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Noël, c’est rendu compliqué en crimpuff.
Mais aujourd’hui, Noël, c’est une petite coche plus complexe. Ça demande plus de travail. Un deuxième shift (cessez de mirer le portrait de Gratteux immédiatement. I SEE YOU). Bon; j’exagère une plumette, mais comme j’ai pas encore accroché mon pickle de Noël dans ma couronne, la féérie des fêtes ne m’a pas assailli le jarret.
J’ignore d’où cette furieuse tendance est partie; d’un enthousiaste grand-père Saguenéen qui était sorti s’acheter une catin et qui est plutôt revenu avec 400, je crois. Un monsieur fantastique, certes, qui a voulu redonner ses lettres de noblesse à une fête sur le respirateur et dont l’essence s’inscrit aujourd’hui dans le choix de couleur du cover de téléphone cher que t’as demandé avec ta face d’ingrat qui lira même pas ta carte (LIS TA CARTE. J’ai même pris le temps de signer entsoure du message polycopié).
Ce que je sais, c’est que depuis l’an dernier, attache ton bonnet avec de la potée de qualité si tu veux passer un mois de décembre paisible à jaser des fesses-éclair de Patrice L’Écuyer dans l’unité de visite familiale, parce que t’as du pain sur la planche, ma belle fille.
L’heure n’est pas aux scènes 13 ans et +.
FAUT QUE LES LUTINS FASSENT DES COUPS.
Calvaire.
Je n’ai pas d’enfants, me direz-vous. Et comme je n’ai pas d’enfants et que j’ai jamais connu ça, moi, perdre un bouchon muqueux en plein vin et fromages, eh bien il semblerait que j’entre dans la catégorie de ceux qui ont de la misère à attacher leurs lacets. J’ouvre mes canisses de flageolets avec ma dent unique en me berçant dans le coin de la pièce. Je suis Hugh Grant dans About a boy avant qu’il ne se mette à chanter Killing me softly avec le petit pas joli aux drôles de sourcils.
Mais j’ai deux nièces et un neveu, vous saurez. Trois petits morceaux de paradis TRÈS EXIGEANTS.
D’abord, l’an dernier, ma grande sœur (leur mère) a traversé le désert sur un st-sifri de temps à essayer de trouver les soda de bonnes catins su’ Canadian Tire. Celles dont tous les enfants parlaient. Rupture de stock à la grandeur de la province, MAYDAY général au faciès de tout parent dont la garderie avait décidé de raconter aux p’tits que chaque jour de décembre, Tchipitte, le lutin de la place (qu’ils avaient capturé comme je capture les hommes: avec une boîte à souliers et un morceau de P’tit Québec), faisait un coup pendable toutes les nuits. Toutes les nuits jusqu’au 24 décembre.
Chaque matin, ce petit monde-là arrivait à la garderie pour constater que Tchipitte avait viré le bol à fruits à l’envers, toi. Fait des guirlandes de papier de toilette sur la chaise de Madame Martine. Mis des punaises dans le bol à punch (le genre de coup qu’il fait sur les derniers milles, quand tout le monde a eu des kleenex dans ses bottes de pluie et que le petit Kevynn a fait son pepi trois fois sur le saranwrap que Tchipitte a posé sur la bolle pendant la sieste).
Ce qui arrive, c’est que le petit damné lutin ne peut pas vivre qu’à la garderie. C’est chose fort complexe à expliquer à un être humain de trois ans qui ne demande qu’à être émerveillé (et, accessoirement, pisser sur une pelimoulante). Alors comme tout parent qui ne veut pas être celui qui engage l’ami de la famille pacté qui débarque avec rien qu’une botte et sa suit de père Noël avec l’étiquette qui sort et une tache d’orangeade le soir du réveillon, eh bien t’embarques. Tu te dis que ça va être plaisant pour tout le monde et que ça va être FUN à animer, c’te petite catin-là.
L’avez-vous vue, la catin?
SWEET BABY JESUS.
QUI a approuvé ce concept de face-là, pour l ’amour du saint ciel? Dans le domaine du faciès qui oscille délicatement entre un nonagénaire à qui on doit pas donner de poulet après minuit et Buffalo Bill dans la scène où il se rentre la dine entre les jambes pour danser à reculons avec une cape, je pense que le créateur a visé le bull’s eye.
Une réussite.
Et c’est bien pensé: le lutin fige le jour. Il s’active de nuitte, mais quand le soleil se lève, après avoir passé la nuit à tremper son pinceau dans ton oreille en respirant tes dessous, il te fixe avec ses petits yeux pas de paupières. UN CONTE DE FÉES.
Et là, une fois que t’as capturé le petit personnage et caché un couteau entre le matelas pis le sommier en cas de représailles nocturnes, faut que tu l’animes, c’te petite bonté-là. Parce que les p’tits vont se réveiller talleure et que le coup du lutin dans le beurrier ne les impressionne plus.
Il faut faire plus. Vingt-quatre différentes fois.
Repeindre la salle à dîner.
Créer un monorail avec les coussins du salon, des cure-pipes et des larmes.
Improviser un Mondrian avec des crudités à la grandeur du rond-point AU NOM DE LA MAGIE.
Oh je ne vous juge pas, parents.
Je vous plains simplement en faisant des bulles dans mon café brésilien et j’ai moyen hâte à mon tour.
(et j’ai un peu peur, aussi)
La bise.
PS TENDRESSE :: Noël n’est pas mort. Y’est juste après rouler de biais, les flashers allumés avec un tire flat dans le grésil en faisant peur à tout le monde sur la 15, mais y’est pas mort.