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Trouver un logement quand on a un chien, mission impossible?

Certains colocs sont moins tolérés que d’autres.

Par
Marie-Ève Martel
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Alors que la crise du logement ne semble pas à la veille de ralentir, il peut être de plus en plus difficile de trouver un toit qui correspond à nos besoins et à notre budget. Cette quête d’un nouveau nid est parfois d’autant plus compliquée quand, en plus de nos boîtes, on a un chien ou un chat, peut-être même plus, qui vient s’installer avec nous.

Au Québec, contrairement à l’Ontario, il est légal pour un propriétaire d’interdire les animaux dans un bail, sauf quelques exceptions prévues pour les animaux d’assistance. Sachant que, selon un sondage de 2023, 52 % des ménages comptaient au moins un membre à quatre pattes, il peut être déchirant de se départir de son animal au moment de déménager.

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Il y a quelques semaines, la SPCA de Montréal a déploré une « année record » en termes d’abandons d’animaux. Plus d’un animal par jour y est apporté pour cause de déménagement, notamment parce qu’une majorité de propriétaires n’acceptent pas d’animaux.

Ce printemps, une manifestation à ce sujet a eu lieu dans la métropole ; Québec solidaire a lancé une pétition pour interdire aux propriétaires de refuser des locataires parce qu’ils ont des animaux et s’est engagé, en 2023, à déposer un projet de loi en ce sens.

Opération séduction

Depuis 22 ans qu’il est locataire, Étienne G. a toujours possédé de gros chiens : un labrador, un labernois, et maintenant un golden retriever. « Des gros coussins, tranquilles, qui ne font rien », dit-il avec affection.

Au fil des ans, le quadragénaire, Montréalais pure laine, a usé de plusieurs stratagèmes pour garder son fidèle compagnon avec lui dans son logement.

Il a commencé par omettre de parler du chien à ses propriétaires. « Ce n’était pas une bonne façon », reconnaît-il.

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Puis, il a cousu une histoire de fil blanc. « J’ai dit à un propriétaire que je gardais le chien pour un ami, temporairement, relate-t-il. Puis, je lui ai raconté que mon ami devait s’en départir et que j’allais le garder pour qu’il ne finisse pas dans un refuge. »

« Je ne suis pas fier d’avoir fait ça, mais j’avais 22 ans et j’étais un peu niaiseux », lance-t-il.

Avec l’âge et la maturité, Étienne et son épouse ont affiné leur technique.

C’est une opération séduction qui leur a permis d’obtenir un logement et d’emménager avec leur chien de huit ans.

« On a décidé de miser beaucoup sur une bonne première impression, indique Étienne. Le propriétaire a aimé notre énergie, notre personnalité et il a vu qu’on était responsables. »

C’est à la deuxième visite du logement que l’existence de leur fils canin a été révélée.

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« Il s’est un peu braqué et il a répété qu’il ne voulait pas d’animaux, poursuit le Montréalais. Alors là, on lui a montré la photo la plus cute de notre chien, où il a l’air tranquille, couché en boule sur le divan. »

« Ça a eu un effet apaisant sur notre propriétaire, et on lui a offert de donner un dépôt de sécurité pour couvrir des dommages, renchérit Étienne. Il a dit que ce n’était pas nécessaire, mais on s’est tout de suite engagé à payer les frais de quelconque dommage qui pourrait être causé par notre chien. »

Devenir propriétaire pour garder son chien

C’est à la suite d’une séparation que Jade L. a eu toute la misère du monde à trouver un appartement pour elle, son poupon et ses animaux, deux chats et un chien.

Elle s’est finalement résignée à prendre un logement où les animaux n’étaient pas acceptés, en convainquant son propriétaire de la laisser avoir un chat. « J’avais mentionné que je travaillais en clinique vétérinaire, que mes animaux étaient stérilisés », explique-t-elle.

Son deuxième chat? Elle l’a gardé sans le dire à son propriétaire. « Rendu là, un chat versus deux… », dit-elle.

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Pour son chien, ça a été plus compliqué. « Au début, je l’ai fait garder chez une amie proche, mais ça fonctionnait plus ou moins, explique Jade. Elle l’a emmené chez une amie à elle, mais ça n’a pas vraiment fonctionné non plus. Elles se sont échangé la garde du chien le temps que je trouve une autre solution. »

Jade a temporairement placé son chien en pension à la clinique vétérinaire où elle travaillait, mais à 25 $ par jour, cette avenue était trop onéreuse pour être mise en place à long terme.

« J’ai fini par être tellement désespérée que j’ai contacté le refuge où je l’ai adopté pour leur demander de l’aide. J’ai lancé un cri du cœur : ça me prenait une solution, sinon je la rapportais », relate la jeune femme.

Le refuge a publié son appel à l’aide sur les réseaux sociaux, et rapidement, des dizaines de personnes ont levé la main pour héberger son chien le temps qu’il faudra. Jade a finalement confié son chien à une dame demeurant à une heure et demie de chez elle pendant quatre mois.

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Tout a fini par rentrer dans l’ordre quand la Trifluvienne et son nouveau conjoint ont acheté une maison ensemble, l’automne dernier.

« Probablement que seule, je n’aurais pas eu les moyens d’acheter, relève-t-elle. Je regardais déjà, mais ce que je voyais, c’étaient des taudis. »

Acheter la paix

Pour sa part, Valérie C. s’est réduite à payer le gros prix pour pouvoir conserver sa chienne de 11 ans : elle a signé un bail de 1 950 $ par mois pour un quatre et demi.

Après avoir vendu sa maison, il lui a fallu cinq mois pour trouver un appartement où les chiens étaient autorisés. « Ça existe, mais il faut faire patte blanche et souvent, il y a un coût assez considérable qui y est rattaché », indique celle qui demeure à Bromont.

Ensuite, elle a dû redéménager.

Abandonner sa chienne n’était pas une option, d’autant plus que l’animal est amputé d’une patte.

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« Ce que je constate présentement, c’est que huit proprios sur dix refusent les chiens ou acceptent en bas d’une certaine grosseur et poids. Les chats c’est plutôt cinq sur dix qui les acceptent », commente celle qui envisage d’acheter une maison dans le futur.

Payer pour les autres

« Je suis une propriétaire très responsable, mais je vois certaines personnes qui, en négligeant de bien ramasser leurs chiens, pénalisent les autres, ce qui est inacceptable et déplorable. Je peux comprendre certains propriétaires d’être récalcitrants par la suite », reconnaît Valérie.

La Bromontoise estime que posséder un animal est un privilège qui devrait s’accompagner d’un permis ou d’une formation qui « met en lumière toute l’ampleur de cette responsabilité et les coûts qui y sont liés ».

« Il suffit d’un mauvais propriétaire pour donner mauvaise réputation à tous ceux qui ont un chien », renchérit Étienne, qui recommande d’être un maître « exemplaire » et de miser sur une bonne impression pour mettre les chances de son côté.

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