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Un café magique, fait avec des champignons

Quand le café de cinquième vague rencontre la mycologie!

Par
Billy Eff
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De quoi aurait l’air votre vie sans café? Cette boisson est tellement omniprésente dans nos vies que la plupart d’entre nous ne se posent même pas la question. Elle est là, à toute heure, dans tous les contextes, pour nous remonter et nous allumer.

On dit souvent en blague que le café donne des superpouvoirs. Mais s’il le pouvait vraiment? Ce n’est pas tout à fait ce que promet l’entreprise montréalaise Mushup, mais c’est la question qu’elle se pose au quotidien!

Depuis 2019, Maëva Costedoat et son équipe conçoivent des cafés de microtorréfaction, bios et équitables, auxquels ils ajoutent des extraits de champignons adaptogènes aux vertus diverses. Et, peu à peu, leur innovation et leur travail d’information portent fruit.

Joindre l’utile à l’agréable

Quand Maëva Costedoat explique qu’elle fait du café aux champignons, les gens sont dubitatifs. Soit ils se disent que le goût sera bizarre, soit ils s’imaginent que ce sont des champignons psychotropes. Et cette deuxième supposition ne lui déplaît pas forcément!

Grâce à son processus d’extraction des propriétés actives, Mushup peut concevoir différents produits boostés aux champis!

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« Les psychotropes, c’est un aspect des champignons que les gens connaissent, note la jeune entrepreneure. Ils savent que c’est possible pour un champignon d’avoir certains pouvoirs médicinaux, que ça agit vraiment sur le corps. »

Si le produit qu’elle offre lui semble aujourd’hui évident, ce n’était pas tout à fait le chemin sur lequel Maëva s’était initialement lancée. Originaire de la région parisienne, elle étudie d’abord en gestion, en marketing et en tourisme. Arrivée à Montréal il y a un peu plus de dix ans, elle obtient ensuite sa maîtrise en environnement et développement durable.

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Durant ce temps, elle aide ses ami.e.s en tant que consultante pour différents bars, restos et cafés montréalais, dont le Palco, à Verdun, ou encore le Renard, dans le Village Gai. Il y a quelques années, elle songe à se lancer dans le café et part en Colombie, grande terre du café, voir comment ça se passe. C’est là que les champignons ont opéré leur magie.

« J’ai plein d’intérêts, donc j’essaie de tout mélanger, dit-elle. La mycologie, c’est venu il y a quatre ou cinq ans. Je voulais apprendre à me soigner moi-même, prendre soin de mon corps et de ma santé. Tout est à disposition, dans la nature, suffit de savoir où regarder. Donc j’ai commencé à me former en herboristerie, et j’ai rencontré un mycologue qui m’en a appris énormément sur le monde des champignons, et je me suis passionnée pour ça. Il voulait d’abord que je travaille pour lui, mais je lui ai dit : “Non, c’est toi qui vas travailler pour moi, et on va monter un truc de fou!” »

Redorer l’image du champignon

C’est donc avec l’aide de son mycologue et de sa complice Isabelle que Maëva s’est mise à concevoir les premiers produits de Mushup. À travers différents moyens d’extraction, l’équipe est parvenue à isoler et à concentrer les propriétés actives des champignons qu’elle utilise dans l’élaboration de ses cafés. En mixant les doses d’extraits, les qualités de la boisson et ses effets peuvent changer.

En partant de ces mélanges adaptogènes, Maëva et son équipe choisissent les bons grains de café pour les complimenter en goût et en propriétés. Les cafés sont sélectionnés auprès de torréfacteurs locaux, qui vendent à Mushup leurs grains en white label. Bien entendu, les champignons qu’utilise Mushup sont produits et transformés localement par une ferme mycologique, et ceux qui ne sont pas cultivables, comme le Chaga, sont cueillis à la main et de façon responsable par des expert.e.s dans les forêts québécoises.

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Pour l’instant, Mushup propose trois cafés signatures, et utilise cinq champignons différents. Le Spark, élaboré à base de Lion’s Mane et de Reishi, aiguise vos facultés cognitives, tandis que le Vital (Reishi, Chaga, Queue de dinde) boost le système immunitaire, avec ses propriétés antioxydantes et détoxifiantes. Le Vigor, qui profite apparemment d’un statut culte chez la clientèle de Mushup, a pour but d’augmenter les habiletés athlétiques. « Le Vigor, quand les gens l’achètent, c’est trois sacs à la fois! », lance Maëva.

Créer sa niche en informant sa clientèle

Si les entreprises offrant ce type de café sont encore peu nombreuses, c’est une tendance qui gagne en popularité. Toutefois, c’est le procédé qu’utilise Mushup qui différencie l’entreprise de ses compétiteurs, selon Maëva.

