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Votre style d’attachement sabote-t-il vos finances ?

Êtes-vous cheap? Ou juste un enfant blessé?

Par
Alexia Boyer
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Saviez-vous que les interactions que nous avons dès le plus jeune âge avec notre entourage détermineraient notre rapport à l’argent une fois adulte ? En effet, la théorie de l’attachement, issue de la psychologie, veut que chaque individu développe au moins un des quatre styles d’attachement – sécure, carencé, narcissique ou anxieux – dans son enfance, ce qui influence les relations qu’il entretient avec ses pairs tout au long de sa vie. Et qui dit relations humaines, dit souvent transactions financières

Florence m’a donc confié la mission d’en apprendre plus là-dessus. Pour ce faire, j’ai discuté avec le professeur en psychologie au Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, Frankie Bernèche, qui connaît tellement bien le sujet qu’il en a écrit un livre.

Tout se joue dans l’enfance

Avant d’entrer dans le vif du sujet des types d’attachement, je me suis demandé : comment se fait-il que notre enfance ait un impact si important sur notre rapport à l’argent ?

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C’est parce que c’est le moment où se développe notre façon d’interagir avec les autres, notamment en s’adaptant à la façon dont nos parents se comportent avec nous. « Dans une relation, on transige toujours une ressource, comme l’amour ou l’intimité, mais aussi l’argent », explique Frankie Bernèche. Par exemple, dans une relation amicale, on transige de la valorisation.

Selon l’expert, la majorité de la population, environ 75 %, a un style d’attachement « sécure ».

Elle entretient ainsi un rapport plutôt sain à son argent, c’est-à-dire qu’il ne s’en sert pas pour tenter de panser ses blessures. Les 25 % qu’il reste, quant à eux, se retrouvent dans au moins un des trois styles qui compliquent les choses.

L’anxieux et son besoin de protection

Dans son enfance, l’anxieux n’a pas pu compter sur les adultes pour le rassurer, il a donc développé le réflexe de ne compter sur personne pour le réconforter face à ses peurs.

À l’âge adulte, ce profil considère donc l’argent comme une protection contre les dangers.

« C’est comme si l’argent était un anxiolytique pour eux », illustre Frankie Bernèche, qui les compare à des écureuils qui accumulent en prévision des potentielles difficultés à venir.

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Comme les styles d’attachement s’expriment à divers degrés, ça peut autant se traduire par des REER bien garnis que par des millions accumulés à force de ne jamais rien dépenser.

Le carencé et son besoin d’amour

Le carencé a vécu beaucoup d’instabilité dans le réconfort qu’il a reçu dans son enfance. Ses parents étaient parfois là pour le rassurer, parfois pas, ce qui l’amène à chercher à être très entouré une fois adulte.

Il utilise donc l’argent pour tenter de rapprocher les autres de lui, en dépensant sans compter pour son entourage.

Il n’a toutefois jamais l’impression qu’il reçoit assez d’amour en retour.

Le narcissique et son besoin d’admiration

Les individus narcissiques sont des enfants qui ont vécu du rejet et de la dévalorisation. Ils utilisent donc l’argent pour combler leur besoin de reconnaissance, et associent la valeur de leurs biens à leur propre valeur. Cette croyance les rend très vulnérables, car le manque d’argent réactive leurs blessures d’enfance. Ils sont alors capables d’aller jusqu’à commettre des actes criminels pour tenter de trouver l’argent qui va leur permettre de démontrer qu’ils sont supérieurs aux autres.

Comme si ça n’était déjà pas assez compliqué, un même individu peut combiner plusieurs profils à divers degrés.

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Une personne qui a manqué de réassurance et s’est sentie dévalorisée dans son enfance pourra donc présenter à la fois les caractéristiques des profils anxieux et narcissiques. C’est souvent le cas des personnes qui tombent dans la délinquance, car elles ressentent le besoin d’étaler leur richesse avec l’achat de biens luxueux, tout en continuant à accumuler toujours plus d’argent.

Faire cohabiter les cigales et les fourmis

Ces profils différents, qui ont des besoins si éloignés les uns des autres, peuvent-ils se côtoyer ? « Tout est possible, mais ça va être trouble », pense Franckie Bernèche, qui rappelle que « deux négatifs ne donnent pas un positif ».

En effet, l’argent est souvent un enjeu majeur des couples où cohabitent deux troubles, car le trouble de l’un aggrave le trouble de l’autre.

Une personne anxieuse va ainsi devenir encore plus anxieuse si elle est en couple avec un carencé qui dépense à outrance.

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C’est la même chose dans les groupes d’amis ou les environnements de travail, où le narcissique va s’attendre à ce qu’on l’admire pour ses vêtements de marque et ses grosses autos. Il sera donc frustré si son entourage n’y accorde pas d’importance.

Y a-t-il une façon de modifier son rapport à l’argent pour vivre plus sereinement ? Heureusement, « oui, selon la littérature scientifique », répond Franckie Bernèche. Il faudra toutefois effectuer un travail global sur soi-même pour développer un style d’attachement sécure dans tous les aspects de ses relations, qui se traduira dans celui à l’argent.