Quel sportif n’a jamais rêvé de jouer à un niveau professionnel ? De se rendre aux olympiques ? Ou encore de terminer son parcours sportif, trophée à la main ? Disons que la dernière année, en plus de nous faire découvrir les plaisirs du couvre-feu, aura aussi décidé du sort de la carrière de plusieurs athlètes.
Imaginez. On se retrouve en mars 2000, plus que quelques matchs à la saison régulière. L’un des défenseurs les plus prolifiques de l’histoire de la Ligue nationale de hockey, Raymond Bourque, n’a encore jamais mis la main sur la prestigieuse coupe Stanley. Malgré ses 1506 points avec les Bruins de Boston, il en vient à penser que pour y parvenir, intégrer une autre équipe est la seule solution possible. Le 6 du même mois, il prend la direction du Colorado où il terminera la saison régulière et les séries sans championnat. Il vieillit. Selon plusieurs experts, il ne lui reste qu’une seule saison dans la ligue. À l’aube de la saison 2000-2001, une pandémie frappe.
La saison est annulée.
Raymond Bourque ne soulève pas la coupe en 2001.
Il prend sa retraite.
Fin.
Triste histoire non ?
«Avant même que la ligue nous confirme que nous ne jouerions pas, j’avais déjà un peu pris ma décision. Il ne me restait que 2 cours à mon DESS et je me sentais prêt à faire mon entrée sur le marché du travail.»
Si, dans le cas de Bourque, la fin de l’histoire telle qu’on vient de la raconter est de la pure fiction, pour l’ancien quart-arrière des Carabins de l’Université de Montréal, Frédéric Paquette Perrault, c’est un peu ce qui s’est passé (bon, ce n’est pas l’un des plus grands de l’histoire, tous sports confondus, mais quand même). L’athlète a pris le chemin de la retraite du football universitaire principalement en raison du virus dont on ne souhaite plus entendre parler. Il se dit tout de même très serein avec cette décision.
Il faut dire que ce n’était pas la première année sabbatique de Paquette Perrault, lui qui avait fait ses débuts avec les feux Redmen de l’Université McGill avant de passer chez l’ennemi 2 ans plus tard. Cependant, avant d’enfiler l’uniforme des Bleus, il a dû prendre une saison complète d’arrêt ce qui lui a donné un aperçu de ce qui allait arriver le jour où il ne pourrait enfiler ses épaulettes et se prendre pour Tom Brady (ou Patrick Mahomes, c’est selon).
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«Cet arrêt-là était vraiment plus difficile pour moi, c’était un gros test.»
Il faut toutefois souligner que Usport, l’organisme dirigeant du sport universitaire au Canada, anciennement le SIC (Sport interuniversitaire canadien), a permis aux athlètes-étudiants de cinquième et dernière année d’éligibilité de repousser leur départ du sport universitaire d’un an. Option que celui qui a porté les couleurs du collège Jean-Eudes au secondaire a préféré décliner pour se concentrer sur sa carrière et sur la maîtrise qu’il débute tout juste.
Une 5e et dernière saison pour les footballeurs universitaires est souvent la cerise sur le sundae d’une carrière qui tend à se terminer. Bien qu’il respecte à 100% la décision de son quart-arrière, Mathieu Pronovost, entraîneur de la ligne offensive des Carabins, affirme que son absence se fera sentir surtout dans le vestiaire. « Pour moi, un leader c’est quelqu’un qui est capable de bien faire ses propres tâches sur le terrain et à l’extérieur, exactement comme Fred. Il était quart-arrière partant, a terminé son bac en finances, a complété un DESS en analyse d’affaires et débute tout juste une maitrise en transformation numérique, tout ça à l’intérieur de 5 ans. Ça démontre son éthique de travail et sa hargne, chose qu’il était capable de transmettre à ses coéquipiers. Il avait un peu le rôle de grand frère. »
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Avec la saison de football qui a débuté il y a quelques semaines, Frédéric reste en paix avec sa décision. Il sera même le plus grand supporteur des Bleus et tout ça sans avoir à se lever à 6h30 du matin pour aller courir (une petite pensée à tous ses anciens coéquipiers).
