.jpg)
Publicité
Alors que je couchais mon rejeton de 5 ans, il m’a dit: «J’ai de la peine, je trouve que tu ne joues plus avec moi…Tu travailles tout le temps… Est-ce que tu m’aimes encore?»
Les enfants ont le don de te faire sentir mal avec des petites phrases à gros message qui ont la précision d’un sniper élite!
Drette au cœur!
Après un été bien chargé en spectacles, écriture et projets de toutes sortes, il n’avait pas tort… Je ne l’aimais plus… (Ben non).
Le travail avait pris une trop grosse place dans ma vie de jeune professionnel/pigiste/artiste/obsédé par la création/qui a toujours peur de manquer de travail, c’était rendu n’importe quoi. Incapable de passer cinq minutes à ne rien faire sans me sentir coupable de ne pas écrire de quoi de drôle.
Après sa flèche qui m’avait transpercé le cœur! Je lui ai promis que j’allais prendre 10 jours de congé au mois d’août. Notre premier voyage Papa/Fiston. Un peu comme Indiana Jones pis son père, sans les habits beiges, les reliques étranges pis les nazies fâchés
Destination la France!
Publicité
C’est une tradition que je veux perpétuer jusqu’à ma mort. Des voyages à sac à dos juste lui et moi.
Après quelques jours sur le vieux continent à visiter Paris, nous sommes partis en train. Direction Carcassonne! Dans le sud de la France pour aller voir un château!
Pour ceux qui n’ont pas d’enfants, je vais vous expliquer comment fonctionne un morveux qui doit uriner. Il vague tranquillement à ses occupations quand soudainement, il te regarde avec des yeux paniqués en se pognant le bout de la graine et dit beaucoup trop fort:
«J’AI ENVIE DE PIPI!»
Tu ne peux pas trop forcer la patente, sa vessie est remplie à pleine capacité. Si tu le fais attendre… Tu risques de fissurer ton enfant sur le côté. Il va couler dans ses jeans devant la visite. C’est gênant pour les deux. C’est MAINTENANT que ça doit se faire.
Ça faisait déjà une heure que monsieur avait envie de pisser, mais il n’avait jamais jugé bon de me le dire avant. Non, il a préféré attendre que nous soyons en plein transit à une gare.
Des tonnes de gens quittaient et d’autres embarquaient. C’était le chaos. Nous devions prendre le seul chemin qui se rend à la toilette… Le seul chemin dans un train, tsé celui qui est rempli de gens qui forcent pour faire entrer leur trop gros bagage dans des petits compartiments.
Publicité
On s’est faufilé d’un pas pressé au travers des gens qui me dévisageaient. Je les comprenais, un gros barbu couvert de tattoos qui a les yeux cernés dû au décalage horaire, qui avance rapidement au travers de la foule en tenant la main d’un enfant qui lui, se pogne le pénis en se tordant de douleur, ça peut facilement paraître pour un kidnapping louche.
On arrive au wagon qui contient la salle de bain. Juste pour faire chier, c’était le wagon qui permettait les vélos, c’était infranchissable comme place, on a dû jouer à Tetris et les gens soupiraient en me voyant bouger leur vélo pour passer. Malgré mes nombreux avertissements, fiston continuait de clamer haut et fort :
«Je vais faire pipi dans mes culottes!
– Je le sais man!!!!!! Je fais ce que je peux!!!!»
Je commençais à être nerveux! Tassez-vous ! J’ai un kid qui va se pisser dessus pis j’ai pas de wet ones avec moi!
(Un problème que je ne pensais pas vivre quand je voyageais comme un hippie à mon adolescence)
Publicité
Comme on arrive à la salle de bain, il ouvre la porte et une draft de chaleur s’échappe de la mini bécosse sans aération. Il entre seul et barre la porte. Au son du « cloc» du loquet, je me suis dit:
«Oh non… Je suis dans marde…»
Car c’était un «cloc» franc, du genre:
«Cette vieille porte contient un spring très puissant mon caporal, personne ne peut en sortir.»
C’était silence, les gens me regardaient, je regardais les gens avec un sourire de cave. Ils avaient tous entendu le «cloc» franc de la porte. On le savait tous très bien que le petit bout de monsieur qui était l’autre côté de la porte aurait de la difficulté à sortir.
Une minute plus tard, je l’entends gosser pour débarrer et après quelques tentatives, il se met à paniquer et fond en larmes. Tout le monde abandonne leur vélo et tente d’aider mon fils. Ils parlent tous en même temps.
Une madame avec des cheveux semi-transparents de personne âgée qui choisit de drôle de teinture, un monsieur beaucoup trop musclé (son corps ne fite juste pas avec sa voix aigue), un jeune avec des écouteurs plus gros que son tour de hanche et un couple d’Allemands trop zen qui revient de Compostelle. Le gros musclé avec un mohawk et une voix de fillette nous raconte qu’un enfant à suffoquer dernièrement dans les toilettes d’un train comme le notre car il est resté prisonnier.
Y’est ben cave lui de dire ça de mon kid!
Publicité
Tout le monde criait des indications à fiston avec leur accent du sud de la France. Ce à quoi il a répondu en braillant:
«Arrêtez de parler avec votre drôle de langage, je ne comprends rien. Papa, tu es où?»
Le musclé forçait pour arracher la porte, la vieille aux cheveux funky cherchait de l’aide dans le train, le jeune aux gros écouteurs essayait d’expliquer à mon fils le fonctionnement de la porte:
«Relève le machin du bas vers le haut, tourne 180 degrés vers la gauche et fait glisser la coulisse du ressort vers la droite.»
QUOI??? Même moi, je ne suis pas sur de comprendre!
J’étais le seul qui gardait son calme. J’ai même dû lever mes bras dans les airs et gueuler très fort :
«OK! WWWWWWOOOOOOOOOOOOOOOOO!!!!! C’EST CORRECT, JE M’EN OCCUPE.»
J’ai calmé mon fils, il a arrêté de pleurer. J’ai demandé au gars qui porte ses pantalons sous ses fesses de m’expliquer le loquet, j’ai expliqué à mon tour à fiston le fonctionnement.
Publicité
Il est ressorti sous les applaudissements des gens dans le train, il avait les cheveux tous trempes, les yeux pleins d’eau et a dit :
«YES! Je suis pas mort!»
Dans sa tête, il venait de vivre une aventure digne d’Indiana Jones.
J’ai réussi ma mission!
À suivre…