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Comment ne pas perdre la tête à la Bourse?
Depuis un an, je suis officiellement devenu un adulte (enfin!). J’ai investi de l’argent pour me préparer à la retraite.
C’est ça, le vrai signe de la vie adulte; ce n’est pas d’avoir 18 ans, ce n’est pas notre première blonde ou notre première bière. On devient adulte le jour où l’on cotise à son REER.
Et par le fait même, j’ai appris que ça peut être stressant d’investir. Quand j’ai reçu mon premier relevé et que j’ai remarqué que j’avais MOINS d’argent qu’au départ, j’ai été tenté de commencer à suivre maladivement l’état de mes finances. Mais comment faire pour se calmer? Pour éviter de paniquer et tout retirer notre investissement?
J’en ai discuté avec Nicolas Chevrier, psychologue, et monsieur Tremblay*, un homme qui a décidé de retirer toutes ses économies de la Bourse afin de s’éviter du stress.
Garder son calme
Tous les experts financiers vous le diront : le rendement en Bourse se calcule sur le long terme. À l’exception des quelques passionnés qui s’exercent à ce qu’on appelle le « day trading », en achetant et vendant des actions rapidement en vue d’un profit rapide, la plupart des investissements sont conçus pour rapporter à long terme.
Il faut donc éviter de céder à la panique et retirer tous ses investissements à la moindre baisse; normalement, avec le temps, le cours va remonter et vous en ressortirez gagnants. Mais ce n’est pas toujours si simple.
« J’étais constamment sur le site de la Bourse pour voir comment ça allait. Je consultais ça souvent, ça n’avait plus d’allure. »
Parlez-en à monsieur Tremblay. « J’étais constamment sur le site de la Bourse pour voir comment ça allait. Je consultais ça souvent, ça n’avait plus d’allure. C’était un stress, ça m’achalait. Cet argent-là, je me disais que je l’avais gagné durement ».
Une fois à la retraite, monsieur Tremblay a décidé de s’initier à l’investissement en bourse. L’idée était de faire fructifier les économies qu’il avait accumulées au cours de sa carrière. Il s’est toutefois rendu compte que, parfois, on n’a pas le luxe d’attendre que le marché se montre plus clément.
« Mon niveau de tolérance [au risque] était faible. Peut-être que si j’avais commencé à investir plus jeune à la Bourse, peut-être que je me serais adapté à ça. Quand t’as des pertes, mais que tu travailles encore, c’est pas plus grave que ça. T’acceptes la perte en te disant : “J’ai encore le temps de me refaire.” Mais quand tu commences plus tard et que t’es à la retraite, cette possibilité-là existe moins. Je voyais ça aller. On était dans une période avant le crash économique et à la Bourse, ça jouait aux montagnes russes. Ça m’énervait ben gros. »
Se connaître
Pour Nicolas Chevrier, psychologue, il y a une chose qui est primordiale quand on décide d’investir en bourse : « Dans n’importe quel investissement, il doit y avoir un bon alignement entre notre niveau de tolérance au risque et nos investissements en tant que tels ».
Comme certains raffolent du parachute alors que d’autres ont de la misère à faire un tour de carrousel à La Ronde sans pleurer, certains tolèrent moins bien le risque financier que d’autres.
Le plus important, donc, est de connaître son niveau de tolérance et de choisir ses investissements en fonction.
Déjouer le stress
Si l’on est de tempérament nerveux, sommes-nous condamnés à laisser notre argent sous le matelas? Pour notre psychologue, certaines stratégies permettent de s’adapter au stress. Mais il faut en comprendre les mécanismes.
« Le stress en tant que tel implique toujours quatre ingrédients qui sont très très importants : la perception de contrôle sur la situation, l’imprévisibilité de la situation en tant que telle, la nouveauté et puis la perception que les gens vont avoir de l’impact que la situation peut avoir sur leur image de soi. »
C’est ce que les psychologues appellent le CINÉ (Contrôle, Imprévisibilité, Nouveauté, Ego).
« Les variables “Imprévisibilité” et “Nouveauté” sont assez importantes quand on investit en Bourse. Si l’on a déjà investi dans le passé, que ça s’est bien passé, probablement que la variable “Nouveauté” sera neutralisée ».
« Est-ce que j’ai l’impression d’avoir un bon niveau de contrôle? Et si je n’ai pas un bon niveau de contrôle sur la situation, comment est-ce que je peux aller chercher du contrôle? »
On peut aussi gérer l’aspect contrôle avec l’aide de notre conseiller financier : « Je pense que c’est important de revenir à la perception de contrôle. Est-ce que j’ai l’impression d’avoir un bon niveau de contrôle? Et si je n’ai pas un bon niveau de contrôle sur la situation, comment est-ce que je peux aller chercher du contrôle? »
« Dans une situation où l’on parle de Bourse, par exemple, on peut demander : est-ce que j’ai un bon conseiller, quelqu’un qui va répondre à mes appels, qui va me donner des informations justes pour avoir un portrait juste de la situation? »
Mais parfois, c’est quand même insuffisant : « Si je ne réussis pas à gérer mon stress en ayant un bon portrait de la situation, alors là, peut-être que je vais me poser des questions sur le niveau de risque de mes investissements, peut-être même en parler avec mon conseiller ».
Ce fut le cas de monsieur Tremblay : « C’était quelqu’un que je connaissais bien, j’avais bien confiance en lui. C’est encore lui qui gère mes affaires, mais d’un commun accord, on en a conclu que je n’avais pas le profil psychologique pour continuer. »
S’accepter
Pour le psychologue Nicolas Chevrier, c’est tout à fait possible que des gens ne soient simplement pas faits pour ce genre de risques : « Les investissements en bourse ne sont pas nécessairement pour tout le monde. Il y a des gens qui peuvent avoir un niveau de tolérance plus bas au stress pour qui les investissements vont devenir un peu trop difficiles pour eux, alors que pour d’autres personnes il n’y aura pas trop de problèmes.
Il y a des investissements avec un niveau de risque relativement faible, mais pour certaines personnes, même ça, ça va amener un certain niveau de stress. Pour ces personnes-là, on leur propose d’aller dans des obligations ou des investissements qui sont très sécurisants ».
C’est la solution qu’a choisie monsieur Tremblay : « J’aime mieux avoir des rendements plus faibles que de penser que je pourrais avoir des rendements négatifs ».
Et au fond, s’accepter tel qu’on est, c’est tout sauf négatif!
*Nom fictif.