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Une fin de semaine de canot-camping avec 11 parfaits inconnus

Se réapproprier le plein air, un coup d’aviron à la fois.

Par
Clara Beaulieu
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Lorsque Jamillah, la fondatrice de Hike Mtl, une organisation qui a pour mission de donner aux personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC, ou BIPOC en anglais) et aux groupes marginalisés les moyens de se réapproprier les espaces extérieurs, m’a annoncé qu’elle organisait une fin de semaine de canot-camping au Parc régional du Poisson Blanc en juillet, j’étais absolument aux anges.

Il s’agit d’une activité qui figure sur ma bucket list depuis plusieurs années déjà, mais faute de temps, d’argent et de ressources, l’activité avait été mise en suspens. Alors, quand les inscriptions sont sorties, sachez que j’ai sprinté jusqu’à leur site web et, avec un peu de chance, j’ai réussi à sécuriser l’avant-dernière place pour cette fin de semaine qui promettait d’être mémorable. Seul bémol; elle allait se dérouler avec 11 inconnus.

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Je suis de retour en ville depuis plusieurs jours maintenant et je n’en reviens toujours pas. C’était effectivement une fin de semaine inoubliable. Même si elle s’est déroulée avec des étrangers, je ne l’aurai pas faite autrement.

Le canot : zigzags et patience mise à l’épreuve

La dernière fois que j’avais fait du canot, c’était dans mon cours d’éducation physique en secondaire 5… dans une piscine de 20 mètres. Alors on peut dire que je n’avais pas forcément confiance en mes habiletés. Moi qui m’attendais à pagayer pendant 30 minutes pour me rendre à notre site de camping, j’avais la mâchoire à terre lorsqu’on m’a annoncé que l’excursion durerait deux heures.

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Une chose que j’ai apprise cette fin de semaine-là, c’est que le canot est un excellent moyen de tester sa patience. J’ai passé la fin de semaine à faire des zigzags sur l’eau parce que, en bons néophytes de la discipline, mes coéquipiers et moi étions incapables de naviguer en ligne droite. Éventuellement, on a appris à lâcher prise et on a profité de la ride qui, dois-je ajouter, a pris beaucoup plus de temps que les autres membres du groupe.

En comptabilisant toutes les heures de canotage de la fin de semaine, on a passé près de cinq heures à pagayer et malgré tout, je ne peux toujours pas me vanter de mes aptitudes en canot. À la fin du séjour, l’une des participantes m’a même lancé : « Le canot-camping, c’est vraiment ton activité… sauf la partie canot ». Évidemment, j’en ai ri et j’étais plutôt d’accord avec elle.

Le camping : ennui sous la pluie

Ça faisait un bail que je n’avais pas passé autant de temps dans les bois. Lorsqu’on est pris dans la routine, c’est facile d’oublier à quel point on est bien en nature. La fin de semaine a été remplie de baignade, d’un atelier d’art, de bonne musique et d’excellente nourriture. La pluie et les orages auxquels on a eu droit pendant quelques heures s’imposent toutefois sans aucun doute comme mon moment favori du week-end.

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Le deuxième jour, notre après-midi a été interrompu par des températures moins clémentes et on s’est retrouvés plusieurs sous la bâche à regarder la pluie tomber. Pour la première fois depuis longtemps, je m’ennuyais, et ça m’a tellement fait du bien! On a tendance à fuir l’ennui, mais aussi cliché que ça puisse paraître, ce petit moment m’a permis de me recharger.

Les 11 inconnus : une communauté trouvée

Étant de nature plus réservée, j’appréhendais l’idée de partir trois jours dans les bois avec des étrangers. Mais comme je l’ai rapidement constaté, lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire que de parler, des liens se créent inévitablement. C’est initialement notre intérêt commun pour le plein air qui nous a rassemblés. À mon avis, ce sont surtout nos identités qui ont joué un plus grand rôle dans nos rapprochements.

À savoir que la fin de semaine de canot-camping organisée par Hike Mtl était réservée aux communautés PANDC, soit les personnes autochtones, noires et de couleur. Grande amatrice de plein air à mes heures, je croise rarement des personnes qui me ressemblent dans ces espaces. En toute honnêteté, ça me donne souvent l’impression de ne pas fitter dans le monde du plein air.

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Me retrouver trois jours en nature avec des gens qui me ressemblent m’a donc offert un sentiment de communauté qui n’est pas facilement accessible en nature pour les personnes marginalisées et racisées. C’est assurément la chose dont je suis la plus reconnaissante au terme de cette fin de semaine.

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La leçon : au-delà des compétences

Quelques semaines après mon retour en ville, je repense encore souvent à la fin de semaine de camping avec ces 11 inconnus. Elle se taille une place bien méritée dans le top 5 des moments marquants de mon été!

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Outre les nombreuses leçons apprises au cours de la fin de semaine (j’ai, entre autres, appris à faire des nœuds coulants!), j’en tire l’importance pour les communautés PANDC de revendiquer ces espaces en plein air. En nous engageant dans des activités comme le canot-camping, on change le discours qui veut que le plein air soit « pour les blancs », ce qui favorise une plus grande diversité et inclusion dans cet univers.

Même si je ne sors certainement pas de là avec des habiletés hors-normes en canot, je peux au moins me vanter des magnifiques rencontres que j’ai faites.

Voyez notre reportage vidéo sur l’activité juste ici.