec, avec un long croche par Rouyn-Noranda : l’Expédition Premières Nations vise la rencontre entre les communautés autochtones et allochtones à travers le Québec. Au-delà des liens qui se tissent au long de ces 3335 kilomètres, le périple est surtout une occasion de guérir collectivement et de tenter une réconciliation. Pour ce tout nouveau Micromag, nous avons eu la chance de suivre un segment de cette aventure, entre Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon dans le Nord-du-Québec. ❤️🩹
Elle rend hommage aux enfants des pensionnats autochtones, aux femmes disparues ou assassinées, ainsi qu’à Joyce Echaquan, dont le destin tragique a bouleversé la province. Mais cette aventure va bien au-delà des hommages. Elle cherche à allumer – et à rallumer – des feux, dans le sens propre et symbolique du terme.
« Nous voulons rallumer le feu sacré dans nos passages. À chaque endroit où nous nous arrêtons, nous pratiquons le rituel, la cérémonie du feu sacré », explique Joyce Dominique, l’une des participantes venue de la communauté de Pessamit. Ce feu sacré, ce n’est pas qu’une flamme ; c’est une manière de se connecter aux ancêtres, de raviver une spiritualité partagée et de rappeler l’importance de vivre en harmonie.
Pour Jade Jourdain, une participante originaire de la communauté d’Uashat mak Mani-Utenam, cette expédition a également été synonyme de découverte personnelle. « J’ai déjà fait du ski-doo… mais c’est la première fois que je fais du sentier », confie-t-elle avec simplicité. Et elle n’est pas la seule à sortir de sa zone de confort. Car ici, il ne s’agit pas uniquement de parcourir des kilomètres. Chaque mètre franchi est une avancée vers la réconciliation, un mot souvent utilisé mais qui prend ici un sens tangible et vécu.
Joyce Dominique le dit avec beaucoup de sagesse : « Quand on parle de réconciliation, il faut apprendre à cohabiter avec tout le monde. » Cela implique de créer des ponts, d’ouvrir des dialogues et, parfois, d’inviter ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de découvrir les réalités autochtones. « Je souhaite que les Québécois viennent nous voir et parlent avec nous pour mieux nous comprendre. Beaucoup n’avaient jamais parlé à des Autochtones auparavant », ajoute-t-elle.
Chaque étape de cette expédition est marquée par des gestes forts. À leur arrivée dans une communauté, les participants forment un grand cercle. Une prière, une cérémonie : ces moments ne sont pas de simples formalités. Ils sont des repères, des occasions de se recentrer et de se rappeler pourquoi ils affrontent le froid, les longues journées et parfois même les pannes de motoneige.
Le feu sacré, présent dans les cérémonies, doit aussi être maintenu dans le cœur de chacun. « C’est tout cela, le message que je leur donne : maintenir le feu sacré dans nos cœurs pour vivre en harmonie », affirme Joyce Dominique. Ce feu devient une métaphore puissante, un moteur pour poursuivre l’aventure malgré les défis.
Ce qui ressort avec force de cette expédition, c’est un message d’ouverture et de partage. Ce voyage est bien sûr un processus de mémoire et de guérison pour les Premières Nations, mais c’est également une invitation sincère à tendre la main, à engager la conversation et à tisser des liens.
Car pour se réconcilier, il faut d’abord se rencontrer. Et quel meilleur endroit pour le faire qu’un sentier enneigé de 3335 kilomètres, sur une motoneige, dans le silence et la grandeur de l’hiver québécois?
Cette capsule est issue du Micromag URBANIA. Abonnez-vous ici.