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La vie après l’aventure d’une vie

Entretien avec l'aventurière Caroline Côté.

Par
Pier-Luc Ouellet
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URBANIA et Hydro-Québec s’unissent pour vous inspirer et vous faire partir à l’aventure.

Caroline Côté a accompli un exploit digne d’un film hollywoodien : en 74 jours, elle a parcouru un trajet de 2000 km pour suivre le chemin de notre électricité, de Natashquan à Montréal, souvent dans la nature sauvage. Si c’était un film, probablement qu’il se serait terminé sur l’arrivée triomphale de Caroline à la station F-MR, applaudie par ses proches et sabrant le champagne.

Sauf que ce qu’on ne voit jamais dans les films, c’est l’après. Qu’est-ce qu’il se passe, une fois que l’aventure est terminée et qu’on doit recommencer le train-train quotidien? J’ai donc contacté Caroline Côté pour savoir comment elle se porte, et ce qu’elle retient de son périple.

La jungle urbaine

La dernière fois que j’ai parlé à l’aventurière, elle s’apprêtait à commencer la portion de son périple en milieu plus urbain. Si la portion plus sauvage de son aventure lui a demandé de vivre avec la faim, le froid et la peur de ne pas survivre, une fois en milieu habité, ce sont des défis différents qui se sont présentés à elle : « Je ne pouvais pas poser ma tente où je voulais, les berges appartiennent souvent à des gens. Il y a eu plusieurs endroits où je devais avancer plusieurs kilomètres pour trouver un endroit [où planter ma tente]. […] Tu dois te réadapter, tu ne peux plus faire des feux n’importe où, prendre ton eau dans la rivière… » Et c’est plus facile vivre avec le regard des lièvres qu’avec celui des êtres humains : « Je passais quasiment pour une clocharde avec mon sac à dos! »

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Le grand retour

Après deux mois éprouvants, je n’ose pas imaginer ce que Caroline Côté devait ressentir. Je passe deux jours chez mes parents et je n’en peux plus d’avoir hâte de retrouver mon lit. Le premier choc que Caroline a vécu, curieusement, a été d’apercevoir l’autoroute 40 : « Quand je suis passée au-dessus de l’autoroute 40, c’était la première fois que je voyais un peu le symbole de l’homme dans son habitat le plus urbain. Ça m’a vraiment marquée ».

Mais comme on voyage lentement quand on est à pied ou en kayak, l’excitation du retour à la maison se fait progressivement. C’est quand elle a traversé le fleuve Saint-Laurent en kayak que Caroline a vraiment senti qu’elle revenait à la maison : « Cette traversée-là était synonyme de retour à la maison. J’étais vraiment plus dans le plaisir que dans l’effort de faire un kilomètre de plus ».

Caroline Côté me semble invincible, une aventurière qui n’a peur de rien. C’est pourquoi j’ai été renversé quand elle m’a confié que de voir la foule qui l’attendait à son arrivée l’a terrifiée : « Ça m’a touché, mais ça m’a rendue très stressée de voir une masse de gens si énorme. Je suis vraiment introvertie, je pense que ça a été plus inquiétant que les 40 km [qu’elle a choisi de faire à la course la dernière journée] ».

Aimer le monde

Maintenant que tout est fait, que retient Caroline Côté de son périple? « Je pense qu’on a souvent besoin des gens autour de nous pour nous permettre d’avancer plus loin ». Elle a été surprise par « le nombre de personnes qui se sont impliquées sur le projet. Les gens me donnaient des choses, ils m’ont montré le maximum de ce que chaque région peut offrir ».

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Et après tant de solitude, les gens lui ont vraiment, vraiment manqué : « Après [l’expédition], je passais dans la rue et je disais salut à tout le monde, j’avais besoin de contacts humains! »

Le (pas si dur) retour à la réalité

Vous savez, des fois vous passez une fin de semaine au chalet de vos amis, et vous vous dites « je ne sais pas comment je vais faire pour retourner au bureau lundi ». Caroline Côté a passé plus de deux mois face à la nature et à elle-même. Évidemment, le retour n’est pas simple : « Ça m’a pris vraiment plus de temps que prévu pour me remettre de cette expédition-là. Ça a été complexe parce que […] j’avais pas grand-chose de prévu ».

C’est que les humains ont cette incroyable capacité à s’adapter aux conditions les plus difficiles : « C’était difficile de ne plus avoir de défi à relever. Tout est facile à la maison. [Pendant l’expédition], c’était un défi juste de laver mon linge à l’extérieur ».

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Le plus dur, surtout pour quelqu’un qui carbure aux défis comme Caroline, c’est de se trouver une nouvelle motivation : « [Après mon retour], je n’avais plus de raison d’avancer, tout était en arrêt ».

Mais ne vous inquiétez pas trop, elle s’en remet finalement assez bien : « [Le temps de repos] est un peu plate, mais en même temps c’est nécessaire. En fin de semaine, j’ai fait une course de trail running dans la forêt du Mont Sainte-Anne, un 100 km. […] Je suis arrivée deuxième ».

Quand elle se repose, Caroline Côté fait des 100 km dans le bois. Je sais qu’on dit que tous les humains sont égaux, mais je dois avouer que Caroline est juste une meilleure personne que moi.

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Pour tout savoir sur l’expédition de l’ultra marathonienne, rendez-vous sur electron.hydroquebec.com.

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