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Comment voyager solo sans payer le double
Il y a quelques années, j’ai quitté ma job en publicité pour partir en sac à dos six mois en Asie du Sud-Est, un voyage qui a changé mon mode de vie à jamais. Comme beaucoup de monde de notre génération, je ressentais l’appel de quitter une carrière prometteuse et de rejeter la formule classique métro-boulot-dodo par curiosité d’explorer le monde (très original, vous me direz héhé!).
Voyager à deux, c’est rassurant!
J’avais planifié ce premier gros trip en backpack avec une amie d’université parce que j’étais trop chicken de voyager seule. C’était vraiment sécurisant l’idée de voyager à deux pour une grande aventure, et ça allait nous coûter moins cher!
Équipée de mon sac à dos tout neuf et beaucoup trop gros, j’ai mis les pieds dans mon premier hostel ever à Tokyo au Japon. J’étais vraiment sur le cul de voir à quel point l’auberge était propre et moderne : mon lit superposé avait même un rideau, une lampe et une prise électrique pour charger mon cell.
Mais une fois arrivée au Myanmar, j’ai rapidement compris que voyager à deux, c’est rassurant, mais ça peut aussi être un calvaire quand vous êtes pas sur la même longueur d’onde. J’avais l’impression de ne faire que des compromis, de rusher, de rayer des trucs dans mon Lonely Planet et de ne PAS tripper du tout. Je ne comprenais plus pourquoi j’avais tout quitté à Montréal pour faire ce voyage. Ça ne me ressemblait pas.
J’ai fait le dur move de dire à ma partner de voyage que j’avais besoin qu’on prenne des directions différentes pour quelques semaines. Elle l’a pris comme un break up définitif de notre amitié après cinq ans de relation de BFF. Je me sentais comme un monstre, mais j’avais vraiment besoin de me recentrer sur moi.
Est-ce que c’est vraiment moins cher à deux?
Une fois que je me suis retrouvée seule, la peur de payer le double a commencé à m’envahir. En 2012 au Myanmar, le pays nouvellement ouvert aux touristes n’avait pas de guichets automatiques, j’étais arrivée avec 900$ US cash sur moi et il n’y avait aucun moyen de retirer de l’argent supplémentaire si j’allais en manquer. J’étais terrorisée, je freakais solide. J’ai donc pris un carnet et commencé à écrire toutes mes dépenses pour analyser ce qui pourrait me coûter cher maintenant que j’étais solo.
Si on m’avait dit, à ce moment, que j’allais par la suite continuer de voyager seule pendant cinq ans autour du monde, je n’y aurais pas cru. C’est pourtant ce qui est arrivé. Ma confiance à voyager seule n’a fait qu’augmenter au fils du temps et ça m’a poussée à voyager seule en Amérique latine, en Asie, en Europe de l’Est et plusieurs fois en Afrique.
Pourtant, je suis loin d’être une pro pour respecter mon budget parce que je suis parfois impulsive et intense. J’assume mon côté écervelé de décider sur le fly de payer une tournée de shooters à du monde rencontré il y a une heure, je le fais juste au Vietnam plutôt qu’en Norvège, mettons. Il y a toujours un moyen d’être smart dans ses dépenses solos de voyage, peu importe sa personnalité.
Voici mes astuces pour voyager solo sans payer le double.
Les transports
Les billets d’avion, de train et de bus ne coûtent pas moins chers, que je voyage accompagnée ou non. C’est plutôt les rides de taxi ou d’Uber que je dois payer au complet. J’essaie donc de privilégier les transports en commun. Je demande aussi à d’autres voyageurs s’ils vont dans la même direction que moi pour splitter les coûts d’un taxi pour l’aéroport, disons. Un truc que j’adore également faire en voyage (mais que je dis pas à mes parents), c’est prendre des motos-taxis, ça revient tellement pas cher, et c’est même moins dispendieux que de partager un taxi.
Si je veux faire un road trip, je loue une moto ou un scooter (si c’est pas loin) ou je me trouve du monde pour partager les coûts d’une location d’auto. Au Maroc, j’ai exploré le Haut-Atlas et la Vallée des roses hors piste en louant un 4×4 avec un Suisse fraichement rencontré (en basse saison, ça nous avait coûté 210$ la semaine). En Europe, le covoiturage avec Blablacar est cheap et ça fait rencontrer des gens.
