.jpg)
Souvenirs d’uni avec trois ingénieures exceptionnelles de l’ÉTS
URBANIA et l’École de technologie supérieure (ÉTS) s’unissent en cette Journée internationale des droits des femmes pour vous faire découvrir trois ingénieures aux parcours inspirants.
« La seule chose “intelligente” que je possédais avant mes 18 ans, c’était ma calculatrice », se remémore Darine Ameyed, qui a grandi sans ordinateur. Aujourd’hui, l’intelligence fait partie de son quotidien : elle travaille en intelligence artificielle, plus précisément en intelligence ambiante.
Co-fondatrice et cheffe scientifique d’une start-up en technologie et santé connectée, Darine a pu collaborer avec l’Agence spatiale canadienne à l’occasion du challenge M2S2. Au Québec depuis plusieurs années, elle est aussi chercheuse et cheffe d’équipe de cellule IA au Ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Elle a également pour mandat la mise en œuvre de la stratégie d’intelligence artificielle dans le secteur public, soit de trouver les façons dont l’intelligence artificielle pourrait aider les Québécois dans diverses sphères de la société.
.jpg)
« Ce projet avec le gouvernement, c’est la chose dont je suis le plus fière », dit Darine juste avant de s’arrêter de parler. Puis avec une étincelle dans les yeux et un trémolo dans la voix qui suggèrent l’émotion ou l’excitation, elle ajoute : « En fait, il y a quelque chose d’autre dont je suis tout aussi fière. »
La postdoctorante en ingénierie a toujours eu la fibre entrepreneuriale. Cela date de l’époque où elle vivait encore en Tunisie. Une de ses premières entreprises, fondée alors qu’elle était étudiante au bac, était une société d’art numérique. Oui, oui! Darine est aussi artiste. C’est après ses études en France, où elle a obtenu une maîtrise en art numérique et technologique, qu’elle s’est envolée vers le Québec pour faire son doctorat et son postdoctorat à l’ÉTS.
«Une fois, une petite fille de la ville où vivent mes parents en Tunisie est venue me voir et m’a dit que j’étais son modèle.»
Si son premier contact avec l’université montréalaise date de 2011, l’ingénieure est toujours restée proche de son alma mater. Jusqu’en 2022, elle était associée de recherche au laboratoire Synchromédia de l’ÉTS, spécialisé en canaux de communication multimédias. « Le monde universitaire et de la recherche, c’est là où je me sens le plus à ma place. » Ce n’est pas tout d’innover, il faut aussi aider les gens à comprendre l’innovation scientifique pour qu’elle puisse aider la société. À cet effet, Darine a fait de la vulgarisation scientifique en collaborant avec Substance, un site Web de l’ÉTS qui traite d’actualité scientifique et d’innovation.
« Une fois, une petite fille de la ville où vivent mes parents en Tunisie est venue me voir et m’a dit que j’étais son modèle. » Découvrant qu’elle était un symbole de réussite pour cette gamine, Darine s’est sentie investie d’une mission : aider celles qui avaient un parcours semblable au sien à réussir en génie et en sciences. C’est pour cette raison qu’elle s’implique dans Les Ingénieuses, un regroupement étudiant de l’ÉTS qui a pour mission de favoriser l’intégration des femmes dans le domaine du génie.
« Ce n’est pas toujours facile d’être une femme dans un milieu d’hommes, encore moins d’être une femme racisée. Je sais que d’autres vont avoir à surmonter les mêmes obstacles que moi, mais j’espère pouvoir les aider à mieux réagir que je l’ai fait devant des comportements sexistes ou racistes. » D’un geste naturel, elle montre son sac de la main : une épinglette des Ingénieuses le décore.
Les sièges de voiture sont-ils sécuritaires pour les femmes?
« Il faut plus de filles, parce que nous sommes bonnes », rigole Marie-Hélène Beauséjour, professeure à l’ÉTS. Puis, plus elle y pense, moins elle en rit : « Pour vrai, on est vraiment bonnes. » Depuis quelques années, Marie-Hélène participe à Les Filles et les sciences, un événement qui vise à faire découvrir aux adolescentes les professions liées aux sciences.
