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Une «date» sur l’eau, loin du bitume
URBANIA et la SÉPAQ s’unissent pour vous faire tomber en amour (ou en bas de votre paddle board) le temps d’une escapade en nature.
Je trouve que les coïncidences sont les plus belles choses au monde.
Et quand l’une s’entrechoque sur l’autre comme une vague, ce n’est plus une coïncidence. C’est un rendez-vous et c’est le temps d’y aller.
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Ma mère ne voulait pas de nom, juste une photo. « Oh, un moustachu… semble déterminé, bonne première impression. » J’ai gloussé et avalé mon café de travers.
C’est qu’elle voulait voir avec qui j’allais passer ma première date en presque-fin-de-pandémie.
J’aimerais affirmer que l’invitation s’est faite aisément, mais ce serait jouer avec la réalité.
Ma mère ne voulait pas de nom, juste une photo. « Oh, un moustachu… semble déterminé, bonne première impression. » J’ai gloussé et avalé mon café de travers.
La désinvolture de mon invitation un samedi soir, 19h, deux (trois) White Velvet dans le corps, a été précédée la nuit d’avant par d’interminables hésitations, entre les ah je vais y aller avec un ami gars, non, mais le but c’est d’y aller avec une date, prend ça relax avec un ami, ah pis met tes culottes pis vas-y avec celui qui te tente le plus. Go, fille.
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Je sais par la nature de nos échanges qu’on ne pourra jamais être amis. Un magnétisme, ça se contrôle pas.
Je me suis quand même demandé si assez de signes s’étaient dessinés pour que je glisse le mot « date » et qu’il ne s’étouffe pas à son tour. C’est toujours curieux, s’inviter dans les messages privés d’un garçon avec une intention claire.
J’ai tout misé avec ma proposition d’une journée dans un parc national de la SÉPAQ… et ç’a payé. Il était partant.
J’avais envie de brouiller mes codes établis, de m’évader en nature pour vivre ma première date depuis la pandémie.
Pas de distractions, de l’air qui se peut. Quitter un univers aseptisé, régit par une musique trop forte pour laisser place à des couleurs qui piquent les yeux.
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Il est arrivé devant mon appartement tout sourire, un vendredi matin avec sa veste de flottaison vert lime déjà enfilée, un chapeau de pêche et une chemise colorée.
Colle, bise, clin d’oeil ? Non, mais un grand sourire.
Il ne sera pas nommé ici, sa profession ne sera pas dévoilée non plus. Il a juste de belles boucles qui mériteraient un peu de sérum, des yeux rieurs, un sourire franc, un humour décalé.
Colle, bise, clin d’oeil ? Non, mais un grand sourire.
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On part d’Hochelaga dans mon Nissan Cube, avec l’espoir d’une journée qui ne se fondra pas dans la banalité des autres.
Lui co-pilote, moi au volant, les deux de nature distraite, je manque évidemment la première sortie pour le Parc national des Îles-de-Boucherville. On réussit à se faufiler dans le trafic déjà dense pour un vendredi matin et à revenir sur nos pas. Heureusement, le parc n’est qu’à 20 minutes de Montréal et on ne perd pas trop de temps.
La chanson Pékin (les amitiés) de Jason Bajada bourdonne dans ma voiture.
Notre activité pour s’extirper du bruit et profiter des paysages? Du paddle board.
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Arrivés au parc, Rémi, du centre de location, nous scrute. La journée est grise, le vent souffle fort. « Ça sera pas facile », qu’il nous dit avec ses yeux moqueurs.
Il nous conseille de commencer à contre-courant et s’assure que nous sommes capables de maîtriser la pagaie. C’est la première fois pour mon acolyte, mais j’apprendrai plus tard qu’il est un pro de canoë camping. Il va être bon.
Comme ma mère dirait: « C’est un original ». Les exemplaires uniques m’ont toujours attirée.
On s’élance sur nos planches comme des Milléniaux abordant leurs vendredis soirs: brillants de confiance, mais intérieurement un peu anxieux.
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Ça fait du bien, être debout sur l’eau. Il y a un calme qui enveloppe tous les scénarios catastrophes et qui nous arme d’une certaine assurance. Ça détendrait même les esprits tourmentés, qui valident à quatre reprises d’avoir bien verrouillé leur serrure.
