L’été 2021 s’annonce déjà un peu plus positif que celui de l’année passée. Du moins, au Québec. La campagne de vaccination avance bien, et les terrasses des restaurants sont enfin ouvertes. Après un an et demi de restrictions, on est prêts à se lâcher lousse!
Devant toutes les pénuries vécues l’an dernier, les commerçants se sont préparés pour cet été. Beaucoup avaient déjà commandé leur stock au début de l’année, espérant le recevoir pour le printemps. Mais comme vous vous en souvenez peut-être, un petit incident dans le canal de Suez a lourdement ralenti la circulation mondiale de cargo.
Par contre, comme l’année passée, il y a pas mal de hot ticket items qui seront difficiles à trouver. Une reprise graduelle d’un semblant de normalité (très temporaire) l’été dernier a remis le marché manufacturier en branle, et beaucoup de choses qui étaient en pénurie ne le sont plus maintenant. Il y a cependant quelques secteurs qui restent touchés comme celui des motomarines: il nous en manque encore au Québec, et les autres embarcations de plaisance se vendent comme des pains chauds!
Voici quelques autres objets que vous verrez tout le monde (sauf vous) afficher sur les réseaux cet été!
Vélos
C’était déjà le cas à l’été 2020, mais la situation ne s’est malheureusement pas réglée. On voudrait bien abandonner sa voiture, s’éviter le voyage interminable dans le métro bondé (avec masque et sueur), mais il ne reste plus de vélos!
Deux phénomènes expliquent ceci. Premièrement, les Québécois ne sont pas les seuls à vouloir se remettre en selle! Partout dans le monde, les bicyclettes retrouvent la cote, ce qui a donné lieu au grand boom cycliste de 2020.
Vous êtes probablement mieux de simplement faire réparer le vieux vélo qui traîne chez vous.
Sauf que ces vélos-là doivent bien se rendre de leur lieu de manufacture, souvent l’Asie, vers leur destination finale. Et ça se fait généralement par bateau. Mais le hic, c’est qu’il y a également une pénurie de conteneurs dans lesquels les placer sur le bateau! En effet, la demande de conteneurs est tellement grosse que leur économie plus ou moins circulaire est perturbée.
Normalement, un vélo partirait de Chine, se rendrait jusqu’à Vancouver en bateau, et arriverait à Montréal en train. Le conteneur serait par la suite rempli d’objets ici, comme des grains ou de l’acier, et referait son chemin vers la Chine par les mêmes voies. Mais ces jours-ci, pas le temps de niaiser. Les conteneurs ont à peine le temps de quitter le port de Vancouver qu’ils sont remis, vides, sur les paquebots et retournent en Chine pour être re-remplis.
Vous êtes donc probablement mieux de simplement faire réparer le vieux vélo qui traîne chez vous. Anyway, c’est mieux pour l’environnement, et vous pourrez vous vanter qu’il est vintage!
Voitures
Si vous n’avez pas été capable de troquer votre voiture contre un vélo, ce n’est peut-être pas le moment de s’en défaire! Peut-être avez-vous eu vent de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui fait rage depuis le début de la pandémie. L’industrie automobile a été particulièrement touchée par celle-ci, et la production de nouveaux véhicules est lourdement ralentie.
«Selon un sondage effectué en avril auprès de 535 membres de la Corporation des associations de détaillants d’automobiles (CADA), près de 91% se disent inquiets des niveaux de stocks de véhicules neufs dans un avenir rapproché», nous apprenait récemment le Guide de l’auto. Cela peut être expliqué par le fait que les manufacturiers ont mis en veille leurs commandes de semi-conducteurs l’an dernier, lorsque la COVID-19 a freiné la vente d’automobiles l’an dernier, et se sont donc retrouvés au bas de la liste des commandes, lorsque leurs activités ont repris.
Et entre la crise sanitaire qui continue de sévir dans plusieurs pays, le ralentissement du canal de Suez et la pénurie des microprocesseurs, l’industrie automobile reste inquiète pour l’été qui s’en vient.
De la colle
Si au Québec nous sommes habitués aux tempêtes de neige violentes, il y a des endroits qui n’ont tout simplement pas été conçus pour y faire face. L’état chaud et aride du Texas, par exemple, n’était pas préparé pour la grande tempête qu’elle a vécue au mois de février dernier. Celle-ci a causé plus de 150 morts, et une partie de l’état s’est retrouvée sans électricité pendant deux semaines.
Cela a considérablement ralenti les industries du Texas, dont le secteur pétrolier. Le pétrole étant nécessaire pour fabriquer, entre autres, les monomères, ingrédient essentiel à la colle.
Comme le rapportait récemment La Presse, le Québec fait face, comme le reste du monde, à une pénurie de ces monomères depuis la tempête meurtrière au Texas, qui a forcé la fermeture des usines. Et le plus grand fabricant de colle au Canada, l’entreprise Dural située à Dorval, peine à fournir après que son stock ait été affecté.
Cela touche donc le secteur de la construction, la colle étant essentielle à la fabrication et l’installation de fenêtres, planchers, comptoirs et autres. Cela affecte aussi l’industrie alimentaire, qui ne peut plus, par exemple, apposer la colle pour ses étiquettes sur les bouteilles et contenants. Cette pénurie pourrait durer encore quelques mois, donc il se peut que les supermarchés manquent un peu de stock cet été. Ou que vous ayez à attendre un peu plus longtemps pour vos nouvelles fenêtres au chalet!
Le papier de toilette
Vous vous rappelez, au tout début de la pandémie, quand les gens se battaient au Costco pour du papier de toilette? Ahhh, la belle époque de la panique insouciante… Si seulement on savait ce qui nous attendait!
Une très malencontreuse coïncidence fait qu’on pourrait assister à une nouvelle pénurie de papier hygiénique.
Eh bien, désolé d’avoir à vous le dire, mais ça se peut qu’on en voie d’autres cet été. Comme si la boucle se bouclait.
Une très malencontreuse coïncidence fait qu’on pourrait assister à une nouvelle pénurie de papier hygiénique. D’abord, comme on l’a dit plus tôt, le blocage du canal de Suez a ralenti le transport de pulpe de bois, utilisée pour produire le papier. Après, un manque de conteneurs fait que le papier tarde à être envoyé. Et, coup de grâce, la rareté de colle fait qu’on ne peut pas coller le dernier morceau au rouleau, et le premier morceau sur lui-même.
Quand ça va mal, ça va mal!
La main-d’œuvre
Sans contredit, la plus grande pénurie à laquelle le Québec aura à faire face cet été sera celle de la main-d’œuvre. Un sondage mené en février et mars par le Conseil du patronat du Québec nous apprend que 94% des entreprises répondantes indiquent qu’elles ont un manque de main-d’œuvre. Cela est vrai, peu importe le secteur industriel ou la région du Québec.
43% de ces entreprises voudraient que le Québec accueille plus d’immigrants dans les prochaines années pour pallier à cette pénurie. En tout, ce sont près de 150 000 postes qu’il faudrait pourvoir, et cela pousse plusieurs compagnies à refuser des contrats, n’ayant pas les employés suffisants pour mener à bien le projet. Les secteurs de la santé, de la restauration et de la construction sont parmi les plus touchés, et les acteurs de ces industries sonnent la cloche d’alarme depuis plusieurs années.
Si l’on espère revenir à un semblant de vie normale d’ici peu, il faudra assurément remplir les postes manquants afin de relancer l’économie. Si on fait ça, sait-on jamais, peut-être qu’il y aura assez de Sea-doo pour tout le monde l’an prochain!