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Vous vous sentez mal après avoir dépensé de l’argent? Il y a un nom pour ça
En grandissant devant la télévision des années 2000, plusieurs grandes leçons de vie m’ont été inculquées. Comme l’idée que chaque petit tourment peut être guéri avec une incroyable virée magasinage qui se transforme en makeover sur une chanson d’Hilary Duff. Il n’y a rien que dépenser 300 $ chez Macy’s ne peut arranger.
Encore aujourd’hui, je suis souvent la première perpétratrice (et aussi victime) de ce cycle sans fin. J’ai eu une mauvaise journée? Pour me remonter le moral, pourquoi ne pas commander l’entièreté des petites tuques disponibles sur le site web de Simons?
Consommer jusqu’à s’en rendre emo
Sur le coup, le sentiment glorieux de fierté d’avoir une nouvelle possession fait vibrer. Presque davantage que lorsque je fais jouer une chanson avec une bass un peu trop agressive dans la radio de ma Toyota Yaris. (L’utilisation du ma possessif est une exagération, c’est vraiment plus une Communauto.) C’est nouveau, c’est beau, mais pour certain.e.s, ce sentiment est de courte durée et le high est rapidement remplacé par un grand vide souvent appelé la dépression post-achat.
Ce sentiment peut arriver à tout le monde, de temps en temps, mais pour certaines personnes, c’est presque toujours l’émotion qui accompagne un achat.
C’est le cas de Lorie Pépin-Dorais, diplômée en marketing, qui s’est déjà autodiagnostiquée la dépression post-achat depuis belle lurette.
« Ah! Ça s’appelle la dissonance post-achat, ça! C’est un concept connu en marketing », me dit-elle alors que je lui parle du sujet de mon article. « Moi, j’ai ça tout le temps. »
La dissonance post-quoi?
Selon un article qui m’a donné envie de m’arracher les cils un à la fois plutôt que de poursuivre ma lecture, la dissonance post-achat se décrit comme « une situation d’inconfort psychologique dans laquelle se trouve le consommateur après avoir réalisé un achat ».
Ce sentiment apparaît souvent après une acquisition qu’on croit être un mauvais choix ou qui ne répond pas complètement à nos besoins. Il peut aussi survenir lorsqu’on regrette ou que l’ont croit s’être fait influencer par le diable en personne, soit une vendeuse ou un vendeur payé à la commission.
Pour Lorie, la dissonance post-achat est un thème constant dans sa vie financière. « J’achète presque jamais rien parce que j’ai toujours peur d’être déçue, pis après ça, de m’en vouloir d’avoir dépensé pour finir par mal feeler. »
Son aveu me jette par terre. Moi, des achats regrettables, j’en fais par dizaine et très rares sont les fois ou un sentiment de dépression me guette. La plus grosse dissonance post-achat qui me soit arrivée, c’est la fois où j’ai acheté des pantalons un peu trop petits, mais j’ai décidé de les garder en me disant que l’été arrivait et que mon gros cul perdrait un peu de volume puisque j’allais faire plus de vélo. Coup de théâtre : j’ai pris le Bixi électrique tout l’été et la taille de mon cul n’a pas bougé d’un poil.
« Une fois, j’ai acheté une balance sur Amazon », me raconte Lorie, encore visiblement ébranlée par les évènements. « Quand elle est arrivée, j’ai réalisé que ça ne venait pas avec la batterie, pis c’était le genre de petite batterie ronde et plate que personne n’a jamais! Je m’en suis tellement voulu. J’ai pas retouché à cette balance-là depuis. Elle dort dans un tiroir quelque part. »
Ode aux horribles achats et à l’imminent guilt trip
Pour mon ami.e Noémie, la dépression post-achat part d’un tout autre endroit. « Acheter des choses, ça me ramène directement à ma mère qui utilisait l’achat compulsif pour combler le vide. Ça m’angoisse! » dit-iel.
Pour Noémie, l’achat de biens est presque toujours accompagné d’une période dépressive. Iel se questionne constamment à savoir si c’est réellement un besoin. « Même si je ne suis pas dans une situation financière précaire, je le sais, au fond de moi, que c’est avec des cennes qu’on fait des piasses. »
Alors qu’iel s’achète une lampe qui s’avère cheap et complètement à l’opposé de ce qu’iel croyait sur Marketplace, Noémie touche le fond du baril de la consommation. « Je voulais le cacher au plus vite pour ne pas que mes colocs voient que j’avais dépensé 40 $ pour cette merde! »
Comment se sauver de la dépression post-achat?
Pour Lorie Pépin-Dorais, prévenir la dépression post-achat est plutôt simple. « Quand je veux quelque chose, j’attends longtemps. Si je vois que j’y pense souvent, je sais que c’est un achat que je veux vraiment. »
Pour Noémie, une solution à la dissonance post-achat s’avère plus complexe. « C’est encore difficile pour moi de me sortir de cette spirale-là, mais maintenant, je me raisonne en me disant que si j’achète quelque chose que je n’aime pas, yolo, ça fera un beau cadeau à refiler! »