Logo

Une minute (in English) avec Eugénie Bouchard

L’entrevue la plus courte de ma courte carrière.

Par
Naomi Auger
Publicité

Quand l’invitation a atterri dans ma boîte courriel, j’ai tout de suite dit oui. Une soirée de pickleball avec Genie Bouchard : y a que les fous qui refusent ça.

Genie Bouchard, c’est maintenant le nom qu’Eugénie Bouchard, ancienne star du tennis, préfère.

C’est le Club Med qui lançait l’invitation afin de souligner l’inauguration de nouveaux terrains de pickleball dans leurs installations.

Pour l’occasion, médias traditionnels et créateurs de contenu ont été rassemblés, curieux de s’échanger quelques balles de plastique en compagnie de la nouvelle égérie de ce sport qui connaît une ascension fulgurante. Eh oui, Genie Bouchard fait désormais carrière dans le tennis ET le pickleball.

Photo: Club Med
Photo: Club Med

Pour les personnes de moins de 60 ans, le pickleball, c’est un peu le nouveau tennis.

Publicité

Plus social, moins technique, plus doux pour les genous, cet hybride à mi-chemin entre le tennis, le ping-pong et le badminton consiste à frapper une balle de hockey cosom avec une sorte de raquette de ping-pong un peu trop grosse pour se prendre au sérieux. Le tout se passe sur un terrain dont la superficie correspond à la moitié de celle d’un court de tennis, donc parfait pour celles et ceux qui aiment faire du sport sans trop s’essouffler.

La routine d’une habituée

J’y allais pour réaliser un reportage sur le pickleball pour Dehors, j’ai échangé plusieurs courriels avec l’organisatrice de la soirée. J’ai shotgun un moment pour faire une entrevue avec Eugénie Bouchard (pardon, Genie Bouchard) – question de creuser le sujet et d’essayer de comprendre pourquoi ce sport attire autant de nouveaux adeptes (malgré son nom qui est probablement le pire).

Et pourquoi pas aussi en profiter pour prendre des nouvelles de Genie, pratiquement disparue de nos radars après avoir raccroché sa raquette (de tennis) il y a un an.

Publicité

Il faut savoir que j’ai l’habitude de courir les événements PR à Montréal. J’ai déjà assisté à un DJ set de Geneviève Borne pour le lancement d’une marque d’alcool assez médiocre au New City Gas et complété un labyrinthe de maïs avec des influenceurs et leurs selfies sticks. Ces événements médiatiques qui rassemblent les gens les plus suivis, les plus vus, les plus influents ont souvent pour but de communiquer une nouvelle, de souligner un exploit ou de lancer un produit.

J’en ai tellement couvert que je deviens un peu blasée et morte en dedans quand l’un d’eux s’ajoute à mon agenda. Mais cette fois, je le sentais, ça serait différent. « Ça va faire un bon reportage», me suis-je dit.

Donc, direction Westmount avec toutes les meilleures intentions du monde. L’événement se tient au Club Atwater : un établissement privé qui héberge des terrains de tennis, de pickleball et de squash, ainsi que des salles de sport. Je comprends vite que c’est ici que l’élite montréalaise vient se faire aller le pouls une fois de temps en temps.

Au vestiaire, je laisse mon manteau à la vue. Aucun danger qu’il ne se fasse voler ici.

Publicité

Sur l’invitation, le dress code appelait à une tenue « sporty chic ». J’enfile rapidement mon interprétation libre (soit des shorts, une camisole noire et un joli petit collier de perles, fausses, bien sûr). Bien changée, bien sporty chic, je rigole toute seule en voyant les séchoirs Dyson Hair Wrap* mis à la disposition des membres.

*Allez googler le prix pour comprendre mon délire.

Genie, je t’attends

Je sors du vestiaire, monte un escalier cossu et débarque dans une grande salle où se tient le « cocktail hour ». Sans attendre, je passe par le petit buffet et me sers une pleine assiette de viandes froides, fromages fancy qui puent et beaucoup de raisins verts (le fruit des riches).

Mon assiette bien garnie, je me mets à la recherche de Genie. On m’avise qu’elle n’est pas encore arrivée, mais que je peux aller jouer au pickleball en attendant. Bof. Pas que je m’en fous du pickleball, mais je suis ici pour Genie.

Publicité

En l’attendant, j’aiguise mon small talk avec une créatrice de contenu récemment devenue maman, j’échange avec les coachs sur les règles du pickleball, je danse sur les chansons pop mixées par le DJ (qui, je l’avoue, est pas mal cute).

Quelques minutes plus tard, Genie débarque. Tout de suite, je suis frappée par sa beauté. Elle ressemble à une poupée de porcelaine.