En offrant des produits à mi-chemin entre cafés premium et suppléments alimentaires, le but de l’entreprise est de trouver des moyens d’intégrer les bienfaits des champignons dans le quotidien des gens. Mais les champignons sont encore méconnus au Québec. C’est, après tout, un monde très large, et la simple évocation du mot peut provoquer des réactions diverses chez le public, avec les extrêmes allant du dégoût rattaché à la moisissure à la peur des champignons vénéneux.

« Tout est à disposition, dans la nature, suffit de savoir où regarder. »

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Au-delà du travail de promotion et de commercialisation, il y a aussi tout un volet d’éducation à faire. « Il y a beaucoup de champignons qu’on utilise que les gens consomment déjà au quotidien, explique la dirigeante. Par exemple, on retrouve le cordyceps dans plusieurs gélules pour sportifs, c’est comme prendre une vitamine. » De plus, l’apparence et les effets peuvent intriguer les consommateurs et consommatrices. « Ils ne voient pas les champignons dans la boîte de grains de café, donc ils sont confus. Ou sinon, on me dit qu’on a goûté une tasse de notre café et qu’ils n’ont pas ressenti d’effets. Il faut attendre, les effets se font sentir sur le long terme. »

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Le premier effet que les gens ressentent vraiment est que le hit de caféine est un peu plus doux. Les champignons adaptogènes ont la particularité de réguler la caféine, réduisant ainsi ses effets secondaires comme les palpitations.

J’ai notamment pu goûter, lors de ma visite, au house blend de Maëva, qu’elle ne commercialise pas et qu’elle élabore avec les cinq champignons qu’utilise Mushup. Première chose rassurante : on ne goûte pas du tout les champignons! On retrouve plutôt tout ce qu’on voudrait d’un bon café artisanal : un goût riche et réconfortant, une pointe d’acidité très agréable, et des notes torréfiées de noisettes et de pain frais, tirant presque sur le chocolat. Pas de palpitations ni d’agitation, mais une vivacité renouvelée pour le restant de l’après-midi.

Rester humain et artisanal

Si le public montréalais est toujours en phase de conversion vers les champignons, Mushup peut compter sur une clientèle fidèle partout en Amérique du Nord.

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« En fait, ce qui est assez surprenant, c’est qu’on a beaucoup de clients dans l’Ouest, mentionne Maëva Costedoat. Donc on ira sûrement s’amuser là-bas bientôt! Montréal est très populaire aussi, mais l’Ouest est un peu plus informé sur les champignons que nous. Les gens trippent, ils ont une vraie culture de ça. » Elle ajoute que la côte est américaine et la France sont aussi friands des produits de la jeune entreprise.

Pour l’instant, Maëva se concentre surtout sur ces marchés pour des raisons de livraison et de qualité de produit. Étant d’abord et avant tout une grande buveuse et amatrice de café, il est important pour elle que ses client.e.s puissent recevoir leurs commandes rapidement, et que la fraîcheur soit irréprochable. Les mélanges sont faits dans les 24 heures qui suivent la torréfaction, et l’objectif est que le ou la client.e puisse recevoir sa commande en deux jours.

Les cafés de Mushup, majoritairement vendus en ligne, sont aussi distribués dans plusieurs épiceries et cafés sur le continent. Il est également possible de s’abonner au café de son choix, et de le recevoir une ou deux fois par mois, soit à la maison ou au bureau.

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Annuellement, c’est près de 10 tonnes de café qu’écoule la compagnie!

Des champignons, tout partout!

Au-delà du café, Maëva souhaite que les champignons, au centre de l’expérience terrestre, soient reconnus à leur juste valeur. Grâce à son processus d’extraction des propriétés actives, Mushup peut concevoir différents produits boostés aux champis! En parlant avec l’entrepreneure, on comprend vite que le mode mycologique la passionne, et elle en vante les vertus avec enthousiasme, tant pour ses propriétés sur le corps humain que ses usages divers, comme faire du cuir synthétique ou encore décontaminer des sols.

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Lorsqu’on a rencontré Maëva, Mushup venait tout juste d’investir de nouveaux locaux, où l’entreprise pourra continuer de grandir et conduire une plus grande partie des opérations in-house. Entre autres, une cuisine servira de laboratoire pour de nouveaux projets et des produits aussi novateurs que dans l’ère du temps.

Elle nous confie que l’équipe travaille aussi en ce moment sur un projet de prêts-à-boire. « J’ai commencé à importer de la cascara, qui est la pulpe du fruit à café, et qui est généralement considéré comme un déchet donc jeté ou composté, révèle l’entrepreneure. Ça a un léger goût fruité, c’est vraiment délicieux, donc je l’infuse et en faisant des tests, je me suis mis à le mélanger et ça donne quelque chose d’assez hallucinant! »