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Un trésor polysémique : L’Ananas de l’UQAR
C’est caché entre le frigo communautaire de Lèches-babines et les casiers de l’Université du Québec à Rimouski que L’Ananas, la bibliothèque féministe de l’UQAR, accueille les lecteurs et lectrices avides de découvertes. Cette bibliothèque, fondée par cinq diplômées de l’UQAR en janvier 2018, dénombre aujourd’hui environ 300 membres actifs de la communauté étudiante ou de la ville de Rimouski et ses environs.
Deux fondatrices, Aurélie Chagnon-Lafortune et Marianne Lefebvre-Campbell, ont accepté de nous partager l’histoire derrière cette initiative.
Une attitude féministe
Marianne Lefebvre-Campbell explique que les fondatrices souhaitaient créer une bibliothèque qui aurait une « attitude féministe ».
« Une bibliothèque féministe, ça rime aussi avec inclusivité, accessibilité et une conscience des intersections au niveau des expériences de vie, note-t-elle. Ça n’a pas de sens pour nous que si tu n’as pas de domicile fixe ou de preuve de résidence parce que tu viens d’arriver, tu ne puisses pas emprunter un livre, ou que tu doives payer des frais de retard quand tu n’arrives déjà pas à la fin du mois. »
En effet, tout le monde peut devenir membre de L’Ananas, qu’on étudie à l’Université ou non, et qu’on habite à Rimouski ou non. La seule condition est de rapporter le livre emprunté une fois la lecture terminée!
«Notre but était de créer un espace d’apprentissage et de rencontre qui alimente et dynamise la communauté féministe de l’UQAR.»
Lorsque l’idée de la bibliothèque féministe a émergé, les jeunes femmes, qui étaient alors étudiantes à l’UQAR, ne souhaitaient pas remplacer les bibliothèques déjà existantes de Rimouski, mais plutôt répondre à des besoins présents dans la communauté.
« Notre but était de créer un espace d’apprentissage et de rencontre qui alimente et dynamise la communauté féministe de l’UQAR », précise Aurélie Chagnon-Lafortune.
L’Ananas adopte une approche qui permet de développer la réflexion. Les fondatrices cherchent à viser un large public, ce qui a mené la bibliothèque à accueillir des livres de tous les genres littéraires : essais, romans, bandes dessinées, livres pour jeunes enfants, etc. Il n’y a donc pas que des femmes qui visitent régulièrement l’endroit, mais également des hommes qui se questionnent notamment sur les enjeux féministes, et des papas qui viennent emprunter des livres pour leurs enfants.
Pourquoi « L’Ananas »?
Mais d’où vient le nom « L’Ananas »? Que signifie-t-il?
En plus d’être un fruit composé, c’est-à-dire qu’il est formé de plusieurs fruits à la fois, l’ananas est un mot qui peut exprimer diverses idées en même temps lorsque prononcé à voix haute. C’est cette idée qui a, entre autres, beaucoup plu aux fondatrices. Comme le fruit, la bibliothèque a vu le jour grâce à l’entraide de différents acteurs. Par ailleurs, il y a une connotation plus anodine qui peut en faire sourire certain.e.s : « La nana ».
C’est que la création d’une bibliothèque ne se fait pas du jour au lendemain. L’Ananas est le fruit (c’est le cas de le dire) d’un travail d’équipe. Les fondatrices ont reçu l’aide financière du Fonds de soutien aux projets étudiants de l’Université et ont gagné la première place au Défi Dragon (un concours récompensant les projets entrepreneuriaux des MRC de Rimouski-Neigette et de La Mitis) l’année de la création de la bibliothèque.
Les librairies L’Alphabet et L’Euguélionne ont également apporté leur appui et leur expérience. C’est sans oublier les paires de bras de l’entourage des fondatrices qui ont aidé à l’installation de la bibliothèque en aidant notamment à la plastification des œuvres.
L’Ananas Express
«Le terme féministe, pour nous, ne signifie pas uniquement “parler des femmes” ou “écrit par les femmes”. On tente d’avoir une approche intersectionnelle en diversifiant les sujets et les auteur.e.s»
Financés par le Pôle d’économie sociale du Bas-Saint-Laurent, quelques membres du comité de la bibliothèque féministe de l’UQAR se sont promené.e.s pendant l’été 2018 dans les parcs et les marchés publics de Rimouski. Ce projet avait pour but de promouvoir L’Ananas et la découverte de ses œuvres littéraires. Cela a permis à la bibliothèque de se faire connaître et de tisser des liens avec des organismes communautaires, comme le Centre-Femme, qui a par la suite invité la bibliothèque mobile à son pique-nique de fin de saison.
« Une de mes plus belles expériences, c’est de voir la réaction des gens quand on leur propose une lecture dans un parc, raconte Marianne. Tout le monde pense que c’est une arnaque ! » Mais ce n’en est pas une : L’Ananas permet de créer des liens entre la lecture et le plaisir.
Aujourd’hui, L’Ananas est chapeautée par le comité féministe de l’UQAR, qui compte une douzaine de membres. Ces dernières poursuivent toujours l’objectif initial et bien plus.
« Le terme féministe, pour nous, ne signifie pas uniquement “parler des femmes” ou “écrit par les femmes”. On tente d’avoir une approche intersectionnelle en diversifiant les sujets et les auteur.e.s », partage Johannie Harvey, membre actif.ve du comité.
La bibliothèque L’Ananas est ouverte du lundi au vendredi, de midi à 13 h.
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