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Venir en aide aux forêts et… aux tortues 

Des aventures pas plates, de l'UQAT à Mayotte.

Par
Julia Morarin
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Les gens qui prennent soin de notre planète mériteraient qu’on s’attarde plus souvent à leur parcours, ceux qui sont flamboyants, mais surtout ceux qui sont plus modestes. Après tout, c’est un peu comme s’ils prenaient soin de nous tous, non?

Sophie Laliberté est ce genre de personne. Sous un titre d’emploi plutôt commun d’agente de liaison, se cache une véritable pépite.

Assise à son bureau de l’Institut de recherche sur les forêts (« l’IRF ») de l’UQAT, trois tasses de café sur le coin de la table, Sophie m’explique à quoi ressemble son quotidien « Je m’assure que le savoir généré à l’IRF soit diffusé le plus largement possible vers le milieu d’application (les industries, le ministère, les aménagistes, etc.), et accessible au grand public. » me dit la jeune femme reconnue pour être hyper énergique.

C’est qu’entre l’organisation d’un colloque ou son implication bénévole dans les associations étudiantes, elle donne aussi des conférences sur l’environnement et ne manque jamais l’occasion de partager une bière. Tout ça en motivant les troupes, sans jamais reculer devant un projet d’envergure. Rajoutez au portrait un sourire permanent et un rire communicatif, ça vous donne une bonne idée de la personne que j’ai devant moi. Il vous manque un fun fact pour la touche finale? Au karaoké, Don’t Stop Believin’ est sa chanson fétiche. Ça ne s’invente pas.

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Une sirène du 21e siècle

Même si elle est très proche des écosystèmes forestiers, le véritable objet de l’affection de Sophie ce sont les fonds marins. Malgré la rareté de l’oxygène et les nombreux kilomètres qui les séparent, leur histoire d’amour n’a cessé de grandir depuis les 10 dernières années.

« Plonger c’est siiiiiiiiiiiiiii méditatif et contemplatif, c’est comme être en apesanteur, dans un silence sourd, à respirer profondément. Et le monde sous l’eau est tellement beau et fascinant! », confie la plongeuse avancée de niveau 2.

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Avec plus de 80 heures de plongée au compteur, Sophie a pu se délecter de la beauté de plusieurs coraux, poissons, et autres crevettes velues à de nombreux endroits sur la planète ; le Mexique, l’Europe, l’île Maurice, pour ne nommer que ceux-là. Et comme rien ne l’arrête, ses différentes escales lui ont permis de s’investir dans des actions de protection de l’environnement.

Mission sauvetage

Travailler au bien-être des forêts, diffuser les connaissances, contempler les fonds marins, pourquoi s’arrêter à ça quand on peut aussi combattre le braconnage des tortues? Oui, c’est bien ce que je pensais. Le quotidien de Sophie ne ressemble pas au vôtre ni au mien!

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Tout a commencé lors d’un séjour d’étude à l’étranger. Alors qu’elle était passage sur l’île Maurice elle a profité d’un voyage de plongée écocitoyen pour se rendre à Mayotte. Là-bas, avec une bande d’ami.e.s, elle s’est activée à faire découvrir et à sensibiliser les plus jeunes à la faune et à la flore aquatique qui les entouraient. Avec l’association environnementale Oulanga Na Nyamba, un suivi des pontes de tortues marines a été mis en place. L’objectif: récolter des informations sur les tortues marines pour mettre en place des actions de protections, mais aussi dissuader les braconniers de les chasser.

Puis, au Mexique, elle a assuré la surveillance d’œufs de tortues jusqu’à leur éclosion face aux prédateurs et aux braconniers. La manœuvre lui a permis de libérer trois tortues d’un des nids qui venait d’éclore. Plus récemment, l’amoureuse du sympathique reptile est devenue bénévole pour un projet de recherche sur les tortues au Québec. Le projet visait à collecter des informations sur l’habitat utilisé par la tortue serpentine.

Il faut voir ses yeux s’allumer lorsqu’elle me raconte un de ces moments magiques qui ponctuent parfois les longues heures de recherche!

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C’est qu’un jour, au cours d’une patrouille, entre deux poses d’émetteurs, l’improbable s’est produit : « C’était à la fin de l’été. Les gels étaient commencés et le responsable du projet a déterré 25 bébés tortues qui semblaient morts. Mais en fait, ils étaient bien vivants ! », raconte Sophie, qui a ensuite légué son nouveau titre de maman-tortue à l’équipe du Centre Éco-Nature.

Crédit : Jean Lapointe
Crédit : Jean Lapointe

Les premiers jours ont demandé beaucoup d’efforts pour nourrir et maintenir ces petites tortues en vie. Après quoi, elles ont été transférées au Centre Éco-Nature à Laval, où elles ont pu grandir paisiblement, avant d’être relâchées dans leur habitat d’origine en juin dernier.

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Et si vous demandez à Sophie pourquoi elle s’engage dans la protection des tortues, elle vous répondra : « Je fais juste les aimer, elles sont fascinantes. Elles m’ont toujours intriguée. J’en ai vu en plongée, elles sont relax, et peuvent rester tellement longtemps sans respirer. Incroyable. »

Soudain, on a nous aussi envie d’aimer et de protéger ces bêtes fabuleuses.

Sophie, à travers sa passion contagieuse, nous fait réaliser qu’elles font en quelque sorte partie de nos proches. Que c’est le cas pour tout ce qui est vivant.

Et en sortant du bureau, on ne peut s’empêcher de penser que Sophie porte bien son nom de famille.