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Votre vieille auto vaut cher, mais est-ce le bon moment pour la vendre?
« J’ai vendu ma Honda Civic 2019 500 $ de plus que quand je l’avais achetée deux ans auparavant. » – Charles, 24 ans
« J’ai loué ma Yaris 2016 pendant quatre ans avant de l’acheter. En 2020, je l’ai payée 10 000 $ et quand j’ai renouvelé mon assurance auto il y a deux mois, Desjardins lui a donné une valeur de 18 500 $. » – Marika, 24 ans
« Ma voiture est une perte totale. Mon garage m’offre un dédommagement de 13 000 $. C’est à peu près le même prix que je l’avais payée en 2017. C’est une Honda Civic 2013 avec 180 000 kilomètres au compteur. » – Tristan, 23 ans
Ce sont les quelques témoignages que j’ai reçus en privé après avoir lancé un appel à tou.te.s sur les réseaux sociaux. Je voulais prendre le pouls du marché.
En février 2022, le Journal de Montréal rapportait que le prix des voitures d’occasion avait augmenté en raison de leur rareté et de la surenchère d’acheteur.euse.s des États-Unis.
Puis, en mars 2023, certains modèles usagés coûtaient même plus cher que du neuf, entre autres, à cause de problèmes d’approvisionnement, d’après Radio-Canada. C’est quand même fou.
Six mois plus tard, on en est rendu où?
« Un marché pour les vendeurs »
La situation semble à peine avoir changé : le prix des voitures d’occasion est doucement à la baisse, mais demeure généralement toujours aussi élevé, observe Marc Bouchard, journaliste automobile et co-animateur du balado Gars de char.
« Ça a commencé avec la pandémie. À un moment donné, il n’y avait plus de voitures neuves. Les fabricants ont manqué d’un équipement en particulier pour produire des voitures pour deux raisons. Il y a eu un incendie dans l’un des plus grands fabricants au monde, et deuxièmement, la pandémie a accéléré l’usage d’autres produits nécessitant l’utilisation de cet équipement. Faute de voitures neuves, ça a provoqué un intérêt pour les voitures d’occasion. La vente est aussi moins forte à cause des taux d’intérêt qui ont monté », explique-t-il.
Avant, un véhicule neuf perdait 20 % de sa valeur lors de sa première année d’utilisation et jusqu’à 50 % après trois ans, « mais là, la dépréciation a ralenti », constate Germain Goyer, analyste et journaliste automobile.
Même si votre voiture ne vaut pas une mine d’or et que vous voulez la vendre, vous avez quand même l’avantage dans le marché présentement, selon Marc. Donc, bravo à vous! « C’est toujours un excellent moment [pour la vendre]. En ce moment, on est dans un marché de vendeurs. Il y a des [modèles] 2007 et 2008 qui se vendent encore 3 000 $, 4 000 $, alors qu’il y a deux ans, t’aurais payé ça 1 500 $. »
« Mais le danger là-dedans, c’est qu’il faut que tu la remplaces, ta voiture. C’est une réflexion à faire. Si tu vas du côté des voitures d’occasion, tu risques de payer ta voiture plus cher et du côté des voitures neuves, il y a des délais d’attente pour la livraison du véhicule. »
« Tu dois vraiment avoir des conditions idéales pour vendre ton véhicule », souligne l’expert.
Pour vous donner une petite idée, vous pourriez attendre jusqu’à six mois pour un véhicule à essence flambant neuf, puis de six mois à deux ans pour une voiture électrique ou hybride.
Comme premier.ère acheteur.euse, à quoi faut-il penser?
Tout d’abord, avez-vous vraiment besoin d’une voiture? Ou est-ce pour impressionner vos ami.e.s, votre situationship ou votre mère?
« Généralement, la voiture est la deuxième plus grosse dépense dans ta vie après la propriété. Oui, avoir une voiture, ça donne une belle liberté, mais demandez-vous si vous en avez vraiment besoin », conseille Marc Bouchard.
Après avoir regardé vos options (comme Communauto ou le transport en commun, par exemple) et conclu qu’avoir une voiture dans votre vie était un impératif, c’est important de réfléchir aux éléments suivants, selon M. Goyer et M. Bouchard : quels sont vos besoins et quel est votre budget?
Si c’est une voiture d’occasion, il faut que vous prévoyez un certain montant pour que vous puissiez l’entretenir dans le but qu’elle dure le plus longtemps possible. Vous devez aussi penser au fait que certains modèles coûtent plus cher à entretenir que d’autres.
Il faut aussi se demander quel est l’historique de la voiture, si c’est une auto de seconde main.
« Que tu l’achètes chez un concessionnaire reconnu ou pas, il faut que tu fasses une inspection sérieuse du véhicule. Tu dois aller chercher tous les rapports disponibles pour connaître son historique. Et est-ce que la personne qui te vend la voiture a encore une dette dessus ? Parce que, si elle ne paie pas sa dette et qu’il lui arrive quelque chose, c’est ta voiture qui se fait saisir », rappelle Marc.
Pour ce qui est du financement de votre nouveau bolide, que ce soit pour une auto neuve ou usagée, vous avez trois options : votre banque, votre concessionnaire ou par le biais d’entreprises en ligne telles que Canada Drives.
Et n’oubliez surtout pas d’être assuré.e.s et de bien choisir le type de protection que vous voulez avoir!
Comment savoir identifier le bon deal ?
Quand on regarde pour une voiture d’occasion, ça peut être assez difficile de déterminer si ce qu’on a devant les yeux est une bonne offre, surtout quand on n’a pas beaucoup d’expérience avec les autos. Et ça peut être tentant de se jeter sur quelque chose qui, au final, est trop beau pour être vrai.
« Le magasinage en ligne est la meilleure solution. […] Même si tu vas chez un concessionnaire, c’est important de faire des recherches en ligne pour voir le prix moyen pour un véhicule. Tu peux regarder sur des sites comme Auto Hebdo, avec les modèles qui t’intéressent. Ça va mieux t’armer aussi pour négocier. Le problème avec le marché de l’occasion, c’est qu’il n’y a pas un outil particulier pour t’aider. Ça n’existe pas, UN marché de la voiture d’occasion », détaille M. Bouchard.
« Il faut aussi se demander pourquoi une telle offre est moins chère qu’une autre. Est-ce parce qu’elle est accidentée ? Elle a plus de kilomètres au compteur ? L’option la moins chère n’est pas nécessairement la meilleure option », remarque Germain Goyer.
Si on est dans un marché qui est favorable aux vendeur.se.s, est-ce qu’il y a encore de la place pour négocier ?
« Je vais te donner un exemple. Avant quand tu payais cash, tu pouvais obtenir le meilleur prix. C’est moins vrai maintenant. Souvent, les concessionnaires de voitures d’occasion et surtout de neuf, vont offrir leur propre service de crédit. Ils font un pourcentage là-dessus, donc ils n’ont pas intérêt à donner un rabais. Avant aussi, les voitures restaient quelques mois, voire quelques semaines dans la cour des concessionnaires. On a perdu un peu ce levier de négociation. Il n’y a pas de solution miracle », croit Marc Bouchard.
Un mot à retenir après votre lecture? Je dirai : prudence. Pourquoi? Eh bien, si vous êtes un.e acheteur.euse, même si vous trouvez votre voiture de rêve, ne faites pas un move impulsif parce que ça pourrait vous coûter cher. Si vous cherchez plutôt à vendre votre char pour faire un peu de cash, pensez-y deux fois puisque ça se peut que vous ne vous trouviez pas mieux.