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Plus jeune, vous étiez opposé.e à toute forme d’autorité, vous ne croyiez que dans les coopératives et vous assistiez assidûment à chaque assemblée syndicale. Puis on vous a offert de remplacer votre ancien patron et comme vous étiez tanné de devoir vendre un rein à chaque épicerie, vous avez accepté la promotion. Vous voilà donc nouvellement patron.ne et le syndrome de l’imposteur pointe son nez.
Est-ce que vous auriez dû passer par une école de gestion avant d’accepter le poste? Jeudi, il vous semble que tout le monde a ignoré votre invitation à une réunion. Vous avez aussi la désagréable impression que les gens se taisent quand vous arrivez à la machine à café. Une perle de sueur coule sur votre front alors que vous vous demandez : coudonc, est-ce que je suis un mauvais patron?
La bonne interrogation
Vous êtes probablement meilleur.e que vous le pensez. Mais pour en être certain.e, posez-vous cette autre question à la place : avez-vous trop (ou pas assez) confiance en vous?
Si vous avez assez d’introspection pour vous demander si vous êtes un.e bon.ne patron.ne, c’est déjà bon signe. Ne jamais se remettre en question ou lutter pour avoir raison même quand on a tort (par excès ou manque de confiance), ce sont pas mal les pires défauts qu’un boss puisse avoir. D’un autre côté, douter de soi au point de ne pas être capable de prendre des décisions claires et demander sans cesse la validation des autres, c’est inefficace et ça va affecter votre équipe.
La confiance en soi, comme dans bien des domaines, c’est la base de tout. Lâchez le syndrome de l’imposteur qui vous accable : vous avez obtenu ce poste pour de bonnes raisons et vous le méritez. Quitte à faire semblant au début, ayez suffisamment confiance en vous pour ne pas laisser vos doutes ternir le travail de votre équipe.
Êtes-vous vraiment à l’écoute?
Un des meilleurs indices pour savoir si vous êtes un.e bon.ne patron.ne et si vous avez le bon niveau de confiance en vous, c’est de voir comment vous réagissez aux commentaires et critiques, notamment de la part de vos employé.e.s. Les mauvais.es patron.ne.s sentent le besoin de se défendre personnellement, alors que les gestionnaires efficaces demandent volontiers des idées d’améliorations, et prennent en compte les commentaires qui profitent à son équipe.
Êtes-vous microgossant.e avec votre microgestion?
Donner un cadre et des objectifs clairs à vos collègues, c’est oui. Mais vérifier et orienter chaque petite étape de leur journée et de leur travail, c’est la meilleure façon de faire perdre du temps et de la motivation à vos employé.e.s.
Voyez-vous comme un.e chef.fe d’orchestre, pas comme un.e marionnettiste. Vous êtes là pour donner un tempo, une direction et une cohésion d’ensemble, pas pour placer les doigts des musiciens sur le violon.
Lâchez prise. Faites confiance aux professionnels. C’est bénéfique pour leur santé mentale et la vôtre.
Soyez honnête : aimez-vous ce que vous faites?
Difficile d’être le ou la meilleur.e gestionnaire possible si vous n’éprouvez rien pour votre domaine et votre mission. Ce n’est plus le temps d’être cynique quand vous êtes responsable de maintenir le groupe heureux et motivé.
On ne vous demande pas non plus d’être éperdument en amour avec les pâtes à papier, les logiciels de finance ou le colorant alimentaire (il y a des domaines plus passionnants que d’autres…). Ce qu’il faut, c’est avoir au minimum assez d’intérêt pour connaître et comprendre le travail de chacun et en quoi ça contribue à faire rouler la machine.
Attention, par contre. Ce n’est pas parce que vous êtes passionné.e que vous devez en exiger autant de vos employé.e.s. En gros, ils et elles sont là pour faire ce qu’ils ont à faire. Vous ne pouvez pas leur demander de faire du travail ou des heures supplémentaires par dévouement ou par passion. La passion, c’est votre job.
Êtes-vous plutôt « bon policier » ou « mauvais policier »?
La seule bonne réponse, c’est : « aucun des deux, je ne suis pas la police ». (À moins que vous ne soyez patron.ne dans la police.)
C’est quand la dernière fois que vous avez fait remarquer à un.e employé.e qu’il ou elle était trop souvent en retard ou trop souvent sur son cell? La dernière fois que vous avez félicité un membre de votre équipe pour son travail? Dans les deux cas, est-ce que vous l’avez fait en public ou en privé?
Faites sentir à vos collègues que vous reconnaissez la valeur de leur travail. Félicitez-les ouvertement et ayez sincèrement leur évolution à cœur. Soyez juste. Discutez en privé avec les employé.e.s dont le comportement ou l’éthique de travail dérange les autres. C’est complètement autre chose que de faire la police.
Être aux commandes, c’est gratifiant, mais ça peut aussi être insécurisant. Heureusement, avec un minimum d’empathie, d’humilité, de bonne volonté et de gros bon sens, vous vous en tirerez probablement mieux que vous ne le pensez. C’est simple : soyez le boss que vous aimeriez avoir.
PS : Si vous avez reconnu votre patron.ne entre les lignes, vous pouvez lui envoyer le lien de ce texte pour lui faire passer un message…