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Squatteurs de l’amour : quand votre date vous coûte cher
Ces hobosexuels qui emménagent et vident votre portefeuille.
Il débarque de nulle part les mains vides, un sac de linge sale en guise de dot et le regard attendrissant d’un chiot qui espère se faire adopter. Vous avez à peine le temps de lui ouvrir qu’il se sert dans votre frigo, attrape la télécommande et s’empare de votre côté préféré du lit. Vous n’avez pas la berlue : vous êtes envahi par un hobosexuel, une espèce envahissante dont il est très difficile de se débarrasser.
L’hobosexuel est un individu sans domicile fixe ou revenu stable qui entre en relation amoureuse avec un ou une partenaire uniquement pour squatter son logis et vivre à ses crochets. Ses sentiments peuvent être sincères, mais dans plusieurs cas, ils sont feints pour obtenir des avantages économiques.
Quelques minutes à peine après avoir lancé un appel à toutes sur un groupe Facebook de dating, les réponses affluent. Précision : un tsunami de témoignages de femmes — parce que oui, ce sont majoritairement elles qui en font les frais — inonde ma boîte de réception.
Et si elles en toutes long à dire, un constat s’impose d’emblée : les hobosexuels sont plus nombreux qu’on le pense. Et il est facile de se faire piéger.
« Il est arrivé dans ma vie au moment où mon estime de moi était au plus bas après plusieurs échecs amoureux, témoigne Mélanie. Il semblait super gentil. Il habitait chez sa grand-mère à Trois-Rivières. »
Pour leur premier rendez-vous, c’est Mélanie qui a fait la route pour aller le rencontrer… pour finalement le ramener chez elle le soir même. « Honnêtement, j’étais trop vedge de refaire la route pour aller le porter le lendemain… et je n’ai jamais réussi à m’en débarrasser ! »
S’il était gentil et affable au début de la relation, une fois bien installé chez Mélanie, le prétendu prétendant s’est rapidement montré colérique et jaloux.
« Il se croyait tout permis, même s’il ne payait rien. »
La cerise sur le sundae a été de découvrir que son « chum » avait pigé dans son compte en banque pour se payer de la drogue, après trois mois seulement de fréquentation. Ça a été la goutte qui a finalement mis son prétendant dehors. « J’ai profité du fait qu’il était parti faire le party avec un ami pour sortir son stock de chez moi », confie celle qui calcule que cette mésaventure amoureuse lui a coûté entre 5 000 $ et 6 000 $.
Quand le masque tombe
Après quelques jours à échanger en ligne, la nouvelle date d’Emma la texte un soir vers 23 h pour lui dire que ses colocataires l’ont jeté à la rue. « On n’était pas en couple à ce moment-là, alors je lui ai dit qu’il pouvait venir passer la nuit, raconte-t-elle. Il est arrivé avec toutes ses affaires ! »
Quelques jours à peine après ce concubinage forcé, « il devient méchant, manipulateur et même violent un peu plus tard », relate Emma, qui a migré peu de temps après vers un nouveau logement.
« Bien il a suivi ! lâche-t-elle, exaspérée. Je suis même allée voir la police, pour me faire dire que même si son nom n’est pas sur le bail, si toutes ses affaires sont chez moi, je n’ai pas le droit de le mettre dehors ! »
« Tout son argent à lui passait dans la bière et les cigarettes, je devais tout payer ! Ça m’a pris du temps me refaire après ça, moi qui suis une mère monoparentale. »
Emma a par la suite appris que son chum n’avait jamais eu de colocataires… et qu’il était plut ôt parti de chez son ex – également la mère de ses enfants — au moment de leur séparation.
La violence a continué, jusqu’au jour où les policiers sont finalement intervenus. Emma a retrouvé sa paix d’esprit… et son appart.
Tarzans du dating
Les hobosexuels emménagent chez leur nouvelle flamme comme un bernard-l’ermite change de coquille, ou comme Tarzan qui passe d’une liane à l’autre pour se déplacer dans la jungle.
Geri l’a elle aussi appris à ses dépens, quand son nouveau chum est débarqué chez elle très tôt dans leur relation.
