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Trois jeunes qui collectionnent des œuvres d’art nous parlent de leur première fois
Quatre95, la Banque Nationale et Papier s’unissent pour vous faire découvrir trois passionné.e.s d’art contemporain et leurs astuces pour commencer une collection.
Bon. Vous vous intéressez à l’art, mais c’est un monde qui vous est inconnu, malgré votre cours optionnel sur la Renaissance italienne d’il y a huit ans dans lequel vous écoutiez semi parce que c’était le vendredi matin et que les jeudis soir, vous aviez tendance à avoir soif de pichets de sangria.
Pas de problème!
On vous annonce officiellement que vous n’avez pas besoin d’être un vieux magnat de la finance ou un prince du pétrole pour collectionner des œuvres d’art (quoique vous avez le droit d’être ça aussi, c’est un safe space ici).
Pour rendre un peu moins mystérieux le monde de l’achat d’œuvres d’art, on s’est entretenu avec trois jeunes initié.e.s, qui nous prouvent que c’est un univers beaucoup moins épeurant qu’on pourrait le penser.
Raphaël, 26 ans
Originaire du Nouveau-Brunswick, Raphaël habite dans la région de Montréal depuis sept ans. Il est fondateur et PDG de SplitBase, une agence spécialisée dans l’expérience utilisateur et le commerce en ligne qu’il a lancée à seulement 23 ans.
Raphaël a commencé tout jeune à fréquenter la culture et des arts. Sa mère, active dans le monde des organismes culturels, le traîne dans divers événements et galeries, et lors de leurs voyages, sa famille et lui parcourent les musées au même rythme que son intérêt grandissant pour l’art. « Pour mes parents, chaque œuvre d’art à laquelle j’étais exposé devenait une occasion de développer ma pensée critique », raconte-t-il.
Sa première fois
Quelques mois après son arrivée à Montréal, Raphaël est invité au tout premier vernissage d’Amanda Durepos, collagiste montréalaise et cofondatrice du collectif CTRL+V. « À ce moment-là, je n’avais pas vraiment l’intention d’acheter quoi que ce soit, mais lorsque je suis tombé face à ce collage, je l’ai tout de suite aimé. J’adorais ce que l’œuvre dégageait, et me la procurer était en plus pour moi l’occasion de soutenir le travail d’une amie. »
Inspirée du cyber-encombrement, de l’étrange et du rétrofuturisme, le collage d’Amanda Durepos fut le point de départ d’un engouement croissant pour la collection d’art chez Raphaël.
Prendre son temps
Selon le jeune entrepreneur, on doit tous et toutes commencer quelque part. Bâtir une collection, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il estime que le budget ne devrait pas être un frein lorsqu’on s’intéresse à l’art.
« Quand j’ai commencé ma collection, je n’avais pas les moyens d’acheter des œuvres d’artistes bien établis, mais tant mieux, parce que j’ai pu soutenir la relève, souligne-t-il. J’ai toujours été en mesure de trouver des œuvres que j’adorais et qui étaient adaptées à mon budget. Aujourd’hui, je peux m’en permettre beaucoup plus, mais huit ans se sont écoulés depuis mon premier achat. Il faut savoir faire preuve de patience! »
Selon le jeune collectionneur, il ne faut pas oublier qu’à moins d’être multimilliardaire, on trouvera toujours certaines œuvres hors de prix. C’est pourquoi il ne faut pas se laisser décourager par un budget restreint.
« Je n’achèterais pas une œuvre simplement parce que c’est un investissement potentiel. »
L’important, pour lui, c’est d’avoir une collection à son image, qu’on est fier d’afficher sur les murs de sa demeure. « Je n’achèterais pas une œuvre simplement parce que c’est un investissement potentiel. D’ailleurs, je n’achète jamais dans l’optique de revendre. Cela étant dit, lorsque j’envisage de payer un bon prix pour une œuvre coup de cœur, je fais toujours mes recherches pour m’assurer que son prix concorde avec ceux du marché. »
Son conseil pour quelqu’un qui désire se lancer dans la collection d’œuvres? S’immerger le plus possible dans le monde de l’art en visitant des musées, des galeries et des événements. « Ensuite, ça peut être intéressant de suivre les artistes qu’on aime sur des sites comme Artnet ou Artsy, suggère-t-il. C’est le genre de plateforme qui permet de découvrir de nouveaux artistes et de s’informer sur les différentes pratiques de l’industrie et la valeur marchande de certaines œuvres. »
Marjorie, 39 ans
Marjorie a grandi à Rouyn-Noranda et habite Montréal depuis environ 20 ans. Après des études collégiales en théâtre et en photographie, elle décide d’approfondir son parcours en s’inscrivant en théâtre à l’UQAM, où elle se spécialise dans la critique et la dramaturgie. Ponctuées de voyages et d’aventures, ces années de formation favorisent rapidement son intérêt pour l’art et la culture, une passion qui devient son gagne-pain lorsqu’elle entame sa carrière de photographe en 2005.
« Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé l’art, dit-elle. Les musées, les galeries, les vernissages : c’est un univers qui m’a toujours fascinée. J’adore contempler des œuvres, de tout mon être. »
Pour elle, vivre à Montréal, c’est un privilège culturel. Dans ses temps libres, elle fait la tournée des galeries et des expositions muséales, son moyen de prédilection pour s’inspirer et entretenir sa flamme créative.
Sa première fois
En 2020, Marjorie visite la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain et tombe amoureuse du travail de l’artiste Ripley Whiteside. Cette journée-là, grâce aux conseils de son amie et galeriste Erika Del Vecchio, elle se procure non pas une, mais trois premières œuvres. Trois aquarelles coups de cœur qui marqueront le début de sa collection.
Sa perception du triptyque est évolutive : même une fois les œuvres exposées sur ses murs, elle prend souvent le temps de les contempler et de les analyser tranquillement. Pour elle, c’est un petit moment méditatif précieux.
Depuis ce premier achat, la collection de la photographe s’est étoffée. Elle nous confie avoir aussi une liste d’œuvres désirées plutôt exhaustive, ses coups de cœur artistiques se multipliant constamment.
Une question de feeling
Pour la jeune maman, collectionner des œuvres d’art est quelque chose d’intime et d’intuitif. Elle nous explique qu’on peut vraiment être touché.e par une toile, une photo ou une sculpture sans nécessairement connaître l’artiste ni avoir la moindre connaissance en histoire de l’art. « Il est important de se laisser attirer par les œuvres et d’oser poser des questions sur celles-ci. Il faut vraiment voir l’achat d’une pièce comme un cadeau unique, qu’on a le droit de se faire! »
« Il est possible de trouver des trésors à des prix raisonnables. »
Le conseil de Marjorie pour un nouveau collectionneur ou une nouvelle collectionneuse? Ne pas hésiter à contacter un.e galeriste, pour se faire guider vers le type d’art qui nous correspond le mieux, et poser des questions! Elle suggère aussi de visiter quelques galeries et expositions afin de discuter avec les artistes en résidence et trouver ce qui nous allume.
« Oui, il y a des œuvres fantastiques à des prix particulièrement élevés, mais il est aussi possible de trouver des trésors à des prix raisonnables : il s’agit de prendre le temps de se promener dans les événements et de faire de bonnes recherches », résume-t-elle.
Pour Marjorie, la démocratisation de l’art réside dans la création d’événements grand public comme la foire Papier et les Printemps du MAC. « C’est le genre d’endroits sans prétention qui permettent à plus de gens d’être en contact avec l’art. Ce type d’événements a quelque chose de rassembleur et de festif qui donne envie à un public plus diversifié de s’intéresser aux artistes et à leur travail. »
Ses artistes préférés du moment : Fanny Jane, Mark Clintberg, Ripley Whiteside et Marie-Jeanne Musiol.
Anne-Isabelle, 33 ans
Anne-Isabelle travaille en développement philanthropique pour l’Université McGill et demeure dans le centre-ville de Montréal. Passionnée par la sociologie, le marché de l’art et les relations publiques dans le milieu de l’art contemporain, elle est aussi, sans surprise, titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art.
Très jeune, elle commence déjà à s’intéresser à l’art et s’adonne au dessin à tout moment. Elle nous raconte que sa famille possédait une petite collection d’œuvres d’art abstrait minimaliste, qui se méritait souvent un classique « Je pourrais faire la même chose! » de la part des invité.e.s. « Une remarque toute simple qui, pourtant, est très chargée de sens, souligne-t-elle. Je réalise qu’elle a sans doute ouvert la porte à mes études en histoire de l’art. »
Sa première fois
L’engouement pour la collection de la jeune agente de développement philanthropique s’est manifesté en plein confinement, pendant les premiers mois de la pandémie.
