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Il y a exactement un an, j’ai quitté un emploi prestigieux, assez payant, avec assurance dentaire, cotisation de retraite, pis toute la patente, pour me lancer dans le vide en repartant faire ma vie en Italie en tant que journaliste pigiste. (Très Eat, Pray, Love, je sais, je sais.)
Je gagne moins qu’avant – beaucoup moins qu’avant, même! –, ma vie est en euros (et le taux de change peu avantageux), et mon loyer me coûte trois fois celui de mon p’tit appart dans Rosemont.
Depuis, je vis ma vie d’expatriée européenne, avec ses hauts et ses bas. Les contrats se suivent, les opportunités se présentent. Je gagne bien ma vie, en tout cas assez pour me payer des carbonara une fois de temps en temps, voyager un brin et pas être trop stressée par le paiement de mon loyer. (Ça, c’est mon cue pour toucher du bois pour que ma bonne fortune continue.) Pourtant, je gagne moins qu’avant – beaucoup moins qu’avant, même! –, ma vie est en euros (et le taux de change peu avantageux), et mon loyer me coûte trois fois celui de mon p’tit appart dans Rosemont.
Comment ça se fait alors, que quand je fais mon budget, j’arrive à de si bons chiffres? Que je peux me permettre des sorties, des folies, garder des sous pour mes impôts et des imprévus, et ne pas être dans le rouge, même en ayant coupé presque de moitié mes entrées d’argent?
Eat, pray, spend
Mes amis vous le confirmeront tous; je suis dépensière, et pas qu’un peu. Je suis la fille qui ne dit jamais non à une sortie au resto ou au spa, et toujours celle qui paye la première tournée de shooters à des étrangers qu’elle vient de rencontrer au bar, juste parce qu’elle se sent généreuse. Ma santé financière actuelle ne provient certainement pas de mes habitudes de consommation.
Je me suis aperçue à quel point mon 9 à 5 dans un bureau me vidait les poches.
J’ai réalisé, au fil des mois, que ce qui avait changé, c’est qu’aller travailler ne me coûtait plus rien. Niet. Nada. Et je me suis aperçue à quel point mon 9 à 5 dans un bureau me vidait les poches. Je dépensais beaucoup d’argent pour aller faire de l’argent. Hear me out.
Les vêtements profesh’ dont je garnissais ma garde-robe chaque saison. Les cafés latte pour emporter. Les p’tits déjs et les lunchs achetés su’l fly. L’essence, les assurances, le stationnement pour ma voiture, qui me permettait de me rendre à Longueuil sans trop sacrer chaque jour. Les dépenses de cocktails et de bouffe aux 5 à 7 de départ, de fin de projet, d’anniversaire et autres événements corpo. Les cotisations à des cadeaux achetés pour souligner le bébé de l’une, la retraite de l’autre. Les journées maladie-rendez-vous-chez-le-doc à mes frais. Les soupers livrés à la porte, après une grosse journée qui te laisse sans énergie pour cuisiner ce qui te reste de ton épicerie faite la fin de semaine passée, etc.
Selon un sondage de CareerBuilder, les Américains dépenseraient en moyenne plus de 3000$US par an, juste pour aller travailler ou pour couvrir les dépenses reliées au travail. Pas un p’tit montant, quand il s’agit de se déplacer, de courir et de bosser pour remplir les poches… de son patron. C’est un pensez-y-bien.
Mieux travailler coûte moins cher
Depuis que je vis la freelance life, faire de l’argent ne me coûte plus rien. Presque. Et les quelques billets que je dépense pour mon ordi, mon téléphone ou ma connexion internet sont généralement déductibles d’impôts puisque je suis travailleuse autonome.
Comme je ne suis plus pressée le matin, j’ai le temps de déjeuner-luncher à la maison. Fini les immenses épiceries et le gaspillage alimentaire; je peux maintenant passer au marché à l’heure qui me convient, et avoir toujours des produits frais dans le frigo. Je suis aussi #teamlingemou! Tout ce que je possède en termes de vêtements entre maintenant dans une valise, et je n’ai pas besoin de plus, étant donné que je travaille souvent de la maison, en pyj’ ou en jogging. Je n’ai plus de voiture. Je marche ou je prends le bus lorsque l’envie me prend d’aller travailler dans un café ou une bibliothèque. Et les journées de maladie n’existent plus; mon niveau de self-care est à son apogée, puisque c’est moi qui décide de mon horaire. Si j’ai besoin d’un break, je le prends.
Qui plus est, mes blitz de travail (non interrompus par une réunion, un collègue qui me raconte son week-end ou une pause-café) sont plus efficaces.
Qui plus est, mes blitz de travail (non interrompus par une réunion, un collègue qui me raconte son week-end ou une pause-café) sont plus efficaces. Mon ratio argent/temps de travail a considérablement augmenté, ce qui me laisse le temps de 1) chiller 2) apprendre 3) voyager et 4) me réaliser dans d’autres choses que mon travail, notamment dans des projets créatifs.
J’en vois déjà me dire : « Ouééé, mais t’as pas d’assurance emploi, pas de REER… » Et ils auront raison! J’ai moins d’avantages sociaux qu’avant, pis si j’ai besoin d’un traitement de canal, je vais devoir le payer de ma poche. J’ai aussi un peu abandonné mon fonds de pension, d’une part parce que j’imagine que je suis un peu irresponsable, d’autre part parce qu’avec l’apocalypse qui s’en vient, je me dis que je suis aussi bien de prendre cet argent-là pour manger des cannolis pis voir du pays.
Je ne crache pas sur le 9 à 5, bien au contraire. J’adorais mes collègues et la vie de bureau qu’on avait. Je vais peut-être me tanner, éventuellement, de travailler toute seule derrière mon écran. Qui sait? Mais pour l’instant, remplir mes propres poches en direct de mon canapé ou d’un bar romain, sans dépenser une cenne (ou presque!) pour jouer mon rôle dans notre beau système de production capitaliste de fou, ça me convient pas pire.
Je vais aller me chercher un autre cappuccino, astheure.