« Après quelque temps de fréquentation, il m’a appris qu’il n’avait pas renouvelé son bail et, tout juste avant le 1er juillet, il n’avait toujours pas trouvé de logement », témoigne-t-elle.
Après plusieurs tergiversations, et voyant la relation progresser, Geri finit par le laisser s’installer dans sa maison, dont elle est propriétaire.
La suite de l’histoire ne vous surprendra pas. « Il a commencé à se comporter comme un enfant. Il ne fait aucun ménage, aucune cuisine, est agressif et menace de me quitter quand je ne suis pas émotionnellement disponible pour lui », relate Geri.
Pour lui prouver son amour, celle-ci finit par lui céder une part de sa maison, « avant de lancer un projet de rénovation majeure qui aura finalement raison de [son] couple ».
« Il n’a rien dans la vie à part une vieille minoune sale. Aucun REER, aucun projet d’avenir… Il est arrivé chez moi avec une télé et une poche de linge qui pue, il est reparti avec 15 000 $ provenant de la vente de ma maison », lâche la jeune femme qui, quelques semaines plus tard, a appris que son ex s’était déjà remis en couple et vivait chez sa nouvelle conjointe.
Une leçon chère payée
Ces histoires trouvent écho chez celle de Victoria, dont la fréquentation vivait jusqu’alors chez ses parents. Rapidement, le similiprince charmant s’est installé chez elle, sans qu’elle n’ait son mot à dire.
« Il est resté chez moi plusieurs semaines à la fois sans payer la nourriture ou le loyer. Il ne participait à aucune tâche ménagère. Il disait qu’il n’avait pas d’argent, alors je payais pour toutes les sorties ou les activités », énumère la jeune femme, qui a tout de même été six ans avec son parasite.
« Je lui ai acheté du shampoing et du gel de douche parce qu’il n’aimait pas l’odeur de mes produits, poursuit-elle. Il prenait le contrôle de la télévision. Il consommait de la marijuana chez moi et ne respectait pas mes règles, me mettant à risque d’avoir des problèmes avec mon propriétaire. […] Il a même pris mon oreiller le plus confortable. »
« J’ai passé plusieurs nuits à pleurer en silence, car je n’avais pas de contrôle sur mon appartement et mes affaires. »
L’homme a ajouté l’insulte à l’injure quand il a commencé à recevoir d’autres femmes en son absence. « Maintenant, il fait le hobo chez d’autres personnes parce que j’ai mis fin à la relation », confie-t-elle.
Comment se protéger
Il faut savoir qu’imposer des dépenses à son ou sa partenaire est une forme de violence économique qui fait partie du cycle de la violence conjugale, soulèvent plusieurs organismes comme l’ACEF de l’Est de Montréal ou SOS violence conjugale.
Si vous pensez être aux prises avec un hobosexuel, vous pouvez communiquer avec des organismes qui soutiennent les victimes de violence en contexte conjugal qui pourront vous offrir des conseils ou des solutions pour vous aider à vous en sortir.
Il faut aussi savoir que le hobosexuel est considéré comme un occupant de l’immeuble, bien qu’il n’ait pas de bail avec le propriétaire. Il peut donc être difficile de le forcer à quitter les lieux, car les recours sont limités devant le Tribunal administratif du logement. Parce qu’elles n’avaient pas d’entente qui définissait les modalités de leur cohabitation, le TAL a refusé de statuer sur un conflit entre une femme qui hébergeait sa soeur qui refusait de déménager.
Sans bail ou sans la preuve qu’une entente existe entre les deux parties, le tribunal ne peut intervenir, ce qui complique la donne pour les victimes. La Société québécoise d’information juridique recommande donc aux personnes concernées de communiquer avec le Centre de justice de proximité de leur région pour obtenir plus d’informations sur les recours qui s’offrent à eux.
Les filles qui ont eu affaire à un hobosexuel sont catégoriques : il est important de se protéger d’une telle relation qui draine autant votre énergie que votre compte en banque.
Pour éviter de vous faire prendre, soyez vigilant.e. Prenez votre temps pour développer la relation et respectez vos limites.
n.b. : les noms des personnes ont été modifiés pour protéger leur anonymat.
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