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Utiliseriez-vous une monnaie locale pour encourager l’achat local?
Les monnaies locales complémentaires (MLC) pourraient être la prochaine initiative à considérer pour stimuler la consommation locale. La recette est présentement test ée à Québec avec les «dollars solidaires» et elle semble fructueuse: les nouveaux billets partent comme des petits pains chauds.
Regard sur l’impact que pourraient avoir les MLC sur la relance de notre économie.
#achatlocal
Force est de constater que les efforts concertés du gouvernement et des entrepreneurs québécois pour remettre l’#achatlocal au goût du jour ont porté fruit. Avec plus de 100 000 visiteurs hebdomadaires sur le Panier bleu, les Québécois prennent tranquillement conscience des avantages d’acheter chez nous.
Mais une fois l’argent distribué et les campagnes marketing vantant la consommation bleue complétées, rien ne garantit que l’argent injecté dans l’économie circulera localement et qu’il ne sera pas plutôt dépensé sur des biens vendus par des entreprises étrangères, à cause de leurs prix plus bas ou de leur plus grande diversité.
Alors, comment conserver nos précieux billets au sein de notre économie? C’est exact, les MLC.
Les monnaies locales = consommation locale
Circulant en parallèle aux dollars canadiens, les Dollars solidaires, BLÉ, Demi et autres sont mis en place par des regroupements citoyens, OBNL, coop ou même des collaborations de plusieurs organisations comme c’est le cas avec le Dollar solidaire.
C’est simple, c’est du un pour un. Un dollar d’une MLC pour un dollar canadien. C’est ensuite possible d’utiliser sa nouvelle monnaie dans les entreprises participantes. Comme avec l’argent traditionnel, toutes les taxes s’appliquent encore sur les produits.
«Lorsqu’on instaure une monnaie locale, ça vise spécifiquement une économie circulaire puis un échange entre les fournisseurs et les commerces locaux plutôt que d’avoir des échanges internationaux importants», m’explique Maxence Joseph Fontugne, économiste et coordonnateur de la campagne du Dollar solidaire pour MLC Québec.
L’objectif principal: que les PME locales récupèrent l’argent dépensé et non les grosses business.
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Mettons que je participe au mouvement. Je souhaite encourager mon restaurateur préféré qui participe lui aussi. Eh bien, je payerais mon repas et ma bouteille de bon jus avec cette nouvelle monnaie. Ce dernier pourra, à son tour, payer ses fournisseurs participants avec les devises de la MLC.
Ainsi, en circulant dans le réseau fermé que représentent les participants au mouvement, la MLC fonctionne comme une barrière à la fuite de la consommation des ménages et des entreprises en dehors du secteur. Le secteur est la plupart du temps une ville, mais peut aussi être à échelle provinciale ou nationale.
Un acte d’achat solidaire pour la relance
L’initiative du Dollar solidaire a été lancée dans la Capitale-Nationale, en collaboration avec sept sociétés de développement commercial, la Ville de Québec, le Mouvement Desjardins, La Capitale Assurances, La Ruche et des regroupements de gens d’affaires.
Mais dès l’annonce du projet, l’organisation a cherché à contacter les services de MLC Québec qui avait déjà jeté les bases d’une MLC dans la Capitale-Nationale depuis les balbutiements du projet en 2015. L’OBNL est d’ailleurs l’instigateur du BLÉ (billet local d’échange), qui a été lancé en 2018.
«Ç’a vraiment été un alignement des planètes. On a essayé de rejoindre la Ville pour donner un coup de main dans la relance économique, puis l’administration a essayé de nous rejoindre pour qu’on donne un coup de main dans le cadre de Dollar solidaire», me dit Maxence.
La monnaie pourra être échangée dans 350 commerces différents dans les prochaines semaines. «Le seul détail, il faut que le propriétaire soit au Québec. Si c’est une chaîne, il faut que le siège social soit au Québec. L’argent doit rester pour circuler localement.»
Lancés au début du mois, les 130 000 dollars solidaires annoncés par la Ville de Québec, qui ont été amassés à l’aide de contributions sur la plateforme de sociofinancement La Ruche, mais aussi grâce à des investissements gouvernementaux, ont trouvé preneur en moins de 24 heures.
Une deuxième campagne est prévue pour la mi-juillet. Maxence estime que la masse monétaire de 400 000$ pourrait être atteinte. Si récoltés, ces 400 000 bidous circuleront strictement dans l’économie locale de Québec. C’est pas rien.
Les MLC, durables dans le temps?
«Ça peut non seulement être durable, mais ça peut créer de la résilience au sein des communautés», me dit l’économiste.
Il prend l’exemple de la WIR, la monnaie suisse pour entreprises qui existe depuis 1934. Née dans un contexte de crise économique et monétaire, elle est parvenue à résister aux changements économiques et sociaux et à se développer. L’autre MLC très populaire, la Bristol Pound, existe depuis 2012 au Royaume-Uni.
À voir maintenant si le Dollar solidaire permettra à la Ville de Québec de tirer son épingle du jeu pendant la relance.
Vu l’engouement, cette MLC pourrait engendrer un impact considérable sur la structure de la consommation des résidents de Québec et ainsi transiter vers une relance, certes, mais aussi vers une économie plus autonome, plus résiliente et aussi écologique.
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