Dès les années 2000, de petites oasis où art, nature et coopération s’entremêlent sont nées dans les paysages urbains : les ruelles vertes. Elles abondent depuis environ cinq ans à Montréal, que ce soit dans les quartiers Rosemont, Villeray, Saint-Michel, Parc-Extension ou Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
L’initiation d’un tel investissement collectif peut sembler laborieuse au premier abord, mais avec une bonne dose de détermination, de créativité et d’entraide, l’univers des possibles est presque sans limites.
On a parlé de cette implication citoyenne avec la directrice générale du Regroupement des éco-quartiers, Eve Lortie-Fournier, qui vient en aide aux personnes qui ont l’ambition de verdir leur ruelle de manière délicate et durable.
S’entourer de personnes motivées
La partie la plus importante selon Eve Lortie-Fournier, c’est de se créer un comité de citoyen.ne.s soudé.e.s qui partagent une vision et des ambitions communes. « Il faut d’abord sonder les intérêts de ses voisins, voir ce dont tout le monde a envie, puis entrer en contact avec les éco-quartiers et les arrondissements pour être appuyé tout au long du processus qui dure approximativement un an », conseille-t-elle.
Selon la directrice générale, les ruelles vertes mettent en lumière la force des relations entre voisin.e.s. Elle constate qu’en se côtoyant davantage et en portant un objectif commun, les gens sont amenés à échanger entre eux, ce qui crée un esprit d’entraide qui transcende le projet.
Elle invite les personnes intéressées par une telle initiative à inclure le plus de personnes possible et à initier des rassemblements. « Certains organisent des actions comme des activités de nettoyage, des fêtes de ruelles, des soupers collectifs », exemplifie-t-elle. Le but est de tisser des liens serrés rapidement pour que le comité soit plus solide et qu’il ait, par le fait même, plus de facilité à avancer.
Concevoir un espace à l’image des résident.e.s
Le principe derrière les ruelles vertes vient entre autres de l’idée de se réapproprier ces lieux qui étaient moins accueillants il n’y a pas si longtemps. « Le programme des ruelles vertes est arrivé parce qu’il y avait des problèmes de propreté dans certaines ruelles, indique Eve Lortie-Fournier. Avant, on y faisait la collecte des déchets. » Les projets permettent donc « d’étendre nos cours pour profiter de l’été au maximum ».
Certaines ruelles sont plus artistiques, ont une thématique sportive, sont adaptées pour les enfants, ou encore mettent l’accent sur l’agriculture urbaine ou les jardins. L’espace est pensé collectivement en fonction des besoins et des envies des résident.e.s.
Une fois le plan terminé, on envoie la demande de financement à son arrondissement et on croise les doigts pour être choisi. À noter qu’il y a beaucoup de demandes; il ne faut pas se décourager dès le premier essai si ce n’est pas concluant!
Construire, colorier et planter
À vos pinceaux et outils! C’est le temps de mettre toutes ces belles idées en œuvre. « Chaque ruelle à sa “saveur unique”, remarque Eve. Elle reflète le comité citoyen qui décide de créer sa ruelle verte avec l’apport de tous. C’est la diversité des ruelles qui rend ça si beau et original! »
Il y aura assurément beaucoup de pain sur la planche. Il faut aménager les espaces de plantations, les aires de repos, les bacs à fleurs, créer les sculptures, peindre les murales, planter les arbres, les arbustes, les plantes potagères. Bref, vous avez compris l’idée!
Vivre et entretenir
Une fois la ruelle inaugurée, il ne reste qu’à profiter de ce nouveau terrain de jeu à son plein potentiel. Faites preuve d’inventivité! Il faut voir votre ruelle comme un espace commun de création et de partage. On peut par exemple renouveler les installations en changeant leurs couleurs, ajouter des aires de jeux ou de repos ou encore former des arrangements floraux selon la saison. Toutes les propositions peuvent être mises sur la table.
Finalement, l’objectif derrière ces projets est évidemment que ces espaces durent. Pour se faire, le comité citoyen s’engage notamment à s’occuper des lieux ainsi qu’à entretenir les installations et les espaces de plantations. Ça peut sembler être une tâche supplémentaire que l’on ajoute indéfiniment à notre to do list qui est probablement déjà bien remplie, mais l’important est de se rappeler que l’on ne sera pas seul.e dans cette implication.
De plus, il y a quelque chose de valorisant dans le fait de s’occuper d’un environnement qui nous anime par son originalité et qui contribue à rendre le sourire à tous et à toutes – même à celles et ceux qui passent devant par hasard.
Allez les découvrir par vous-même! Vous y rencontrerez peut-être des résident.e.s qui voudront vous en dire davantage sur leur expérience.
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