Elle prend une raquette et s’installe sur le premier court. Elle semble « contente » d’être là, mais j’assume qu’elle est surtout ici pour un cachet qui surpasse sans doute mon salaire annuel.

Photo: Club Med
Photo: Club Med
Publicité

Échanger des balles, encourager les pas-très-bons-mais-contents-d’être-là, sourire parfois, prendre des photos, répondre à deux, trois questions, encaisser le chèque. J’admire l’ensemble de l’œuvre en attendant mon tour. Je tombe peut-être même en amour avec elle. Entre le DJ et Genie, mon coeur balance.

Une bine sur l’épaule me ramène sur Terre. C’est enfin mon tour.

Je prends place près de Genie sur le court.

J’essaie d’établir un eye contact.

Je réussis.

Je panique.

Je lui lance nerveusement : « C’est ma première fois. »

Elle ne me répond pas.

J’ai envie de mourir.

On affronte deux dames qui, à en juger par la panique dans leurs yeux, en sont sans doute, comme moi, à leurs premiers échanges. Genie me signale que je dois servir. Tétanisée, je prie le ciel pour ne pas m’auto faire honte.

Moi, nouvellement convertie au pickleball. Photo: Club Med
Moi, nouvellement convertie au pickleball. Photo: Club Med
Publicité

La partie commence. Le service se fait par en bas. Rien à voir avec les services du tennis qui déboîtent l’épaule.

Au fil des échanges, mille questions me brûlent les lèvres. Je veux d’abord savoir si elle préfère sincèrement le pickleball au tennis.

Elle me répond (en anglais) qu’elle préférera toujours le tennis, son premier amour.

Nos cinq minutes de jeu sont écoulées. Constat : j’ai complètement zone out, portée par l’absurdité de la scène. J’ai disputé mon premier match de pickleball en double avec Eugénie Bouchard. Faut le faire. C’est comme chanter pour la première fois en duo avec Céline. Cuisiner avec Ricardo. Conduire avec Lewis Hamilton. Vous comprenez.

On prend quelques photos.

Je mets ma main derrière sa hanche, mais je la retire aussitôt.

J’ai à nouveau envie de mourir.

Moi et mon nouveau crush. Photo: Club Med
Moi et mon nouveau crush. Photo: Club Med
Publicité

Son assistante m’agrippe le bras et m’annonce que je peux commencer mon entrevue.

OK, laissez-moi aller chercher mon micro et ma caméra.

J’installe le tout très rapidement. Je prie le ciel à nouveau pour que les micros fonctionnent. Genie se tient devant moi. Je lui demande si elle peut faire l’entrevue en français.

– Je peux, mais je préfère la faire en anglais.

Je suis trop amoureuse pour rouspéter.

C’est parti.

C’est quoi le hype avec le pickleball?

« Tout le monde que je connais est obsédé par le pickleball. Je pense que ce qui fait son attrait, c’est son aspect très social. Alors, même si je suis meilleure que toi (which I am), on va quand même avoir du fun parce que ça s’équilibre. Même si tu débutes, tu peux avoir un rally, et c’est ça qui est l’fun. J’encourage vraiment tout le monde à sortir et jouer au pickleball. »

Publicité
Qu’est-ce que tu réponds aux personnes qui disent que le pickleball, c’est là où les joueurs de tennis vont pour mourir?

« Je leur dis que le pickleball est le sport avec la plus grande croissance aux États-Unis. Il y a tellement de belles opportunités à saisir, je suis fière de faire partie des débuts de ce sport en pleine croissance. J’aimerais aussi rappeler aux gens qu’ils peuvent faire les deux, moi-même je continue de jouer au tennis. Je ne crois pas qu’il faut nécessairement choisir. Tu n’as pas besoin de haïr l’un ou l’autre. D’ailleurs, il y a trop de haine dans ce monde… Laissez le pickleball tranquille. »

Et c’est tout.

L’entrevue se conclut sur ce cri du cœur. On rigole. J’arrête l’enregistrement. Une minute et deux secondes. Eh bien. J’ai exagéré.

Publicité

Je lève les yeux et Genie est déjà accaparée par un autre journaliste pressé de tirer le maximum de sa minute avec la joueuse.

Je me tourne vers le beau DJ qui range son stock et roule ses fils. Je n’ai pas envie de l’aider. C’est l’heure de rentrer.

Je trouverai l’amour un autre soir.

Photo: Club Med
Photo: Club Med

Avant de finir, voici d’autres questions que j’aimerais vraiment aimé poser à Genie, si jamais l’occasion se présente à nouveau.

Est-ce qu’on peut avoir un scoop sur ton costume d’Halloween pour l’an prochain?

Publicité

Qu’est-ce que tu dis aux personnes qui te critiquent parce que t’as une vie à l’extérieur du tennis?

Veux-tu sortir avec moi?