Les plantes intérieures ont la cote depuis le début de la pandémie. Beaucoup de personnes se sont découvert une passion nouvelle pour le soin des plantes, jusqu’à dépenser des centaines et des milliers de dollars pour se procurer la perle rare.
Afin de mieux comprendre ce phénomène, j’ai fait appel à deux passionné.e.s du milieu horticole.
C’est quoi, une plante « rare »?
Gabrielle est propriétaire d’un magasin de plantes rares et exotiques, Adem Verde, situé à Sept-Îles. Elle me raconte que son carnet de commandes est bien noirci depuis l’ouverture de son magasin, en avril dernier.
La jeune femme explique que les plantes rares « poussent généralement dans certaines régions très spécifiques; par exemple, on peut trouver une espèce en Indonésie, mais ne pas trouver la même en Thaïlande ». Et vous connaissez la chanson : plus l’offre baisse, plus la demande augmente (et les prix aussi).
Pour sélectionner ses plantes, la propriétaire passe de longues heures à faire des recherches.
« Ça m’a pris un an à trouver un cultivateur fiable dans certains pays et je continue à faire des recherches sur certains groupes de fournisseurs. C’est beaucoup de bouche à oreille avec des personnes de confiance. »
C’est quoi le buzz?
Selon les dires de Gabrielle, c’est l’ennui pandémique qui a mené certaines personnes à développer une fascination pour l’univers des plantes. « Au début de la pandémie, les gens se disaient : “Je vais juste m’acheter une plante de temps en temps”. Comme les montres, les voitures ou les bijoux, tu te dis : “Je vais me gâter”. Mais ça peut devenir addictif. On voit grandir sa plante, puis on veut la bouturer pour la vendre. Avec l’argent de la vente, on va s’acheter une autre plante, et ainsi de suite. »
Jean-Michel Tremblay travaille chez Binette et Filles et est fleuriste au marché Jean-Talon. Il admet qu’il est facile d’en accumuler beaucoup. Lui-même a déjà possédé une belle collection de plus de 400 espèces de cactus et de succulentes.
« C’était rendu un travail à temps plein, mais finalement c’était beaucoup trop d’entretien et j’ai vendu toute ma collection ».
Selon lui, un intérêt dévorant pour les plantes rares se développe en deux phases : « la première année, c’est de l’apprentissage pour la majorité des gens. Mais la 2e année, si ça va bien et qu’ils ont reçu de bons conseils d’entretien, ils vont vouloir aller plus loin et ils vont être prêts à investir plusieurs centaines de dollars ».
Par exemple, le philodendron spiritus sancti variegata peut se vendre jusqu’à 10 000-12 000 $ US aux États-Unis!
« Le prix est en train de diminuer pour beaucoup d’espèces étant donné qu’actuellement, elles sont toutes reproduites localement en culture in vitro, ce qui facilite énormément la production et l’importation. Il y a 3-4 ans, les gens n’importaient pas vraiment par eux-mêmes, mais depuis la pandémie, beaucoup de personnes se sont intéressées à ce business », explique Jean-Michel.
« Puis il existe beaucoup de groupes en ligne qui partagent des informations : comment importer et comment faire. Il y a aussi beaucoup d’entreprises autour de la planète qui ont saisi l’occasion et qui offrent tous les services de dédouanement, de portage, etc. »
Et la clientèle en redemande! « J’ai beaucoup de clients réguliers et chaque fois que je fais un réapprovisionnement pour la boutique, c’est pas mal les premiers qui vont acheter. Ce sont des personnes qui me contactent fréquemment et qui me demandent de nouvelles plantes. L’engagement est énormément là et on peut voir l’excitation sur leur visage quand ils viennent en magasin », rapporte Gabrielle.
Attention aux arnaques
Entre les pseudos connaisseur.euse.s et les vendeur.euse.s peu scrupuleux.seues, il n’est pas toujours simple de se retrouver dans cette jungle.
Pour Jean-Michel, il est facile de frauder, car n’importe qui peut créer un site Web pour attirer les acheteur.euse.s. Selon Gabrielle, acheter chez un particulier.ère peut représenter un risque. Elle a vécu de mauvaises expériences personnellement, mais aussi de très bonnes. Il faut donc bien s’informer avant d’acheter une plante et comparer les prix sur différentes plateformes, dans des groupes Facebook, par exemple.
Le vendeur conseille donc de consulter un.e professionnel.le, quitte à payer plus cher. Il met en garde également contre les informations que l’on peut trouver en ligne.
« Une plante va avoir des besoins complètement différents selon sa provenance : du Texas, de la Thaïlande, ou du Québec », détaille Jean-Michel.
« Ce n’est pas que les gens ont de mauvaises intentions, mais ils n’habitent pas nécessairement dans les mêmes pays que l’acheteur.euse et ça peut causer des problématiques parce qu’on n’a pas du tout le même climat. »
« La géographie est très importante pour soigner les plantes », termine-t-il.
Il ajoute qu’il ne faut pas hésiter à joindre des associations (des ententes existent au Québec pour tous les types de plantes), à rencontrer des professionnel.le.s et à leur poser des questions.
Pour être mieux outill é.e.s, le spécialiste recommande plusieurs sites Internet, comme Les chasseurs de plantes et deux groupes Facebook : Plantes d’intérieur Québec regroupant plus de 120 000 passionné.e.s et collectionneur.euse.s et Cactus et Succulentes du Québec, groupe plus niché de 15 000 membres.
Alors, prêt.e à ajouter une nouvelle amie (dispendieuse) à vos plantes dans votre salon? En tout cas, prenez votre temps pour magasiner et vous informer, car il serait dommage de tuer votre 400 $ en quelques jours!