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Vivre avec un handicap à l’université

L’UQO fait des pieds et des mains pour faciliter la vie des étudiants.

Par
Alexandra Carrière
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« Toi, t’es retardée.» Cette phrase, je l’ai entendue 1000 fois quand j’étais à l’école. Les autres élèves ne manquaient jamais une façon de me rappeler comment la société en général perçoit ceux qui vivent avec un handicap physique ou psychologique.

Dès la ma première année du primaire, j’avais de la difficulté à atteindre la note de passage. Même si les profs me répétaient les règles de grammaire et l’orthographe des mots lors des périodes de récupérations, c’est comme si j’étais inapte à les appliquer. J’avais beau aller à l’aide au devoir, mes notes continuaient de me piquer du nez.

Ce n’est qu’au secondaire ou j’ai officiellement reçu mon diagnostic de dysorthographie : c’est une difficulté d’apprentissage qui s’explique par une lésion des aires langagières du cerveau. Elle peut être héréditaire ou causée par une forte commotion cérébrale. Pour comprendre, il faut décortiquer le mot : « dys » pour dysfonction, et « orthographie » pour orthographe. La dysorthographie est donc un trouble de l’acquisition de l’expression écrite. Bref, pour les personnes touchées par cette difficulté, comme moi, on est nulle en écriture ! Non, je blague, ça nous prend juste plus de temps que la norme pour écrire et nous devons utiliser des supports technologiques afin de corriger nos erreurs.

« Il m’est arrivé de rencontrer un professeur qui refusait de me donner mon temps supplémentaire parce qu’il n’en voyait pas la nécessité. »

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Grâce à mes nouvelles accommodations, incluant mon temps supplémentaire et l’accès à un ordinateur, du jour au lendemain mes notes se sont améliorées. Et pour la première fois, mes résultats académiques reflétaient réellement mes compétences. C’est à ce moment précis que j’ai finalement compris que j’étais tout aussi intelligente que n’importe quel autre étudiant.e. Par contre, le combat n’était pas fini, car ce n’est pas tous les professeurs qui respectaient mes «droits». Puisque les difficultés d’apprentissage étaient un sujet assez nouveau, certains professeurs ne suivaient pas les mesures d’aide nécessaires. Il m’est arrivé de rencontrer un professeur qui refusait de me donner mon temps supplémentaire parce qu’il n’en voyait pas la nécessité.

À force de toujours devoir expliquer la dysorthographie et justifier mon droit à des accommodations, j’étais devenue hésitante à poursuivre les études supérieures jusqu’à ce que je trouve la bonne école.

L’université accommodante

Heureusement, à l’UQO, j’ai pu compter sur le Service aux Étudiants en situation de Handicap (SESH). À chaque rentrée, le SESH invite les nouveaux étudiants qui présentent une déficience neurologique ou organique, à prendre rendez-vous avec un des spécialistes en adaptation scolaire. Les besoins de chaque étudiant sont analysés et des accommodements appropriés sont proposés.

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Chaque service d’accommodement permet aux étudiants de bénéficier de plusieurs supports d’aide technologique selon leurs besoins, tels que l’utilisation d’un ordinateur, d’un logiciel de traitement de texte, d’un logiciel correcteur, de logiciels adaptés, d’un magnétophone numérique, d’un dictionnaire électronique et d’un crayon intelligent. Certains peuvent aussi obtenir plus de temps pour faire un examen ou remettre un travail, porter un casque antibruit, ou compter sur un intervenant pour prendre des notes.

« Ce n’est pas parce qu’on est à l’université et qu’on est des adultes qu’on n’a pas besoin d’aide. »

Par exemple, un étudiant qui vit avec le trouble de l’apprentissage de la dyslexie peut avoir le droit à du temps supplémentaire, un ordinateur équipé de logiciels de correction et un lecteur de texte. Ou encore quelqu’un qui compose avec le trouble du déficit de l’attention aura le droit à du temps supplémentaire, un casque antibruit et une salle privée. De plus, les étudiants du SESH peuvent aussi profiter de l’expertise du Centre d’aide en français écrit (CAFÉ), ou du soutien psychologique du Programme d’aide et de référence aux étudiants et étudiantes (PARÉÉ).

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« Ce n’est pas parce qu’on est à l’université et qu’on est des adultes qu’on n’a pas besoin d’aide », assure Annie Gauthier, orthopédagogue au SESH. Pour sensibiliser les gens à l’enjeu de l’accessibilité académique, le service a tenu à l’automne 2019 La semaine des étudiants en situation de handicap, et espère en faire un événement annuel. Le service souhaite aussi une plus grande collaboration avec les différents organismes de la région.

Dans mon cas, le SESH a été un game changer. Pour la première fois de mon parcours scolaire, ma voix est écoutée. Avec le soutien des intervenantes spécialisées et des professeur.e.s, je sens que je peux discuter de mes besoins ouvertement et en toute sécurité. Grâce à l’aide à la prise de note, aux supports technologiques et au temps supplémentaire pour rédiger mes examens, je réussis très bien mes cours au baccalauréat en sciences sociales. Je pense même entreprendre une maîtrise gestion de projet, et je me rapproche tranquillement de mes ambitions.

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Alors aux étudiants en situation de handicap, nous sommes peut-être différents, mais nous sommes tout aussi intelligents. Croyons en nous, croyons en nos capacités, et continuons de protéger nos droits.