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Si j’ai un enfant préféré? Évidemment!

« Selon vous, c’est qui le chouchou de papa et maman? » 

Par
Philippe Côté-Giguère
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« Selon vous, c’est qui le chouchou de papa et maman? »

Ça, c’est le genre de questions qui met immanquablement du piquant dans votre petite soirée fondue du dimanche entre frères et sœurs. Et si un léger malaise risque de s’installer après votre intervention, le sujet n’en demeure pas moins intéressant puisqu’il fait toujours partie des plus grands tabous au sein d’une cellule familiale.

Est-ce que votre petit frère Dylan est vraiment le préféré de votre mère parce que c’est le bébé de la famille? Votre sœur aînée Romy s’attire-t-elle plus de privilèges de votre père en raison de ses performances académiques? Ou seriez-vous l’enfant favori de vos deux parents sans le savoir?

Et maintenant que vous avez fondé une famille, lequel de vos petits trésors brille le plus dans votre cœur?

Une étude qui fait jaser

En janvier dernier, les chercheurs Alexander Jensen et McKell Jorgensen-Wells ont publié une étude dans la revue Psychological Bulletin de l’Association américaine de psychologie. Cette recherche s’intéressait aux facteurs pouvant expliquer la préférence que les parents peuvent avoir pour un de leurs enfants.

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Les scientifiques ont établi comme hypothèse de départ que les filles avaient la faveur des mères, et les garçons, celle des pères. Pour étudier la question, ils ont tenté de déterminer si certains facteurs – l’ordre de naissance, le genre, le caractère et les traits de personnalité des enfants – avaient un rôle prépondérant pour déterminer celui ou celle qui aurait un lien privilégié avec ses parents.

Les conclusions de l’étude stipulent que dans la majorité des cas, l’enfant préféré est une fille.

Aussi, les enfants qui sont plus faciles à gérer en raison de certains traits de caractère (ceux qui sont dociles, responsables, compréhensifs, par exemple) ont tendance à être favorisés. Les intérêts communs entre un parent et son enfant ont aussi une influence sur la qualité de leur lien.

Est-ce que votre passion pour la Deuxième Guerre mondiale a fait de vous le chouchou de votre père? Ça se pourrait bien, oui!

Les parents, ces cachotiers

Comme il est assez mal vu pour les parents de dire ouvertement qu’ils préfèrent un enfant à un autre, rares (10 %) sont ceux qui l’admettent. Malgré cela, 70 % d’entre eux posent des gestes qui démontrent qu’ils ont bel et bien un favori. Cet écart s’explique par le fait que les parents ne font pas nécessairement ce choix de façon délibérée. Parfois, le sentiment de culpabilité qui accompagne cette préférence est tellement grand qu’il force les adultes à la nier coûte que coûte.

Dans tous les cas, il est difficile pour les membres d’une fratrie de déterminer avec certitude qui est le chouchou puisque chacun perçoit la chose différemment.

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Par exemple, un enfant qui a besoins particuliers nécessitera habituellement une attention particulière des parents. Ces derniers lui consacreront donc plus de temps, ce qui peut donner l’impression à ses frères et sœurs qu’il est le favori, sans que ça ne soit le cas.

Et comment expliquer que le plus jeune de votre famille avait plus de jouets que tout le monde si ce n’est pas parce qu’il est le préféré? Peut-être tout simplement parce qu’il a accumulé les jouets que vous aviez à son âge.

Oui, ça peut être simple de même.

Les effets sur le chouchou et les autres

L’étude s’attardait aussi sur les nombreux effets que peut avoir ce favoritisme chez un enfant. Parmi ceux-ci, notons des répercussions positives sur les résultats scolaires, la santé mentale et la gestion des émotions. Il faut cependant aussi savoir que ce statut peut créer une pression chez un enfant et même l’amener à être plus enclin à vivre des épisodes dépressifs à l’âge adulte.

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Les conséquences sur les frères et sœurs de l’enfant perçu comme étant le favori peuvent aussi être importantes. Souvent, les enfants qui se sentent négligés ont des problèmes de développement, adoptent des comportements problématiques – notamment en ce qui a trait à l’abus de substances –, éprouvent plus de problèmes de santé mentale et entretiennent des relations interpersonnelles de moins bonne qualité.

On peut donc comprendre les parents qui ne souhaitent pas que leur progéniture découvre leur prédilection pour un de leurs descendants.

Un enfant préféré en alternance

Sur Reddit, des utilisateurs ont donné leur avis sur la question. Une personne a répondu en disant que oui, elle avait un chouchou, mais qu’il changeait selon le moment de la journée et le type d’activités (sport, magasinage, etc.).

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J’ai trouvé que c’était une très belle façon d’expliquer le phénomène, car c’est aussi ma manière de le percevoir. Je préfère l’aide de ma fille de 7 ans quand vient le temps de préparer le souper, mais une séance de parkour avec mon fils de 3 ans est sans égal.

Au fond, tout ce qui compte, c’est d’aimer autant chacun de ses enfants, dans la mesure du possible. Même si c’est de façon différente et même si c’est pas toujours évident.