L’hébergement
Après le transport, l’hébergement est généralement la deuxième plus grosse portion de mes dépenses en voyage. Sur les Expedia/Booking/Hostelworld de ce monde, c’est possible de filtrer les résultats de recherche pour des chambres solos en auberge de jeunesse ou dans certains hôtels; une chambre solo est justement conçue pour une seule personne avec lit simple (et moins chère qu’une chambre à deux). Sinon, le truc ultime pour économiser sur l’hébergement, c’est de réserver un lit en hostel vu que ça coûte généralement des pinottes en comparaison avec booker des chambres privées.
Mais maintenant que je travaille sur la route (#DigitalNomad) en même temps que je voyage, j’ai pas nécessairement toujours le goût d’être entourée de backpackers, j’ai parfois besoin de mon espace loin des tournois de beer pong.
J’applique la règle du 80/20 : 80% du temps, je voyage avec l’option la moins chère, mais 20% du temps, je me gâte dans un beau Airbnb ou un hôtel à un prix raisonnable. À l’autre extrême, si je veux que ça ne me coûte rien, j’utilise Couchsurfing en prenant bien le temps de lire les reviews. J’aime mieux être prévenante en tant que voyageuse solo. Il y a aussi des sites web qui permettent de travailler quelques heures par jour en échange de logement gratuit comme WorkAway et Wwoof.
La nourriture
Quand j’ai commencé à voyager solo au Myanmar, j’étais gênée d’aller manger seule en voyage au resto, comme si le monde allait me pointer du doigt. J’ai appris à apprécier manger seule et je m’apporte souvent un livre; comme ça, si quelqu’un décide de me parler et que j’ai le goût de continuer la discussion, je ferme le livre sinon je joue la fille trop concentrée sur sa lecture. Cuisiner avec d’autres voyageurs à l’auberge de jeunesse est aussi une bonne façon de réduire les coûts dans les pays où il n’y a pas de street food abordable.
Les activités
Sauf si c’est pour se louer un vélo tandem ou à kayak biplace, la plupart des activités ne sont pas plus dispendieuses parce que je voyage seule. Que ce soit de suivre un cours de cuisine ou de faire de la plongée, ça me coûte le même prix. Et en voyageant solo, les activités sont une façon clé de rencontrer des voyageurs qui ont des intérêts similaires aux miens!
Et les voyages organisés et tout inclus?
Si j’étais du genre tour organisé, c’est là que je serais pénalisée de voyager seule. La norme pour ces types de voyage, c’est que les prix affichés sont en occupation double. Mais certaines compagnies ne chargent pas de supplément pour voyager seul. Elles vous jumèlent avec quelqu’un du même sexe dans votre chambre comme G Adventures. Pour les tout-inclus, Transat propose la collection Solo. Il y a aussi des resorts qui veulent attirer les voyageurs solos. Avant de m’enrôler dans ma vie de backpackeuse cheap et assumée, j’ai déjà séjourné seule au Club Med des îles Turques-et-Caïques qui ne charge pas de supplément pour une chambre solo. À voir le nombre de célibataires sur place et l’appétit des G.O., ça s’explique!
Voyager seule, mais pas dans la solitude
Voyager seule, ça ne coûte pas forcément plus cher, il faut juste adapter son style de voyage. Au-delà de l’argent, voyager solo a beaucoup d’avantages. Ça m’a forcée à me poser les vraies questions, à regarder à l’intérieur de moi ce que j’avais vraiment le goût de faire; le genre d’introspection à laquelle je n’étais jamais confrontée dans le tourbillon de ma vie montréalaise. J’ai découvert une indépendance et une liberté à laquelle je n’étais pas habituée. Quand on voyage seule, on se fait aussi beaucoup plus approcher que lorsqu’on voyage à deux. Les rencontres se multiplient et parfois on fait des bouts de chemin avec d’autres voyageurs. Voyager solo est une expérience challengeante, mais surtout enrichissante, que tout le monde devrait essayer une fois dans sa vie.
Alors pas d’excuses, si vous rêvez de partir à l’aventure, pas besoin d’attendre de se faire un chum ou qu’un.e ami.e soit dispo, faut passer à l’action!
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Emilie et Safia voyagent à temps plein depuis plus de cinq ans. Elles ont exploré plus de 65 pays et elles racontent leurs aventures dans leur magazine web Nomad Junkies. On les suit ici!