LogoSponsor

Une paire de Doc Martens ou le meilleur 170 $ que j’ai dépensé de ma vie

Lettre d’amour à ces souliers inclusifs, confortables et très punk.

Par
Vincent Descôteaux
Publicité

Pour quelqu’un qui s’habille plutôt mal, je me définis beaucoup par mon linge.

Attention, il arrive que mes vêtements soient franchement jolis, mais c’est toujours par hasard. Je porte des vêtements pour ce qu’ils me font ressentir (et aussi parce que j’en suis légalement obligé).

Je vais acheter des vêtements confortables ou qui me mettent dans un état d’esprit particulier pouvant optimiser mon quotidien, comme faire l’acquisition d’un chandail juste avant un spectacle pour me souvenir de l’événement. C’est un peu compliqué à expliquer, mais voici un exemple universel : vous savez à quel point on se sent confiant.e dans des vêtements neufs portés pour une première fois? C’est ce genre d’état d’esprit qui m’aide à décider ce que je porterai.

Je vais aussi acheter un vêtement si je le trouve incroyablement logique et c’est ce qui nous mène aux Doc Martens.

En termes de chaussures, je porte pas mal seulement ces souliers depuis l’âge de 19 ans et je ne prévois pas d’arrêter. J’aime spécifiquement le modèle 1460 qui est l’un des plus classiques. C’est un soulier épatant, qui vaut son prix et qui m’apporte un bonheur très légitime. Laissez-moi donc vous en parler pour encore quelques paragraphes.

Publicité

présentation de ce merveilleux soulier

À l’origine, les Docs étaient un soulier de femme. Je vous prierais donc, messieurs, de dealer avec vos insécurités liées à la féminité avant de poursuivre la lecture.

C’est fait? Good!

En effet, c’est en 1947, dans l’Allemagne post-grosse guerre, que ce soulier est devenu vraiment populaire. Surtout auprès des femmes de maison qui appréciaient son confort pour passer à travers leurs immenses journées. Après, ça a traversé les âges et ça ne s’est tout simplement jamais démodé.

À la base, je trouve ça plaisant que 75 ans plus tôt, mon soulier préféré mettait déjà les normes de genre à l’épreuve. Je porte d’ailleurs pratiquement toujours des vêtements de femmes. Je m’identifie principalement comme homme, mais mesdames, vos vêtements sont moins chers dans les friperies et épousent mieux mes formes. Je ne sais pas si c’est beau, mais ça me donne une belle confiance au quotidien malgré l’absence de vraies poches sur mes jeans. Mais on règlera ça une autre fois.

De plus, les Doc Martens me rassurent, car cela fait plus d’un trois quarts de siècle que ce soulier est considéré comme beau. Je ne sais pas comment savoir si un vêtement est joli et je ne le saurai probablement jamais. Mais l’histoire des Docs démontre que ceux qui produisent ces bottes connaissent la réponse à cette question depuis l’après-guerre alors je vais continuer de leur faire confiance.

Publicité

Aussi, à travers le temps, les Docs sont devenus symboliques pour la communauté punk et LGBTQ+, deux communautés dont je fais partie.

C’est confortable, même médicalement!

Encore un bout d’histoire : le créateur des bottes était un docteur. D’où le nom « Doc Martens », pour ceux et celle à qui ça avait échappé. C’est-à-dire, moi-même jusqu’à l’an dernier.

Les semelles sont orthopédiques, aidant ainsi à redresser le dos et à limiter l’impact sur les vertèbres quand on a le pas lourd. Je suis exactement à l’âge auquel les maux de dos commencent à devenir fréquents. J’ai une massothérapeute sur speed-dial. S’il y a une chose qui me garde en vie, c’est d’avoir des souliers qui limitent les maux de dos plutôt que de les multiplier. Je sais de quoi je parle : avant de ne porter que des Docs, je ne portais que des Converses et aussi magnifiques soient ces souliers, ce sont essentiellement des chaussettes glorifiées.

Bref, je me bloque le dos deux fois moins souvent à 33 ans que je ne le faisais à l’âge de 17 ans. Vieillir n’est pas censé ressembler à ça, mais c’est possible quand on a les bons souliers.

Publicité

Oui, c’est cher, mais…

Pour moi, 170 $ représente beaucoup d’argent, mais je n’ai quand même aucun regret d’avoir fait cet investissement.

Je tiens à préciser qu’il s’agit d’un prix variable. J’ai fait une moyenne. Ça peut avoir l’air cher, mais des Docs, c’est bon longtemps. Je n’arrive pas à compter le nombre d’histoires de gens qui ont conservé leurs paires de bottes toute la vie. C’est un soulier très difficile à endommager.

J’ai le pas exceptionnellement lourd et je me sers de mes Docs dans tout ce que je fais. Il va donc de soi qu’une paire ne me dure pas une décennie… mais elle dure quand même généralement 4 ans. Je porte des Docs classiques l’été et des Docs en cuir végane l’hiver, car ce tissu absorbe moins le sel des trottoirs. Disons donc, deux paires en 4 ans pour un total 85 $ par années en budget de soulier. Comparativement à d’autres, c’est très peu pour une paire qui me fait bien me sentir et qui répond à 100 % de mes besoins.

Publicité

J’ai aussi des pieds absolument immenses alors mes souliers sont généralement au rabais. Ma pointure est souvent la seule qui reste et fait donc partie d’une liquidation. Je recommande à mes frères et sœurs qui chaussent du 13 de toujours regarder les ventes!

Sans blague, je fais tout avec mes Docs. Je fais de la rando, du vélo, je vais à des funérailles, des mariages, des entrevues de jobs, je fais des spectacles et même de l’escalade intérieure . Je me suis aussi fait dire par un employé du Bloc-shop que ça ferait beaucoup plus de sens de porter des souliers faits pour ça. Je te crois, mais ces bottes sont les chaussures que je porte dans tout ce que je fais. J’aime mieux pratiquer avec elles pour être prêt à escalader une vraie montagne éventuellement, puisque le moment venu, c’est certain que je vais les avoir dans les pieds.

C’est rare, un coup de foudre vestimentaire à vie

Vous l’aurez compris : j’essaie de rendre l’activité de magasinage de vêtements aussi peu stressante que possible. Après un secondaire à faire rire de notre linge par des gens déformés par la puberté (ce qui est d’une ironie délicieuse), c’est le fun quand certains vêtements nous font nous sentir bien.

Publicité

Les Docs ont le pouvoir de me procurer du bien être, de me faire aller mieux dans mon dos, ma tête, mes convictions, mon identité et mes choix de vie.

Je finirai donc sur ces mots : ceci n’était pas un article commandité. Je suis simplement beaucoup trop en amour avec ces bouts de cuir qui me donnent l’air un peu gai, un peu punk et très heureux.