LogoSponsor

Un demi-million d’abonnés sur Instagram, est-ce que c’est payant?

La question à 100$ avec l’artiste Gab Bois.

Par
Raphaëlle Drouin
Publicité

Ses images vous font arrêter de scroller et vous demander: «attends, qu’est-ce que je viens de voir, moi là?». C’est en transformant des objets du quotidien pour créer des photos déconcertantes qui frappent l’imaginaire que Gab Bois s’est fait connaître.

L’artiste montréalaise est suivie par plus de 514 000 personnes sur Instagram, elle collabore avec des marques comme Louboutin et Nike, et son tout premier livre, intitulé New Album, est en précommande.

Pas pire pour une fille qui a publié ses premières photos entre deux cours pendant un bac en enseignement primaire. Entrevue avec la pro du surréalisme pop.

Un livre, des expos solos, des collaborations avec des marques pas mal connues et plus d’un demi-million d’abonnés sur Instagram, tes affaires vont bien! Considères-tu que tu as réussi, que tu as «made it»?

Non, hahaha. Vraiment pas. Je suis super reconnaissante pour tout ce que j’ai eu comme opportunités jusqu’à maintenant et ça n’enlève rien à ça, mais reste que les abonnés pour moi, ce n’est pas une unité de mesure du succès. Il y a plein de facteurs qui font en sorte que ça s’est passé comme ça, dont beaucoup de chance et de timing.

Publicité

J’ai encore beaucoup de chemin à faire. Ma pratique est encore relativement jeune, ça fait quatre ans que je fais ça. J’ai tellement encore à apprendre et à réaliser. Ça serait un peu présomptueux de ma part de dire: «That’s it! Mommy, I made it».

View this post on Instagram

A post shared by Gab Bois (@gabbois)

C’est quand la première fois que tu as fait de l’argent avec une de tes œuvres?

La toute première fois, j’ai de la misère à le dire. Mais le premier truc plus majeur que j’ai fait, c’est ma collaboration avec Nike. C’est là que j’ai comme fait «ouh, ça, c’est le fun».

Publicité

C’est une histoire que j’aime bien. Dans le fond, les broches Nike je les ai faites avec mon appareil dentaire que je suis censée mettre la nuit et des logos trouvés dans un petit magasin de billes, des logos pas à l’échelle. Ça a commencé avec quelque chose de vraiment simple, DIY, chez nous, qui a finalement été repris par Nike. C’était comme la meilleure affaire qui aurait pu arriver à cette photo-là, qu’elle soit reprise par la marque en tant que telle.

Justement, comment tu trouves ça de travailler avec des marques?

En fait j’aime beaucoup ça avoir des balises et des contraintes à respecter. C’est un autre rythme de travail dans le sens ou quand c’est un travail plus personnel c’est vraiment tout grand ouvert, il n’y a pas de limites. Mais c’est un autre exercice de créer dans un milieu plus restreint et ça ne me déplaît pas du tout. Je trouve que c’est un beau défi. J’aime trouver des solutions, des façons d’allier mon style avec des demandes de clients.

Publicité
View this post on Instagram

A post shared by Gab Bois (@gabbois)

Est-ce que tu vis de ton art?

Oui. Ça va faire un an en janvier que j’ai arrêté mon day job. Je travaillais à temps partiel dans le milieu de la retouche, mais malheureusement la compagnie pour laquelle je travaillais a fait faillite, donc ça a comme été un choix qui s’est fait tout seul. Depuis janvier je suis complètement travailleuse autonome et c’est une immense chance, ça aussi.

Je suis consciente que c’est une minorité qui peut se permettre ça. C’est pour ça que j’aime autant travailler avec des marques: ça me permet de vivre de ma passion.

T’es plus du genre cheap ou dépensière?

Oh my god, cheap. À 100%. Mes parents m’ont vraiment appris jeune à garder mon argent et à ne pas me laisser distraire par les petites dépenses inutiles. J’ai des projets à long terme pour lesquels je garde mon argent. Je ne m’empêche pas de vivre, je me gâte de temps en temps, mais je donne aussi beaucoup quand c’est possible, quand je vois que des gens en ont besoin. J’aime mieux garder mon argent pour ça et pour des projets que pour des trucs qui donnent une satisfaction instantanée.

Publicité
View this post on Instagram

A post shared by Gab Bois (@gabbois)

La question à 100$: est-ce que ce que c’est plus difficile de se faire reconnaître en tant qu’artiste quand nos œuvres se retrouvent d’abord et avant tout en ligne?

Je ne pense pas que c’est ça qui fait que c’est plus difficile de se faire reconnaître en tant qu’artiste. Là je parle au Québec parce que c’est ce que je connais, mais au Québec, selon mon impression personnelle, c’est que c’est plus difficile de se faire considérer en tant qu’artiste quand tu n’as pas les études. Moi, je ne me sens pas claimed [revendiquée] par le monde des arts au Québec. Je travaille 99% à l’international. Est-ce que je suis amer de ça, est-ce que ça me fait chier? Vraiment pas. Je suis consciente que peut-être que ce que je fais n’est pas compatible avec le monde de l’art contemporain et c’est vraiment correct. D’un autre côté, il y a vraiment beaucoup de gens qui s’épanouissent dans le numérique.

Publicité

Est-ce que tu vois le web un peu comme une manière pour les artistes de se faire connaître sans prendre le chemin habituel?

100%. Ça a été ma voie et ça a commencé tellement en joke que jamais en 100 ans j’aurais pensé pouvoir vivre de ça. Il faut quand même mentionner que les choses sont en train de changer, d’évoluer. D’après moi ce n’est qu’une question de temps avant que ces mondes-là puissent se croiser et commencer à se mélanger.

Je pense qu’actuellement c’est quand même plus tranché, mais que ce n’est qu’une question de temps avant que ça commence à s’apprivoiser.

Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!