.jpg)
Pour la professeure au département de génie des systèmes de l’ÉTS, pouvoir compter sur plus de femmes ingénieures est nécessaire pour la qualité de la recherche et des avancées scientifiques. « Dans mon domaine, la grande majorité des recherches ont été menées auprès de jeunes hommes en bonne santé. Si on veut des données de qualité, on a besoin de toutes sortes de personnes qui pensent à faire des recherches sur tout le monde. »
Le domaine de Marie-Hélène est assez précis : elle tente de mieux comprendre la biomécanique des femmes et des personnes âgées pour la conception de dispositifs de sécurité. Par exemple, les sièges de voiture répondent généralement à des normes de sécurité basées sur des recherches faites auprès d’hommes. Ces sièges sont-ils aussi efficaces pour les femmes que pour les hommes en cas d’accident de voiture? Cela prend des scientifiques comme Marie-Hélène, qui étudient l’impact des accidents sur le corps humain, pour le savoir.
« La première fois que j’ai donné un cours universitaire, j’étais la seule fille dans la classe. »
Faire de la recherche requiert de la patience et de la minutie. Il faut des années de travail pour améliorer de menus détails qui, à long terme, améliorent des milliers de vies. Sur ce plan, on peut faire un lien avec l’autre mandat de Marie-Hélène : enseigner. « La première fois que j’ai donné un cours universitaire, j’étais la seule fille dans la classe », raconte-t-elle. Heureusement, les choses changent. Grâce aux divers programmes et activités de l’ÉTS, le nombre de femmes ne cesse d’y croître, aussi bien dans les classes qu ’au sein du corps professoral.
En résumé, que ce soit dans un labo ou devant un tableau, Marie-Hélène améliore le sort de la société.
La passion d’enseigner
« Un jour, après un cours, une étudiante est venue me voir. Curieuse. Elle se demandait comment j’avais fait pour pouvoir enseigner à l’université. Ses parents, des Haïtiens comme moi, avaient perdu leurs titres professionnels en arrivant au Québec », raconte Suze Youance, chargée de cours et ingénieure-conseil. C’est pour accompagner des jeunes comme cette étudiante que Suze a commencé à s’impliquer bénévolement dans les activités femmes et sciences.
.jpg)
Suze elle-même a été encouragée par sa famille à poursuivre une carrière scientifique. Son frère aîné, aussi ingénieur, lui avait dit de tenter sa chance à la très contingentée Université d’État d’Haïti, qui n’accepte sur concours qu’un petit nombre de candidats. « Trente ans plus tard, il faut croire que j’ai bien fait de m’essayer », s’esclaffe-t-elle.
En 2004, elle se lance un autre défi, celui de faire une maîtrise à Montréal, à l’ÉTS. Sa thèse traitait des effets des tremblements de terre sur les bâtiments. Quelques jours avant sa soutenance, en janvier 2010, un séisme de magnitude 7,3 ravage son pays d’origine, emportant sur son passage des centaines de milliers de vies humaines. Suze se souvient : « Tout de suite après ma présentation, ma directrice de maîtrise m’a dit : “Tu ne retournes pas à Port-au-Prince, tu restes à Montréal pour le doctorat.” » Cinq ans plus tard, ce doctorat a remporté le prix annuel du meilleur article de génie civil au pays.
«Je vis ma matière et je vis ce que j’enseigne.»
« Je vis ma matière et je vis ce que j’enseigne », résume cette chargée de cours aguerrie pour décrire sa passion. Mais ce n’est pas tout. Suze veut avoir un impact durable auprès des jeunes ingénieures, notamment celles qui sont issues de la diversité, en leur insufflant de la confiance en elles-mêmes. C’est pour cette raison qu’elle s’est impliquée dans le programme G-CHANGE de l’ÉTS, qui vise à encourager les jeunes femmes de 15 à 19 ans à choisir une carrière dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Elle y a été mentore, et, comme on pouvait s’y attendre, elle a réussi à y transmettre sa contagieuse passion.
* * *
Si les parcours de ces trois ingénieures t’inspirent, jette un coup d’œil aux programmes d’études de l’ÉTS. Le regroupement Les Ingénieuses et le programme G-CHANGE pourraient également t’intéresser. Clique ici pour en savoir plus.