Le mois dernier, lors d’un passage sur l’île de Vancouver, j’ai été bouleversée. Après deux ans passés à explorer les eaux du Pacifique Sud et de l’océan Indien, où les récifs coralliens façonnent des vagues à faire rêver, je ne pensais pas avoir autant de peine au moment de quitter ce coin reculé de la côte canadienne. Et pourtant, c’est à Tofino que je me suis sentie le plus à ma place.
Au fil des escapades de surf, j’ai fini par comprendre une chose : plus on se sent en confiance, plus on progresse. Et à Tofino, cette confiance était à la fois palpable et puissante.
Mon séjour m’a donné envie de raconter pourquoi, à mon humble avis, la communauté cosmopolite de l’île de Vancouver est l’une des plus accueillantes et inspirantes pour les femmes qui aiment danser sur les vagues.
Surf Sister
Pour comprendre cette atmosphère unique, il faut remonter à 1999, lorsque l’école Surf Sister a vu le jour à Tofino. À l’époque, l’objectif était simple : offrir un espace où les femmes pourraient se sentir à l’aise dans l’eau, malgré un milieu encore largement masculin.
Ce qui avait commencé par quelques leçons données depuis une petite voiture rose avec quelques planches est vite devenu un véritable mouvement. En rendant le line up plus accessible, Surf Sister a peu à peu redéfini la culture locale du surf, ouvrant la voie à une communauté féminine aujourd’hui bien visible.
Noah, Australien et seul homme instructeur chez Surf Sister, m’a confié qu’il n’avait jamais vu autant de femmes dans l’eau, nulle part ailleurs. Selon lui, c’est grâce à cette école, catalyseuse d’une culture désormais portée par toute une communauté locale, tous genres confondus.
Queen of the Peak
Et cette culture s’exprime pleinement chaque automne, lors de Queen of the Peak, une compétition de surf 100 % féminine organisée depuis 2010 par Krissy, également fondatrice de Surf Sisters.
Ce week-end, j’ai d’ailleurs eu la chance de vivre l’événement de l’intérieur.
La particularité de cette compétition, c’est d’être ouverte à toutes. Pas besoin de vidéo, ni de palmarès pour s’inscrire. Des surfeuses de haut niveau y participent, mais c’est aussi une porte d’entrée pour celles qui apprivoisent encore la scène compétitive. C’est un bel équilibre entre accessibilité et performance.
Ariane Larouche, surfeuse montréalaise établie en Colombie-Britannique, y participait pour la première fois, dans la division longboard. Elle évoluait aux côtés de Mele Saili, une légende du surf féminin, avec qui elle s’est liée d’amitié au cours du week-end.
Ariane a manqué la deuxième ronde à 0.05 point près, mais elle repart malgré tout le cœur rempli. Ce qu’elle retient pour l’an prochain : il faut travailler la gestion du stress et les stratégies de compétition (elles ont 15 minutes pour tout donner), mais surtout, le dépassement de soi doit rester plus important que les marches du podium.
Pas de roi à Queen of the Peak : que des femmes qui rip et se soutiennent main dans la main.
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Nationaux Rip Curl Canada
Tofino est également le théâtre d’un autre événement majeur pour le monde du surf : les Nationaux Rip Curl Canada. Cette compétition mixte, de format open, permet à tout le monde, pro comme amateur.rice, de s’inscrire et de se mesurer à d’autres tout en tentant de se tailler une place dans l’équipe nationale.
Julia Ethier, une surfeuse de la Rive-Sud installée à Tofino depuis 2022, participait à Queen of the Peak pour la 3ᵉ fois. Elle prend aussi part aux Nationaux chaque année, notamment pour se pousser à sortir dans des conditions plus difficiles que d’habitude, et nourrir sa motivation à progresser.
Pour elle comme pour beaucoup, les formats open permettent de briser les barrières : on peut vivre l’expérience d’une vraie compétition sans devoir être pro, tout en surfant aux côtés des meilleur.e.s.
Elle aussi trouve Tofino unique en son genre : « On est chanceuses. Il y a tellement de femmes à l’eau, ici. C’est beaucoup moins intimidant qu’à d’autres endroits où le surf est encore très masculin. »
Salty Souls
Cette dynamique positive est également confirmée par Erika Drolet, cofondatrice de Salty Souls Experience, qui prouve que oui, faire carrière dans le surf féminin, même en venant du Québec, c’est possible.
Avec Marie-Christine Amyot, elle organise depuis dix ans des retraites de surf pour femmes dans des destinations aussi paradisiaques que l’Équateur, les Philippines, le Salvador ou le Portugal. Elles ont aussi créé une app de surf fitness, le Salty Club, pour aider les surfeur.euse.s à renforcer leur corps et leur confiance en vue d’un éventuel voyage de surf.
Ces femmes contribuent, chacune à leur manière, à redorer l’image du surf pour la rendre plus inclusive, plus accessible, et surtout plus connectée à des valeurs humaines et communautaires.
Bref, que ce soit dans l’eau froide de Tofino ou dans les eaux chaudes du Pacifique, voici ce que je retiens : les vagues n’ont pas de genre, mais l’espace qu’on s’y donne, lui, peut tout changer. Après avoir cherché un sentiment d’appartenance dans tant d’endroits à l’international, c’est ici, dans les eaux froides de la Colombie-Britannique, que je l’ai trouvé.
Savoir que cette culture existe chez nous me touche profondément. J’en suis sincèrement fière. Et je la porterai près de moi, dans chaque lineup autour du monde.
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