« Une de mes amies, qui travaillait alors pour la Galerie Nicolas Robert, m’a envoyé un aperçu de dessins encadrés de Pierre Julien, se souvient-elle. Je les ai tout de suite aimés. Elle connaissait bien mes goûts et mon budget, mais c’est surtout l’approche très personnalisée de cette amie et de Nicolas Robert qui m’a motivée! Leur proposition m’a permis de briser la glace et de me faire confiance. J’ai aussi pu payer en versements, ce qui m’a plu. »
D’ailleurs, la jeune collectionneuse a tellement apprécié sa première expérience que seulement deux mois après son premier achat, elle s’est procuré une aquarelle d’une autre artiste à la même galerie, une autre œuvre phare de sa collection.
Immersion dans le monde de l’art
Est-ce qu’on a systématiquement besoin de connaître l’art pour en consommer? Anne-Isabelle estime que ça dépend de là où se situe le niveau de plaisir du collectionneur ou de la collectionneuse. Certaines personnes laissent l’entière responsabilité de leurs acquisitions à leurs conseiller.ère.s, alors que pour d’autres, c’est une expérience vraiment personnelle et viscérale.
« Personnellement, je pense que mon réel plaisir réside dans cette envie de connaître plus amplement une pratique artistique et de transformer ce plaisir en une acquisition qui me permet de partager de nouveau toutes ces réflexions entourant une œuvre. »
« Je sens que le monde de l’art québécois et canadien s’ouvre de plus en plus aux futures générations de collectionneurs. »
Ce qui lui importe, c’est le lien émotif qu’elle a avec chacune de ses œuvres. Elle n’a d’ailleurs jamais envisagé la revente. « De toute façon, je ne crois pas que le marché de l’art québécois et canadien soit assez développé actuellement pour faciliter ce genre de transaction, du moins pas pour les artistes vivants. Malgré cela, une partie de moi aime savoir qu’il s’agit d’un bon investissement au sens où l’artiste a le potentiel d’entrer dans les musées et de faire partie de l’histoire. »
Son conseil pour quelqu’un qui désire se lancer dans la collection? Essayer d’être en contact avec le plus d’œuvres d’art possible afin de repérer les pratiques et les esthétiques qui l’interpellent et succomber le plus possible au syndrome FOMO! « Une façon optimale d’avoir accès à un large éventail d’œuvres est d’aller à la foire Papier, bien sûr, mais aussi de consulter les listes d’œuvres présentées lors d’encans de musées, de revues d’art, de centres d’artistes. »
Elle nous explique que la valeur ajoutée dans les encans découle du fait que la sélection d’œuvres passe généralement par les yeux avisés de professionnel.le.s du milieu, un élément particulièrement rassurant pour une acheteuse ou un acheteur débutant.e.
En discutant de démocratisation de l’art, la jeune professionnelle nous dit d’ailleurs sentir un vent de changement au Québec. « Je sens depuis quelques années que le monde de l’art québécois et canadien s’ouvre de plus en plus aux futures générations de collectionneurs. Je vois de plus en plus de galeries mettre en valeur des sélections d’œuvres abordables afin de permettre aux plus jeunes collectionneurs de bâtir leur collection petit à petit et de se sentir les bienvenus dans ce milieu qui peut parfois paraître intimidant. »
Ses artistes préférés du moment : Shuvinai Ashoona, Bea Parsons, Karen Tam, Damien Ajavon et Alexandra Levasseur.
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La prochaine édition de la foire Papier aura lieu du 26 au 28 août 2022 au Grand Quai du Port de Montréal. Participez au concours de la Banque Nationale organisé dans le cadre de l’événement et courez la chance de gagner une œuvre d’art d’une valeur de 1 200 $!
Et si les histoires de Raphaël, de Marjorie et d’Anne-Isabelle vous ont donné envie de commencer votre collection d’œuvres d’art, on vous invite à consulter le catalogue présenté par la Banque Nationale en collaboration avec foire Papier, qui vous propose des œuvres à 2 000 $ ou moins. Le catalogue sera disponible dès le 26 août à midi dans l’application Collectionner, à télécharger sur IOS ou Google Play.
*Pour les remercier de nous avoir parlé, nous avons offert une compensation à nos protagonistes.