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Vous pensez devenir entrepreneur? Prenez le temps de réfléchir à ces 6 questions
En tant que travailleur autonome dans le domaine artistique, ce que j’aime le plus de ma job, c’est que je peux la créer moi-même. J’ai géré des ligues d’impro, je suis président d’une fédération d’impro-lutte, on a lancé un magazine web avec des amis qui a duré trois mois (RIP), j’ai fait de la radio, des podcasts, du dessin animé, des jokes d’avions pour l’École nationale d’aérotechnique, etc.
Dans tous ces projets, je dirais qu’environ le ¾ se sont avérés être des feux de paille. Mais chaque fois qu’un truc tombait à l’eau, j’apprends sur moi-même et mes collègues, puis je fais encore mieux la prochaine fois.
Avec le temps, on devient meilleur et on sait reconnaître certains «red flags» qu’on a jadis ignorés en se disant que ça passerait. Si comme moi, vous comptez vous lancer dans un projet d’entreprise voici quelques questions à vous poser avant de faire le saut dans le vide.
1-Quelles sont les valeurs qui motivent ma démarche?
Qu’est-ce que mon projet amènera de positif dans notre société? Ça peut sembler pompeux comme question, mais avec l’expérience j’ai réalisé que c’était souvent ce qui différencie un projet qu’on abandonne versus un qu’on poursuit malgré les embûches.
Si la réponse à votre question est «rien, je veux juste m’enrichir», je reconsidérerais le tout ou j’essaierais de trouver une motivation un peu plus deep. Se lancer en affaires demande énormément de temps et de sacrifices, alors si vous visez «devenir riche», vous vous découragerez rapidement, croyez-moi. Il y a des moyens beaucoup plus simples pour devenir riche que de lancer sa propre business.
Par contre, si votre objectif est de «promouvoir une vision différente de l’entrepreneuriat», «revitaliser la vie d’un quartier», «mettre de l’avant les producteurs locaux», je vous garantis que ce sera plus facile pour vous de vous dépasser. Ne sous-estimez pas les bienfaits du sentiment de participer à quelque chose de plus grand que soi.
Mais attention, ne vous mettez pas trop de pression avec ça non plus. Vous vous lancez en affaires, vous n’avez pas besoin de sauver le monde: le rendre un peu meilleur est déjà un bon début.
2-Qui seront mes alliés dans ce projet?
Vous le savez probablement déjà, ou vous allez le réaliser rapidement: on ne peut se lancer en affaire sans aide. Tout dépendant de votre entreprise, peut-être aurez-vous besoin de partenaires, d’investisseurs, de conseillers, d’employés?
C’est important d’identifier les personnes-ressources dans votre réseau qui pourront vous aider quand vous en aurez besoin. Est-ce que vous connaissez quelqu’un qui a déjà passé par le même chemin et qui serait disponible pour répondre à vos questions, ou mieux, agir comme mentor? Avez-vous des ami.es qui seraient intéressés à se joindre à votre projet, ou qui ont des compétences dans des domaines connexes? Une connaissance éloignée que vous avez rencontrée dans un party en 2008 et qui pourrait s’avérer utile?
Vous serez surpris en réalisant le nombre de personnes dans votre entourage qui seront heureuses de vous aider dans vos projets. Suffit de le demander.
Sachez reconnaître vos faiblesses en tant qu’entrepreneur, et entourez-vous de gens qui pourront vous donner un coup de pouce. Je vous conseille également de ne pas vous faire une équipe de «yes-man»: vous gagnerez plus à avoir quelqu’un qui vous confronte que de travailler avec du monde qui pense exactement comme vous.
3-Comment vais-je gérer les profits?
Question primordiale à se poser et qu’on essaie souvent d’éviter. Quand on commence un projet, on est dans la création, les brainstorms, bref, le gros fun abstrait de développer une idée. Malheureusement, on s’arrête rarement pour se demander «quand l’argent va rentrer, je fais quoi avec?».
Grave erreur.
