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S’endetter pour des études de doctorat, est-ce que ça vaut la peine?
Des études de doctorat, c’est de longues années passées sur les bancs d’école, payer cher pour étudier (veut, veut pas, ça s’accumule), et gagner pas beaucoup pendant tout ce temps. Est-ce que ça vaut la peine? Est-ce que c’est stressant financièrement?
On ne fait pas un doctorat pour l’argent, on va se le dire tout de suite. Contrairement aux diplômes de baccalauréat et de maîtrise, le doctorat vous avantage rarement sur le marché du travail: surqualifié, pelleteur de nuages, on vous étiquettera facilement. Même pour les diplômes de bac et de maîtrise, leur valeur est de moins en moins assurée.
C’est pas grave, le doc, c’est un projet personnel. Un projet personnel accompagné d’une dette moyenne de 41 000$.
Certains chanceux trouveront un emploi payant à la sortie. La vaste majorité des étudiants de doctorat vise un poste de prof d’université, mais il y a trois fois plus de diplômés de doctorat que de postes de professeurs au Canada. Et nul ne peut savoir à l’avance s’il sera l’heureux élu ou non. C’est fort possible qu’on se retrouve après un doc avec le même job qu’on aurait eu sans. Et c’est pas grave, le doc, c’est un projet personnel. Un projet personnel accompagné d’une dette moyenne de 41 000$.
Les petits, les moyens et les gros boursiers
On vit dans un monde cruel, c’est bien connu. Il n’y a pas d’étudiant de doc universel, et il y a énormément d’inégalités entre les uns et les autres. Le grand responsable de ces inégalités, c’est le système de bourses. Et je ne parle pas des prêts et bourses du gouvernement du Québec, mais bien des bourses d’études de 20 000$, 35 000$, voire 50 000$ par an (non imposable).
Avant de commencer à rouspéter sur le gaspillage de vos taxes, rappelez-vous que les très grosses bourses vont à une infime minorité de candidats (genre, de zéro à une personne par année pour tout le Québec, là). Quand même, on peut se laisser aller à un brin de jalousie ici (pause de deux millisecondes). OK, c’est assez.
Le petit boursier
C’est celui qui bûche dur, qui joint les deux bouts en ayant un coloc, un job d’assistant d’enseignement et un sideline de barista. Il reçoit des prêts et bourses du gouvernement. Son doctorat n’est pas rentable. Mais si ça le mène vers la job de ses rêves, hein, qui sommes-nous pour juger.
Travailler beaucoup est une bonne idée pour un petit boursier. C’est pas comme s’il avait tellement le choix, faut dire. Son CV sera plus garni lorsqu’il sera diplômé, donc ça l’aidera certainement à trouver du travail.
La moyenne boursière
Elle a travaillé comme le petit boursier pendant un an tout en suivant ses cours et ensuite elle a décroché une bourse d’études de 20 000$ par année pour quatre ans. C’est super! Cet argent couvre les frais de scolarité, les conférences internationales, les lunchs, tout le nécessaire. Elle pourra sûrement se débarrasser de sa coloc bientôt.
Le gros boursier
Il obtient sa grosse bourse parce que le Canada (rien de moins) a peur que les États-Unis nous le volent! Il est tellement bon, ses profs ne tarissent pas d’éloges à son sujet. Il s’achète un condo au centre-ville et un chalet. Des conditions optimales pour la réussite de ses études, semble-t-il. Pour lui, son doctorat est rentable. Même s’il a lâché un emploi payant pour le faire. Au pire, il n’aura qu’à revendre le chalet.
Celle qui vit sur une marge de crédit
Je réserverais ça aux doctorats de premier cycle, t’sais là, médecine, pharmacie, dentisterie… les trucs payants qui faciliteront le remboursement de la dette quand les études seront terminées!
Le décalage social
Au doctorat, votre plus gros poste de dépenses sera probablement les voyages, pour aller faire rayonner tout votre savoir aux quatre coins du monde! Un style de vie étudiant qui perdure jusqu’à la trentaine peut présenter un avantage économique. Ça vous incite à économiser sur des choses comme le mini manoir en banlieue, la voiture… Une bière par semaine avec un nachos au bar du coin, à trois minutes de l’appart que vous partagez avec deux colocs dans un quartier central, ça revient pas mal moins dispendieux!
Si vous économisez ce que vous ne dépensez pas, ça fera un bon petit coussin à la sortie. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’avec des bourses, en ne cotisant pas ou peu aux régimes de retraite et tout ce qui passe sur une paye normale, on n’a pas d’avantages sociaux, donc pas d’assurance emploi (ni de retraite, mais c’est plus loin, ça). Toujours une bonne idée de travailler en même temps, ça vous gardera sur le payroll et mieux intégré au système, en plus de garnir votre CV.
La carotte
Obtenir un poste de professeur menant à la permanence (syndiqué et tout le tralala), c’est vraiment la carotte, une esti de grosse carotte en plus! Avec un salaire entre 80 000 $ et 150 000 $ (environ), un accès à des fonds de recherche, un fonds de pension, etc. Gras dur. Après 10 ans d’études et probablement un autre 5 ans dans les limbes du post-doctorat, c’est bien mérité.
Bonne chance.
Et n’oubliez pas: c’est un projet personnel.