Logo

Trois enfants et sept ans d’université

Conciliation études-travail-grossesses-famille.

Par
Marilyn Désautels
Publicité

Lorsque je me suis inscrite à la TELUQ, j’étais loin de m’imaginer toute la flexibilité que l’université pouvait m’offrir. Je l’avais plutôt choisie parce qu’elle ne demandait pas de cote R particulière pour entrer au baccalauréat en communication, considérant que je m’en étais plus ou moins soucié au cégep.

Mon parcours universitaire ne s’est pas déroulé comme prévu. Mon baccalauréat s’est échelonné sur une période de sept ans, puisque j’ai eu parallèlement 3 enfants qui sont maintenant âgés de 1, 2 et 3 ans.

« C’est après trois ans à la TÉLUQ que je suis tombée enceinte de mon petit premier, alors que mon chum et moi étions toujours aux études. »

C’est après trois ans à la TÉLUQ que je suis tombée enceinte de mon petit premier, alors que mon chum et moi étions toujours aux études. Comme quoi il n’y a jamais de moment parfait! Mes premières années avaient été parsemées d’embuches; déménagement, mise à pied, manque de motivation, mais c’est avec confiance que nous nous sommes lancés dans cette aventure. À ce moment, j’avais réalisé les deux tiers de mon BAC.

Publicité

L’avantage d’avoir un bébé lorsque nous sommes aux études c’est que nous sommes réputés étudiants à temps plein avec seulement deux cours par session, donc toujours admissibles au plein montant des prêts et bourses, et ce, dès la 20e semaine de grossesse pour la mère.

C’est pourquoi avec l’arrivée de notre premier bébé en février 2016, j’ai choisi de ralentir la cadence. Je suis passée à deux cours par session même si j’étais en congé de maternité, alors que je m’inscrivais normalement à quatre cours par session. Je ne savais pas à quoi m’attendre avec un premier enfant, et avoir le luxe d’avoir tous mes prêts et bourses avec seulement deux cours m’enlevait une pression énorme.

Automne 2016

Nous avons appris qu’un deuxième enfant allait s’ajouter à notre famille. Travaillant à temps plein (en plus de mes études), je ne bénéficiais pas d’un retrait préventif puisque j’effectuais un travail de bureau. Je suis donc retournée travailler en janvier 2017, après un an de congé de maternité. Cet hiver-là, je n’ai pas suivi de cours. Le retour au travail composait une charge suffisamment lourde avec les hormones et la fatigue liées à la grossesse, l’équipe de travail qui avait changé et tous les petits virus des débuts de la garderie dont notre premier enfant était la cible. Pas de cours pour moi l’été suivant non plus puisque le petit deuxième était arrivé au mois de mai. Ce qui est bien avec la TELUQ, c’est qu’il est possible de mettre en pause ses études pour un maximum de 24 mois consécutifs sans être exclus de son programme d’études. C’était tout un soulagement ! Avec tous les efforts que j’y mettais, je ne me voyais pas tout recommencer.

Publicité

Automne 2017

Je me suis inscrite à un seul cours, faisant le deuil de mes prêts et bourses, mais ne me voyant pas être en mesure de compléter deux cours dans le délai prescrit avec mes deux jeunes enfants à la maison. Réussissant de peine et de misère à compléter mon unique cours, j’ai répété le choix de ne suivre qu’un seul cours à l’hiver 2018. Cet hiver-là nous avons appris qu’un troisième enfant allait s’ajouter à la famille. Ce fut tout un choc ! À ce moment, je consultais déjà une psychologue puisque je trouvais ma charge mentale trop élevée; fatigue, oublis, sensation que respirer est un effort, j’étais à bout de souffle ! J’étais bientôt rendue à trois garçons en 33 mois seulement et plus que deux cours à faire pour compléter mon baccalauréat.

« J’ai parfois fait mes travaux avec l’ordinateur installé sur ma bedaine, mes lectures sur ma tablette en allaitant, ou encore j’ai travaillé à la table de la cuisine avec de la pâte à modeler sur mes cahiers au travers des cris des enfants. »

Publicité

Je voyais la ligne d’arrivée, mais en même temps j’avais l’impression de la perdre de vue parfois. Mes moments alloués à mes études étaient rendus disparates selon mon énergie de la journée; parce qu’avec des enfants il y a les bonnes journées et celles où tout va de travers. Impossible de prévoir laquelle sera bonne ou mauvaise. J’ai parfois fait mes travaux avec l’ordinateur installé sur ma bedaine, mes lectures sur ma tablette en allaitant, ou encore j’ai travaillé à la table de la cuisine avec de la pâte à modeler sur mes cahiers au travers des cris des enfants. Je suis sortie aussi, au café du coin quand j’en avais besoin. Ça a été très difficile malgré tout le soutien et l’aide de mon mari. J’ai persévéré, pleuré et voulu tout lâcher, et ce, plusieurs fois.

Hiver 2019

Il ne me restait plus qu’un seul cours à faire, celui que je redoutais le plus : le projet d’intégration. Le cours où l’on choisit nous-mêmes notre sujet de recherche, dans lequel on doit intégrer de la matière de plusieurs cours préalablement effectués, mais dont les consignes sont assez vagues. Ce fameux projet de fin d’études que j’ai échoué au secondaire autant qu’au cégep. Je pourrais retenir le dictionnaire au complet par cœur, mais ces fameux projets d’intégration je n’y ai jamais rien compris. Je ne voulais pas échouer de nouveau, rendue si près du but. Afin de me motiver, je suis allée visualiser mon diplôme dans une boutique d’encadrement, j’ai touché au cadre dans lequel je voulais qu’il soit inséré et je me suis lancée : le soir, malgré que les enfants se relevaient sans cesse pour demander un verre d’eau, la toilette, un bisou, alouette! Durant leurs siestes, j’étais tiraillée entre mon besoin de repos et l’avancement de ma rédaction. J’étudiais sur mon oreiller, livre à la main, les yeux mi-clos.

Publicité

Puis, le 10 juin 2019, après sept ans de travail acharné, j’ai remis mon dernier travail. C’était un mélange d’excitation et de fébrilité. J’ai reçu mon diplôme en novembre dernier et il est maintenant dans le cadre que j’avais visualisé au printemps. Chaque fois que je le regarde, je pense à tous les efforts, le temps, les larmes, les moments et les expériences qui l’ont composé et j’en suis fière. Un jour, ce diplôme ne sera plus seul, puisque malgré mes trois enfants et mon travail à temps plein, j’ai commencé un certificat en marketing à l’automne 2019 ! Alors à toi maman qui lit ce texte, il n’y a pas de défi trop grand pour une maman déterminée à obtenir un diplôme universitaire.