Siéger à un conseil d’administration : qu’est-ce que ça implique et à quoi ça sert?

Si vous suivez Succession, LA série de l’heure, vous vous demandez peut-être encore après trois saisons quel est le rôle de Roman (Kieran Culkin) au sein de l’entreprise médiatique Waystar Royco. En plus d’être un fils à papa un peu weird, il est surtout membre du conseil d’administration de l’entreprise familiale.

Cependant, si vous n’avez pas fait le HEC, le concept de CA peut vous sembler aussi flou que le rôle de Roman.

On vous explique donc à quoi sert un conseil d’administration pour une entreprise, à quoi ressemblent les tâches d’un.e membre et comment en joindre un même si vous n’êtes pas le fils ou la fille du big boss!

Le conseil d’administration est l’équipe qui accepte la responsabilité globale d’une entreprise. Les membres d’un CA sont élu.e.s par les actionnaires de l’entreprise pour représenter les intérêts de ceux-ci dans l’élaboration des décisions et politiques de la compagnie. On y retrouve des cadres de l’entreprise, des non-cadres et des personnes externes qui sont élues pour une période donnée. Bref, voyez ça comme un mini-gouvernement au sein d’une compagnie.

Si le concept semble vieux jeu, c’est qu’il est encore plus ancien que l’électricité! L’ancêtre du CA moderne daterait de 1600 et aurait été fondé en Angleterre par la reine Elizabeth I en tant que charte pour la East India Company. L’entreprise permettait aux marchands anglais de participer au commerce des épices des Indes orientales. Présidée par un « gouverneur », la charte incluait 24 membres qui s’occupaient de la direction des voyages et de la gestion de toutes les autres choses appartenant à la compagnie. D’ailleurs, les membres de l’entreprise avaient le droit de désigner un nouveau gouverneur chaque année par vote.

Même si les longs voyages en mer pour trouver des épices rares n’ont plus la cote aujourd’hui, les rôles et responsabilités des membres d’un conseil sont encore très similaires.

Faire partie d’un CA comporte son lot de décisions ardues, qui peuvent parfois rappeler celles que prenaient la gang à Tony Soprano… mais moins sanglantes. Les membres d’un conseil d’administration sont notamment chargé.e.s d’engager et de licencier les cadres qui supervisent la gestion opérationnelle de l’entreprise, de déterminer leur salaire, de définir les politiques de dividendes versés aux actionnaires et de décider d’autres politiques concernant les actions.

De plus, ce sont eux et elles qui ont la job ingrate de réviser le budget annuel de l’entreprise et de couper là où il y a du gras. Et si ce n’était pas assez de grosses responsabilités, ce sont aussi eux et elles qui nomment le PDG!

De plus, les membres du conseil doivent représenter les intérêts des actionnaires et de la direction, donc il doit y avoir un équilibre entre employé.e.s et non-employé.e.s au sein de l’équipe. S’il y a trop de membres employé.e.s par l’entreprise, le conseil risque de favoriser les intérêts de la direction et non des actionnaires.

Si ce sont des tâches qui vous interpellent et que vous avez au moins 18 ans, vous pouvez aspirer à faire partie d’un CA, mais c’est à vos risques et périls.

Si vous souhaitez siéger au sein d’un conseil, il faut tout d’abord vous assurer d’avoir les qualités d’un.e carriériste. Ça va vous prendre plus qu’une page LinkedIn. Vous devrez participer intensément aux activités entourant votre domaine : assister à des conférences, entretenir des relations professionnelles, participer à des œuvres à but non lucratif, etc.

De plus, avoir une expertise précise est un grand atout. Selon le site d’Harvard Law, les entreprises nomment de plus en plus des personnes ayant une expertise dans des domaines émergents, tels que l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et la cybersécurité.

Une fois arrivé à la grande table, vous pourrez compter sur un salaire et une prime pour chaque rencontre. Malgré le prestige de pouvoir dire que vous faites partie d’un CA, vous risquez des menaces à votre réputation si jamais l’entreprise se retrouvait dans l’eau chaude, selon Richard Joly, président de Leaders et Cie. De plus, « en devenant administrateur, vous acceptez d’être légalement responsable de l’entreprise sur plusieurs plans (…). Si l’entreprise ne retourne pas au gouvernement les retenues à la source effectuées, les administrateurs en sont personnellement responsables. De plus, si les fautes de l’entreprise touchent l’environnement, certaines situations peuvent même entraîner l’emprisonnement des administrateurs ». Faut pas niaiser!

Comme le disait si bien l’oncle Ben dans Spider-Man, « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », et ça s’applique aussi aux membres d’un conseil d’administration.