Quand on y pense, le quart-arrière aura tout de même terminé sa carrière avec un trophée, remportant la Coupe Dunsmore dans l’uniforme des Carabins, face au Rouge et Or, devant une imposante foule de 10 507 spectateur.trice.s. Ayant par la suite subi une blessure en coupe Uteck, il n’aura pas pu se rendre jusqu’à la Coupe Vanier, ultime honneur en football universitaire, mais cette dernière r écompense n’en fut pas moins marquante.
« Cette coupe Dunsmore reste le plus beau souvenir de ma carrière » m’a-t-il partagé avec enthousiasme et sérénité.
On lui souhaite bonne retraite!
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Retour aux sources
Ce temps de repos forcé pour les universitaires n’aura pas été négatif pour tout le monde, bien au contraire. L’athlète de Cross-Country de l’Université de Sherbrooke, Eloïse Dubé, a été privée de compétitions pendant près d’un an. La coureuse qui s’apprête à rechausser les souliers de course, affirme que cette pause obligatoire lui a permis de retomber en amour avec son sport. « Pendant l’année scolaire, quand on est toujours dans ce quotidien-là, d’aller courir avec l’idée qu’une compétition s’en vient, la motivation devient plus difficile par moment. Mais cette pause m’a permis de retrouver le plaisir d’aller jogger, ça m’a vraiment marqué. »
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Il faut dire que les entraînements de course tant intérieur qu’extérieur sont exigeants. C’est un bon 50-60 kilomètres à parcourir chaque semaine, parfois plus, et avec l’école, les travaux, la vie sociale, disons qu’il devient difficile d’avoir le luxe de faire autre chose. « On n’était pas obligées de suivre nos plans d’entraînement à la lettre puisqu’il n’y avait pas de compétitions. Et j’avais l’option de faire d’autres sports si je le voulais. Je suis allée faire du ski alpin avec mon père, je ne me souviens pas la dernière fois que j’ai pu faire ça. »
«J’ai vraiment hâte de retrouver ce sentiment d’accomplissement.»
Si cette pause a été bénéfique, elle estime qu’il est plus que temps de replonger dans l’arène.
Sur l’aspect physique, une blessure aux deux pieds survenue au début du mois de juin est venue un peu changer ses plans. « J’avais un volume très imposant de kilométrage dans les jambes avant de recommencer les entraînements sur piste et je pense y être allée un peu trop fort. » Résultat? Elle a dû mettre une croix sur sa saison estivale et n’a donc pas pu se remettre dans le bain des compétitions avant le début de la saison universitaire. Un aspect qui peut la désavantager selon elle. « C’est certain que sur le plan mental, je me sens moins forte que les filles qui ont pu s’affronter cet été. Et même physiquement, j’ai dû ralentir le rythme des entraînements, je n’ai pas pu pousser la machine comme je l’aurais voulu. »
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Optimiste, elle croit tout de même être en mesure d’aller chercher l’endurance et la capacité physique en compétition. La saison s’annonce ardue pour la Sherbrookoise, mais elle se sent prête à se remonter les manches et donner tout ce qu’elle a. On lui souhaite merde pour ses premières compétitions qui auront lieu sous peu.
La sentez-vous cette odeur ? Cette odeur de vieil équipement plein de sueurs qui trainait dans le coin du sous-sol depuis 1 an ? Cette odeur de sueur après une course à 30 degrés, 42 avec le facteur humidex ? Cette odeur de hot-dogs relish, moutarde et de Budweiser trop chère dans un stade ? Cette odeur de victoire. Il était temps que le sport revienne dans nos vies!
Bonne saison à tou.te.s les athlètes-étudiant.e.s!