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Touche pas à mon bebé

Par
Catherine Ethier
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Devenir parent, ça implique bien des affaires. Tu scrapes tes nuits de sommeil. Tes plus beaux kits sentent le suri. Et si je me fie à mon fil de nouvelles Facebook, tu deviens un peu coucou, aussi.

Quel heureux résumé de la maternité/paternité que voilà.
J’ai le chic de synthétiser les choses que je ne vis pas. La réalité des autres, ça me connaît. Et je présume qu’il faut avoir les deux pattes wrappées dans des pantalons cargo à zips pratiques pour ressentir la véritable félicité qu’est celle d’être parent.

D’AVOIR DONNÉ LA VIE.
À en croire mon fil Facebook, au sommet du grandiose trônent la finale de Thelma et Louise et l’épisiotomie. Fifty-fifty. J’ai pas de mal à le croire.

Mais par les temps qui courent, je questionne – et cela sous toute réserve, comme je n’ai jamais perdu mes eaux au service à la clientèle de chez Sears et que j’appartiens donc toujours à la catégorie «de ceux qui ne peuvent pas comprendre» – la nuance et le propos de plus en plus de parents. Des papas, surtout.

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Des gens que j’estime et qui, je crois, me le rendent bien. Des amis. Des collègues. Vous les côtoyez aussi.

Au fil de fines observations, donc, j’en suis venue au constat suivant: t’as beau être plus cool que Fido Dido, quand tu fabriques un être vivant, surtout s’il s’agit d’une fille, une petite partie de toi se transforme en redneck qui tire du gun dans les airs quand il réussit à écrire son nom en pepi dans la neige.

Oui.

Depuis quelques temps, je sais ben pas ce qui se passe, mais sur cette infinie ressource de pensées en caractère gras sur fonds de crépuscules et de poétiques balançoires qui défilent sur mon fil quotidien, je vois passer des affaires de même. Et de plus en plus:

« Si tu lui brises le cœur, tu vas avoir affaire à moi. À moi. Pis à moi, aussi »

Ciiiiiboulette.
Cette montée de testostérone qui te fait t’imaginer que t’es Bif dans Retour vers le futur et que tu protégeras ta fille de toué ti-cailles qui oseront s’imaginer détacher sa brassière de jeune débutante,
ÇA FERA.

Ils auront tous, un jour ou l’autre, envie de lui détacher la wonderbra.

ÇA VA ARRIVER.

Quel genre de citoyenne du monde penses-tu élever en lui faisant croire que tous les garçons qui se dandineront en sa direction, sauf celui qui recevra ton sceau d’approbation «angus grade A top choice meat» et qui portera des runningchous argent, sont des verrats en puissance qui ne veulent que se tremper la tige? Ça t’alimente où, exactement, cette menace de leur arracher le bras et de les battre avec le boutte qui saigne?

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Loin de moi l’idée de souiller le doux portrait que t’as de ta fille de deux mois avec son petit bandeau élastique en satin pêche, mais qui te dit qu’elle n’est pas graine de cette génération de folles furieuses passives-agressives qui saccagera le cœur de tous les gars qui croiseront son chemin en leur infligeant le port de la cravate blanche et le pas-de-sexe s’ils ne lui offrent pas la bonne breloque Pandora?

De ce temps-là – à la lumière de tous les éclopés incapables de s’engager *et qui ne clignent plus des paupières en même temps* qui croisent ma route – des folles furieuses, j’ai l’impression qu’il en gambade plus d’une. Élevées au grain, EN LIBERTÉ.

Que ces fameux ti-brins briseurs de cœur qui s’essuient les Crocs sur les petites filles en robe à tulle, il n’y en a pas tant. Du moins, qu’on les surestime en nombre.

Il est grand temps que ce sapristi de cliché de chez Rossy cesse.

Messieurs, les papas diplômés en sciences de la vie, on slaque l’initiatique accueil la bouche pleine de cigares avec promesse de jarrets cassés au moindre gars qui osera se présenter dans votre portique sans gerbe de roses sterling pour votre petite princesse vulnérable (qui, by the way, A HONTE DE VOUS)? Merci bien.

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Si besoin de se sentir sur-père il y a, rote ton alphabet.
Ça aura le mérite d’être rafraîchissant. Et t’auras l’air moins coucou, aussi.

La bise.