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Un Noël pas comme les autres qui fait réfléchir
C’est devenu l’un des clichés de la pandémie. Comme ces entreprises qui commencent leur message publicitaire par: «en cette période difficile». Ou les gens qui se filment dans leurs voitures en disant: «je ne voulais pas faire de vidéo, mais là, j’ai pas le choix…»
Non, on ne l’aura pas facile ce Noël. Tout ce qui symbolise la fête est désormais interdit. Les rassemblements, les grands festins partagés, les partys de bureau. Il nous reste l’alcool et les cadeaux. Nous nous plaignions ces dernières années que Noël était devenu la fête de la consommation. C’est maintenant plus vrai que jamais. La consommation, c’est tout ce qu’il nous reste.
Les souvenirs sont formés de moments discordants, qui contrastent dans notre routine établie.
Ère de consommation, nous sommes aussi dans une ère de communication. Quel excellent timing pour nous garder loin les uns des autres, au moment même où nous sommes plus connectés que jamais. Du moins, c’était là le rêve. Maintenant, les moyens de communication nous semblent, eux aussi, un peu vides.
Ce Noël, nous expérimentons tous avec le manque et avec le deuil. Et si tous les discours nous rabâchent qu’il s’agira là d’un Noël à oublier, je ne crois pas qu’il sombrera dans l’oubli. Les souvenirs sont formés de moments discordants, qui contrastent dans notre routine établie.
Cette année, nous pourrions nous offrir le cadeau de la lenteur.
Ces dernières années, nous étions dans une course effrénée pour créer des souvenirs. Pour voir la joie sur les visages de nos proches en trouvant LE cadeau parfait. Mais entre vous et moi, nous nous retrouvions souvent épuisés et stressés. Nous osions même dire: «J’ai hâte que les Fêtes finissent.» Trop d’abondance, ça finit par donner mal au cœur.
Les plus beaux récits de Noël sont créés dans le manque et le partage.
Cette année, nous pourrions nous offrir le cadeau de la lenteur. Celui d’un Noël centré sur nos proches, très proches. L’abondance est partie, il nous reste l’imagination. Chose certaine, nous nous en souviendrons.
Les plus beaux récits de Noël sont créés dans le manque et le partage. La trêve de Noël de 1914 a créé une pause au milieu du carnage de la guerre. Pendant un bref moment, deux armées ennemies devenaient solidaires. Loin de leurs proches, les soldats se sont rapprochés comme ils pouvaient.
Combien de familles québécoises ont été séparées dans notre histoire pendant le temps des Fêtes? Pendant que l’un s’ennuyait à La Manic, l’autre élevait 14 enfants. Même nos légendes sont nées de l’éloignement. Nous étions prêts à vendre notre âme au diable pour aller voir nos familles dans un canot volant.
Plus tard, dans un moment banal, nous réaliserons que cette période a laissé son empreinte.
Cette année, nous aurons droit à un Noël empreint de nostalgie et d’un peu de tristesse. Il laissera une empreinte dans nos mémoires, cet hiver qui commence à peine et qui n’en finit déjà plus.
Nous ne prendrons pas conscience cette année de la cicatrice qui se forme dans nos cœurs. Même les plus privilégiés ont eu des petits deuils à faire. Plus tard, dans un moment banal, nous réaliserons que cette période a laissé son empreinte. Et à ce moment, nous respirerons un grand coup.
Il y aura d’autres Noëls. Mais celui-là est unique. Prenez le temps de le vivre, de le savourer en quelque sorte, même s’il a un goût un peu amer. Un tel Noël produit des histoires, que l’on racontera pendant des années.
Joyeuses Fêtes à tous et toutes, où que vous soyez. Vivez, donnez, prenez soin les uns des autres.
Il y en aura d’autres.
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