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Tout savoir sur le fabuleux ver de terre

Portrait d’un invertébré crucial pour la planète.

Par
Mathilde de Kerchove
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Aristote a déjà dit : « Les vers de terre sont les intestins de la Terre. » En effet, leur réputation de petite chose visqueuse et, disons-le, un peu dégueu leur colle injustement à la peau alors qu’ils sont sûrement l’une des espèces les plus utiles à notre belle planète.

À l’occasion de la Journée mondiale du ver de terre, on a tenté de mieux comprendre qui est vraiment cet annélide qui vit sous terre et pourquoi il est en danger.

Des habitants du sol et de sa surface

Le ver de terre fait partie de la famille des invertébrés annélides, d’où les petites séparations qu’on peut observer sur son corps. Dans le monde, il existe quelque 6 000 espèces différentes de vers de terre, et s’ils vivent presque tous dans le sol ou à sa surface, c’est tout simplement parce que leur nourriture s’y trouve.

Dans le monde, il existe quelque 6 000 espèces différentes de vers de terre

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« Il y a plusieurs types de vers de terre selon ce qu’ils mangent », explique Gheylen Daghfous, conservateur au Biodôme de Montréal. « Globalement, ils se nourrissent de tout ce qui compose le sol, mais certains choisissent la matière organique qu’on trouve à la surface, comme des déchets de nourriture, des animaux en décomposition ou encore des feuilles mortes. D’autres creusent quant à eux beaucoup plus profond dans le sol et se nourrissent alors de bactéries et de champignons qu’on ne voit pas. »

Les types de vers de terre varient également selon la profondeur à laquelle ils se trouvent et se déplacent. Tandis que les épigés sont le plus souvent au-dessus du sol et donc observés en surface, les endogés se trouvent quant à eux dans la terre et les anéciques se déplacent complètement à la verticale. Enfin, il y a ceux de type « compost », qu’on peut retrouver dans les aliments et qui sont attirés par les déchets organiques.

Vers en péril, planète dans l’eau chaude

Aujourd’hui, l’agriculture intensive couplée à l’utilisation excessive de pesticides est une réelle menace pour ces habitants du sol. « De nombreuses études montrent que les vers de terre ne vont pas très bien, déplore Gheylen Daghfous. En effet, ils sont sensibles à la qualité du sol et toutes les pratiques actuelles n’aident pas à leur survie. »

«La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces»

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Par ailleurs, l’introduction non naturelle d’autres vers ou d’autres espèces de vers de terre à certains endroits constitue elle aussi une menace. « Dans plusieurs régions du monde, des vers plats ou des espèces non natives de vers de terre sont introduits dans les sols. Ils sont des prédateurs des vers de terre, car ils peuvent les manger ou bien représenter une certaine compétition pour la recherche de nourriture », poursuit notre spécialiste.

« Ces espèces sont notamment introduites par l’activité humaine, comme la pêche par exemple. On constate que de nombreux pêcheurs viennent avec des vers qui ne sont pas d’ici. Il faut les sensibiliser à ne pas les jeter en pleine nature. »

Aux États-Unis et au Canada, par exemple, on compte 200 espèces différentes de vers de terre, dont une trentaine ne sont pas indigènes. « C’est énorme en termes de proportion », indique Gheylen Daghfous.

En 2018, l’écologiste canadien Hubert Reeves a déclaré que « la disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces ».

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Ces invertébrés ont en effet un rôle crucial dans l’écologie des sols. En creusant dans la terre et en remontant à sa surface, les vers de terre permettent de remanier le sol et d’y intégrer de nombreuses matières organiques. Lorsqu’ils créent des galeries, ils aèrent la terre et la rendent dès lors moins compacte et plus propice à l’agriculture.

« En mangeant, le ver de terre ne retient que les micro-organismes qui sont bons pour lui. Il rejette ensuite ce qu’il ne consomme pas dans la terre », explique Gheylen Daghfous. Ces déjections sont extrêmement riches en magnésium, en azote, en phosphore, en calcium et en potassium et fertilisent donc considérablement le sol.

Enfin, les vers de terre se situent à la base de la chaîne alimentaire et sont une source d’alimentation importante pour les batraciens, les oiseaux, les couleuvres, mais aussi de nombreux mammifères de surface comme la taupe ou le renard. « La disparition des vers de terre emporterait avec elle celle de nombreux êtres vivants qui dépendent de cette espèce », conclut le spécialiste.

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Une légende raconte qu’en Égypte antique, le ver de terre était considéré comme un animal sacré. Cléopâtre interdisait dès lors à tout humain de tuer ou de déplacer ces invertébrés. Ne serait-il pas temps de s’inspirer de cette civilisation et de protéger ceux qui prennent soin de nos terres avant que les choses ne tournent mal?