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Un squelette dans le placard de l’UQTR
Lors de sa fondation en 1969, l’Université du Québec à Trois-Rivières n’abritait pas encore de laboratoire d’anatomie humaine comme c’est le cas aujourd’hui. La légende veut qu’à l’époque, les professeurs attendaient le bon moment pour présenter en chair et en os celui qu’on appelle Oscar. Bon, juste en os puisqu’il s’agit d’un squelette. Au moment opportun, lorsque les étudiants de première année en éducation physique et en santé ne s’y attendaient pas, les profs sortaient Oscar du placard pour parler d’anatomie.
C’était souvent le premier contact des étudiants avec un corps humain, mort. « J’étais impressionné de voir un squelette devant moi et tout le monde autour semblait aussi fasciné. Le professeur avait attaché Oscar avec une chaîne entre les os et la colonne », raconte Martin Lambert, ancien étudiant en éducation physique devenu conseiller aux activités étudiantes. Si aujourd’hui les professeurs ne sortent plus Oscar, Martin, lui, continue de partager l’histoire avec les étudiants.
Parce que la question incontournable, c’était : C’tu un vrai squelette ?
Session après session, les cohortes alimentaient la rumeur selon laquelle Oscar était un véritable squelette humain. Vrai ou pas ? On ne l’a jamais su, mais savoir qu’il y avait un squelette caché dans un placard dans un gymnase de l’UQTR fait jaser. Surtout qu’il pourrait encore y être confiné.
Un apprentissage hors du commun
Avec les années, l’enseignement s’est modernisé et Oscar n’en fait plus partie. En 1993, l’université a créé le laboratoire d’anatomie humaine, qui est devenu une référence au Québec.
Au laboratoire, les étudiants peuvent apprendre au contact de véritables cadavres ou encore de spécimens plastinés (la même technique de conservation des corps utilisée pour l’exposition chinoise Bodies, vue par des millions de personnes). Ce sont des citoyens qui décident de donner leur corps au laboratoire après leur mort, afin de contribuer à l’enseignement et à la recherche scientifique.
«C’est choquant, car tu aperçois le corps d’une femme de 57 ans morte d’un cancer et tu te dis ‘C’est l’âge de ma mère’», raconte une étudiante en soins infirmiers.
Pour les étudiants, c’est une expérience unique, qui peut quand même être troublante au début. Pour tous les corps, les étudiants savent l’âge et la cause du décès. « C’est choquant, car tu aperçois le corps d’une femme de 57 ans morte d’un cancer et tu te dis ‘C’est l’âge de ma mère’», raconte une étudiante en soins infirmiers . En ce sens, le laboratoire permet non seulement l’apprentissage du corps humain, mais aussi la sensibilité à avoir avec les patients.
L’UQTR est le seul établissement à posséder une telle installation et les professionnels de la santé viennent d’un peu partout pour y parfaire leur formation en anatomie.
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Crédit: NEO UQTR
Encore aujourd’hui, l’idée de savoir qu’il y a des cadavres dans le sous-sol à l’université donne des frissons. Même si les étudiants en sciences de la santé connaissent l’existence du laboratoire, la plupart redoutent leur première visite. On vit dans le déni, jusqu’au jour où l’inévitable se produit : un prof annonce que le prochain cours se tiendra au sous-sol.
Puis, on s’y rend et on découvre… quoi ?
Que c’est pas si pire que ça finalement ? Que c’est bon de confronter ses peurs ? Que c’est bon de vérifier si on est fait pour être médecin ? Qu’on est reconnaissant que certaines personnes donnent leur corps pour notre apprentissage.
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Crédit: NEO UQTR