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Tous en Gaspésie : une saison touristique pas comme les autres

Comment ça se passe quand tout le Québec débarque dans la région?

Par
François Breton-Champigny
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Si on se fie à Instagram, il semblerait que 98,7% des Québécois, privés des plages d’Old Orchard et de leurs fameux Oreos frits, aient choisi la Gaspésie comme destination de vacances cet été.

Même si la péninsule est accoutumée à son lot de vacanciers estivaux depuis belle lurette, la saison 2020 semble en être une d’exception en ce qui a trait à l’achalandage.

On s’est demandé comment ça se passe concrètement sur le terrain hors des stories et des photos retouchées.

La fois où un pick up a été inondé

«Depuis quatre ans, on bat le record du nombre de touristes d’année en année. Donc on est déjà pas mal habitué à ce qu’il y ait du monde chez nous, affirme à l’autre bout du fil Stéphanie Thibaud, directrice marketing de Tourisme Gaspésie. C’est sûr que dans le contexte actuel, c’est un peu particulier, mais on est bien contents de l’engouement tout de même».

La directrice marketing reconnaît cependant que de s’adapter à la nouvelle réalité imposée par la pandémie n’a pas été de tout repos. «Il a fallu revoir plusieurs pratiques pour respecter les normes de santé, mais nos entreprises ont su rebondir et tirer leur épingle du jeu quand même».

«On met des affiches et on essaie de sensibiliser les gens le plus possible, mais on tombe quand même sur des situations cocasses et des débordements».

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Autre situation inusitée, la présence accrue de campeurs «sauvages» qui ne respectent pas nécessairement les règles en vigueur. «On met des affiches et on essaie de sensibiliser les gens le plus possible, mais on tombe quand même sur des situations cocasses et des débordements». Elle relate par exemple la fois où une auto est restée coincée dans un barachois et une autre où un pick-up a voulu traverser un cours d’eau et s’est fait inonder. «C’est quand même incroyable! C’est le type de situation que l’on voit plus cette année», constate-t-elle.

Le stress du commerçant

Les Gaspésiens ont la réputation d’être accueillants et chaleureux. C’est toujours aussi vrai, mais cette année l’affluence couplée à la COVID fait parfois monter la tension d’un cran dans des villes hautement touristiques. Arianne, une collègue qui n’en est pas à sa première visite de la région, affirme que si les vacances qu’elle y a passées cette année se sont largement déroulées sans anicroche, elle a observé pour la première fois un petit froid lors de son passage à Percé. «C’est la seule fois où j’ai senti que les gens étaient nerveux. Le staff des restos et des commerces où on est allé avait parfois l’air à bout de nerfs».

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Elle raconte notamment la fois où une serveuse s’est mise en colère contre un client dans un restaurant parce qu’il n’était pas à deux mètres d’un autre. «Disons que c’est un assez gros contraste avec l’attitude cool et relaxe des gens que l’on retrouve habituellement».

«C’est la seule fois où j’ai senti que les gens étaient nerveux. Le staff des restos et des commerces où on est allé avait parfois l’air à bout de nerfs».

Selon Stéphanie Thibaud, ce genre d’évènement s’explique par les nouveaux paramètres entourant le coronavirus. «Les gens sont stressés par la maladie et ils veulent que tout se passe bien. On mélange ça avec un plus grand nombre de touristes qu’à l’ordinaire et effectivement, ça peut créer des moments houleux comme ça».

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«Avec la COVID, beaucoup de commerces ont décidé de ne pas ouvrir et les restos opèrent en très grande partie à 50%. Donc c’est certain qu’il y a une forme de pression supplémentaire qui s’est créée pour ceux qui sont encore ouverts afin de répondre à la demande», nuance quant à elle Claudine Roy, propriétaire de l’Auberge Sous les Arbres à Gaspé et présidente du CA de l’Association Restauration Québec.

Selon la directrice marketing de Tourisme Gaspésie et la femme d’affaires, ces incidents demeurent des cas isolés et le moral des gens est généralement très bon. Un constat qu’une autre touriste, Laurence Décarie-Duprat, partage après son séjour gaspésien. «Je n’ai eu aucun problème avec les travailleurs là-bas. Tout le monde était très accueillant et attentionné même s’il y avait BEAUCOUP de visiteurs».

Prochain arrêt : automne

Même si le tourisme bat son plein en ce moment, les prochains mois seront à surveiller dans la région. «Après les touristes québécois l’été, ce sont généralement les touristes internationaux qui prennent le relais à l’automne. Cette année, leur absence risque de donner un grand coup pour le milieu», explique Claudine Roy.

«Après les touristes québécois l’été, ce sont généralement les touristes internationaux qui prennent le relais à l’automne. Cette année, leur absence risque de donner un grand coup pour le milieu.»

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L’industrie va devoir miser sur un autre type de tourisme pour pallier l’absence laissée par les visiteurs internationaux, croit Stéphanie Thibaud. «Il va falloir convaincre les touristes d’ici que la Gaspésie, ça peut être une destination trippante pour une longue fin de semaine ou une courte escapade», affirme la directrice marketing de Tourisme Gaspésie. Elle pense notamment aux nomades numériques qui peuvent traîner leur boulot avec eux sur la route.

Qui sait, après la vague de touristes, la région verra peut-être débarquer des hordes de professionnels en camper van qui finiront leur journée de travail avec une rando dans les Chic-Chocs ou par un 5 @ 7 au Pit Caribou. Ça donne envie, hein?