On suit les conseils de Rémi et on longe la rive.
Le fleuve semble être au courant qu’on ne voulait pas de témoin pour cette rencontre. Il nous a laissés pagayer ses eaux à nous seuls. On est chanceux.
Ma date, a, sans surprise, gagné plusieurs mètres d’avance sur moi.
Il me crie : « Est-ce qu’on se rend plus loin ? »
« Mets-en ».
Mais Rémi avait raison. Le vent est fort.
Je rassemble toutes mes forces et j’avance.
Je sais qu’il travaille fort sur son image de gars insouciant. C’est drôle, mais ça ne cadre plus du tout quand il va choisir soigneusement les fois où il frôlera ma peau, candidement.
En tentant de glisser une mèche de cheveux hors de mes lunettes de soleil, j’échappe ma pagaie. « Boum! » Regard furtif à gauche et droite. Mon pied perd son ancrage et je glisse de tout mon long dans l’eau. Évidemment que j’allais tomber. L’eau est bonne et il me regarde de loin, en tentant de regagner ma planche. On rit.
Après 20 minutes de sur-place de mon côté (Rémi m’avait bien cerné), on décide de se laisser porter dans l’autre direction. J’enlève mes vêtements trempés et je laisse les rayons du soleil me sécher.
Je sais qu’il travaille fort sur son image de gars insouciant. C’est drôle, mais ça ne cadre plus du tout quand il va choisir soigneusement les fois où il frôlera ma peau, candidement. Ça va grimper haut dans ma nuque et je vais échapper un rire pour compenser l’effet de surprise. Au moins, je peux passer ma chair de poule sur l’effet du froid.
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Une heure plus tard, on s’arrête sur une berge pour manger, nus pieds, mes vêtements trempés.
Des traces de pattes de chevreuil sont collées sur le sable. Une grosse marmotte traverse la rive pour venir fouiner.
Le vent nous salue et l’air est froid, mordant. Ça fait du bien après les grandes chaleurs.
Je suis affamée, lui aussi. La fatigue n’embrume ni sa vivacité d’esprit ni son écoute. Il n’essaie pas d’utiliser la conversation pour briller et je trouve ça terriblement charmant.
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Se retrouver dans un grand espace sans distraction avec une date aurait pu se révéler être une expérience assez anxiogène. C’est tout l’inverse : autant le corps que la tête bénéficient d’une pause de cette dictature du divertissement que le bitume nous impose.
La fatigue n’embrume ni sa vivacité d’esprit ni son écoute. Il n’essaie pas d’utiliser la conversation pour briller et je trouve ça terriblement charmant.
Il y a vraiment quelque chose de décomplexant à aller dans un parc national de la SÉPAQ dans un contexte de vulnérabilité. Le silence n’a pas à être hachuré d’anecdotes ou de statements maladroits; il fait partie de l’expérience et il faut l’apprivoiser. Se coller au silence de l’autre a quelque chose d’enivrant.
En fin d’après-midi, on se décide enfin à retourner sur la terre ferme. De gentils monsieurs me lancent des cris d’encouragement sur leurs quais.
Le vent a redoublé d’ardeur, la pluie picote mes épaules. Il nous reste une petite heure à pagayer, avec le courant cette fois.
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La journée tire à sa fin. Se laisser porter sur l’eau a quelque chose d’immensément réparateur.
Je le laisse nous conduire pour revenir à Montréal.
La chanson The Grand Optimist de City and Colour nous berce et défie le chaos qui s’est immiscé sur les routes de fin de journée à Montréal.
Mes bras sont faibles, ils tirent partout dans mon corps.
Mon cœur, aussi.
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Saviez-vous que les parcs nationaux de la SÉPAQ sont créés d’abord et avant tout pour protéger la faune et la flore d’un territoire défini pour que les générations futures puissent en bénéficier comme nous le faisons actuellement? Il y a 24 parcs nationaux de la SÉPAQ au Québec, du choix en masse pour votre première date déconfinée… ou tout simplement pour vos vacances d’été. Apprenez-en plus sur les parcs nationaux de la SÉPAQ, ici!