Seuls au monde dans les Refuges Perchés à Mont-Tremblant

J’ai longtemps hésité avant de rédiger ceci. À mon sens, le site des Refuges Perchés consiste en un secret encore bien gardé. Je me sens privilégiée d’avoir pu en profiter le temps d’une fin de semaine entre amis. On logeait dans la cabane # 20, affectueusement appelée « La Rockhouse ». Pouvant accueillir confortablement six personnes, notre cabane surplombait le lac, sur la rive ouest du site.

Il faudrait vraiment être mort en dedans pour ne pas être charmé.

Les Refuges Perchés proposent un concept prêt-à-camper écoresponsable sur quatre saisons. Ici, on s’en tire avec le strict minimum : on transporte notre eau, on fait nos besoins dans une bécosse, et on vit avec très peu d’électricité. Mais on décroche, on se recentre, et on aimerait (surtout) y rester plus longtemps.

Chaque refuge est équipé de lits (suffit d’apporter votre sac de couchage et votre oreiller), d’un poêle à bois et d’une kitchenette avec l’essentiel pour cuisiner. En hiver, il faut transporter tous ses bagages dans des traîneaux fournis sur place. L’été, vous pouvez choisir entre le canot ou la brouette.

À l’extérieur de chaque cabane sont mis à disposition un foyer, une table de pique-nique et des toilettes sèches.

Parés d’un sac à dos, d’un tote bag et de provisions pour la fin de semaine, mes amis et moi avons chargé le traîneau et nous sommes mis en route.

Nous avons également dû remplir des bidons d’eau puisque l’accès à l’eau potable est uniquement possible au pavillon d’accueil, situé à environ vingt minutes de marche du refuge.

Naïf, mon ami Alexis a cru bon charger à bloc un seul traîneau, malgré qu’on en avait deux à notre disposition. Il l’a vite regretté. Mon conseil : divisez le poids parce que la petite balade en traîneau peut rapidement devenir ardue. Disons qu’Alexis est arrivé en sueur au refuge et s’est tout de suite mis en chest. Ça a donné le ton pour la fin de semaine.

À peine sommes-nous arrivés que le soleil était déjà tombé. On s’est donc empressés d’allumer un feu (on exclut la personne qui parle), car la cabane peut prendre jusqu’à deux heures pour se réchauffer. S’en est suivi un souper arrosé de plusieurs verres de vodka-eau-Mio (c’est notre cocktail maison de camping, pas besoin de juger, vous pouvez copier). Bien que deux plafonniers alimentés par une batterie permettent d’éclairer le refuge, ma gang et moi étions motivés à utiliser le moins d’électricité possible.

Notre première victime : nos téléphones. Quand leur batterie serait à plat, tant pis. Diane, l’employée à l’accueil, nous avait d’ailleurs mis au défi de passer la fin de semaine sans nos extensions de bras. Elle n’avait pas l’air de croire qu’on en serait capables. Ça m’a fait chier, mais elle a quand même eu raison.

Réveil à 8h30. Alexis a peut-être laissé infuser le café trois minutes, résultant en un décevant café à l’eau. Refusant que ma journée commence sur cette note, j’ai refait le café avec une dose supplémentaire. Ce n’est pas grave si vous m’avez perdue ici. Retenez seulement qu’on a bu un café si fort qu’on voyait le son.

Comme on se trouve au cœur du parc Éco-Laurentides, il était évident qu’on allait profiter de ses attraits. Pour la journée, notre groupe s’est séparé en deux : une équipe randonnée (parce que le site profite de 29,5 km de sentiers) et une équipe ski de fond. J’étais dans l’équipe ski de fond.

On a exploré les 18,2 km de sentiers tracés, on s’est un peu perdus dans les 8,6 km de ski nordique, et au final, on a eu du gros fun en glissant et en tombant dans les sentiers pendant environ deux heures.

La journée s’est terminée avec d’incessantes parties de Galèrapagos, de Trou de cul, et un souper où les assiettes ont pris le bord puisqu’on a décidé de manger à même la casserole.

Après avoir passé la nuit la plus chaude de ma vie (à l’aide), il était temps de plier bagage.

On a laissé le refuge dans le même état qu’on l’a trouvé et mis le cap vers la maison. J’ai détesté emprunter le petit sentier qui mène à l’accueil une dernière fois (voir pourquoi dans la section verdict).

Honnêtement, j’aurais eu besoin de trois nuits et quatre jours. Le séjour a passé trop vite. C’est d’ailleurs le conseil que donne Diane, la dame qui nous a encouragés à lâcher nos cells. Alors que je me sentais enfin reposée, il était déjà le temps de partir.

J’aurais pris une journée de plus pour profiter de l’immersion totale que procure les Refuges Perchés. Il y a quelque chose de beau dans l’idée de se retrouver loin de la civilisation où les seuls humains croisés étaient ceux qui, comme nous, traînaient leurs toboggans ou exploraient les sentiers du parc Éco.

• Ne soyez pas trop audacieux avec le poêle à bois du refuge. Mettez une bûche de moins que nécessaire, parce que suer toute l’eau de votre corps pendant la nuit, ce n’est pas une expérience que vous voulez vivre.

• Voyagez léger. La marche de 10 à 20 minutes jusqu’au refuge peut rapidement devenir pénible si vous êtes chargés comme des mulets. Avec les bidons d’eau, le bois et la nourriture, le poids s’accumule vite.

• Faites votre épicerie avant d’arriver, la plus proche étant à 25 minutes. L’idée est de se couper du monde, pas d’y retourner parce que vous avez oublié quelque chose. Je vous encourage aussi à miser sur des repas simples qui ne demandent pas trop de préparation. Un mélange de Chana Masala avec du riz minute, ou des pâtes avec de la sauce tomate en pot, ça fait en masse la job. Copiez nos idées, ça ne nous dérange pas.

• N’oubliez pas vos lampes frontales et des pantoufles. Les planchers sont froids et mouillés durant l’hiver, et notre ami Louis-Philippe a regretté de ne pas en avoir.

• Il est possible de louer de l’équipement de ski de fond sur place pour 22 $ ou les raquettes pour 15 $.

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