Il faut s’asseoir et se poser la question immédiatement, parce qu’une fois l’argent rentré, il sera trop tard. C’est d’autant plus vrai si votre projet est artistique: c’est rare qu’on devienne riche avec ça et on n’y pense même pas. Sauf que si (par miracle) ça arrive, il faut être préparé.
En tant que leader, vous serez toujours la dernière personne à toucher les profits, aussi frustrant que ça puisse être. Au début, les sommes que vous générez seront réinvesties dans l’entreprise, ce qui peut faire mal quand ça fait un an qu’on attend de se payer nous même. Ça devient très tentant de vouloir mettre la main sur les profits, mais le faire pourrait nuire à l’esprit d’équipe et au futur de votre entreprise.
Il faut donc mettre ça au clair avant même qu’on soit rendu à ce stade, afin de s’assurer que l’émotivité ne prenne pas le dessus. Discutez-en avec vos partenaires à tête reposée, plusieurs fois. Puis faites-vous un plan, et référez-vous à celui-ci lorsque des conflits monétaires feront surface. C’est ce qui vous sauvera de l’implosion.
4-Jusqu’où suis-je prêt à me sacrifier pour ce projet?
J’imagine que vous commencez à comprendre que la vie d’entrepreneur est faite de sacrifices. Ça veut dire devoir parfois mettre fin à des relations pour le bien de votre projet, ou devoir payer vos employés avant vous-même si le mois est difficile.
Ça veut aussi dire accepter de mettre de l’argent de votre poche dans votre rêve, quitte à ne pas avoir le budget pour prendre des vacances cette année. Le rôle de leader est aussi énormément demandant en temps et en énergie, ce qui peut créer certaines frustrations chez votre famille, en particulier avec votre conjoint.e et vos enfants.
Savoir mettre le doigt sur vos limites est primordial. Quand on a un projet qui nous tient à cœur (voir la question 1), on peut se faire aspirer là-dedans et tout y laisser. Si jamais c’est ce qui advient, serez-vous en paix avec vous-mêmes?
Vous seul connaissez la réponse à cette question.
5-Ai-je un plan B ?
Votre entreprise est-elle un moyen parmi tant d’autres pour obtenir ce que vous voulez, ou une fin en soi? Si jamais votre projet tombe à l’eau, est-ce que vous vous retrouvez avec rien ou vous avez prévu une porte de sortie?
Évidemment, personne ne se lance dans quelque chose avec l’idée que ça va chier, mais il ne faut pas non plus se mettre la tête dans le sable. Il y a de bonnes chances que votre objectif (voir la question 1) vous demande plusieurs essais avant d’y arriver. Savez-vous vers quoi vous tournez si jamais ça arrive?
Certaines personnes répondront à cette question en se disant «nope, je n’ai pas de plan B. C’est ça ou rien». Si c’est la motivation qu’il vous faut pour vous donner à 100%, alors tant mieux. Mais dans ce cas, la question 4 est d’autant plus importante pour vous. C’est le fun avoir des rêves, mais faut-il y laisser notre peau?
6-Mes attentes sont-elles réalistes?
Comme dirait Bob Gratton, «Think big ‘sti», mais il ne faut pas non plus s’emporter. En vous lançant dans cette entreprise, vous avez surement en tête une idée de la forme ultime de ce projet. «Je veux être le numéro 1 dans mon domaine en Amérique du Nord», «Je veux révolutionner ce secteur de l’industrie», «Je veux acheter le Cirque du Soleil», etc.
Avoir des rêves ambitieux, c’est le fun et je crois même que c’est primordial si on veut se lancer dans une aventure folle comme celle-ci. Par contre, il faut avoir du recul et se demander si notre «objectif ultime» n’est pas un peu irréaliste, du moins dans l’immédiat.
C’est important de mettre la barre haute, puisque ça nous pousse à nous dépasser. Mais il faut faire attention de ne pas la mettre à une hauteur inatteignable, sans quoi vous ne ferez que vous décourager. Avant de vous rendre au dernier palier, trouvez-vous des objectifs plus modestes qui vous donneront quand même le sentiment de progresser.
Rêver grand, dans un échéancier réaliste.