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Semaine de travail de quatre jours: l’Angleterre se lance
Avec le retour progressif au bureau, la pénurie de main-d’œuvre (de tout), et l’exode massif des travailleurs, les employeurs se montrent de plus en plus ouverts à différents modèles de travail. Peu importe, tant que la productivité, et les profits restent les mêmes. Emboîtant le pas à des essais faits un peu partout dans le monde, et adoptée dans certains pays nordiques, la semaine de travail de quatre jours n’est plus qu’un rêve d’employé.e.
À preuve, près de 70 entreprises britanniques issues de toutes sortes de secteurs tentent l’expérience, dans un projet-pilote global mené par 4 Day Week Global, un organisme à but non lucratif basé en Nouvelle-Zélande dont le programme est suivi de près par les universités d’Oxford et de Cambridge, en Angleterre, et le Boston College aux États-Unis.
Depuis le 1er juin et au cours des six prochains mois, les quelque 3 000 salariés participants travailleront 20% moins, mais toucheront leur salaire complet.
Un essai historique
« L’essai au Royaume-Uni est historique. La base de ce mouvement est qu’il y a des activités dans plusieurs milieux de travail, notamment dans des emplois de col blanc, qui ne sont pas productives et que l’on pourrait couper sans que ça affecte l’entreprise », expliquait en entrevue avec la BBC Juliet Schor, chercheuse principale de l’étude, et économiste-sociologue au Boston College.
« La semaine de quatre jours est généralement considérée comme une politique à triple dividende : elle aide les employés, les entreprises et le climat. »
Comme vous le savez déjà probablement, personne n’est efficace et productif au bureau 100% du temps. En fait, en moyenne, le travailleur moyen n’est productif que moins de deux heures par jour. Les défendeurs de la semaine de travail de quatre jours estiment donc que la cinquième journée est superflue: les employés seraient plus productifs s’ils ne travaillaient que quatre jours, en ayant trois jours complets de repos.
Alors que le Royaume-Uni doit, comme la plupart des pays, composer avec une pénurie de main-d’œuvre dans des industries-clés de son économie, les employeurs se penchent sur la conciliation entre travail et vie personnelle. Certains pays ont d’ailleurs mis en place des mesures interdisant aux employeurs de contacter leurs employés en dehors des heures de travail, et on apprenait récemment que l’Ontario y songeait. L’Espagne et l’Écosse tenteront aussi, plus tard cette année, l’expérience de la semaine de quatre jours.
Mesurer le bonheur des employés
Au-delà de simplement se pencher sur la productivité des employés participant à l’essai, les chercheurs travaillent de concert avec les entreprises pour mesurer l’indice de bien-être des employé.e.s, ainsi que l’impact de ce modèle de travail sur l’équité des genres en entreprise et sur l’environnement.
« Nous analyserons comment les employés répondent à avoir un jour de repos de plus, en termes de stress et de burnout, leur satisfaction dans leur vie professionnelle et personnelle, leur santé, leur sommeil, leur consommation énergétique, leurs vacances et plusieurs autres aspects de leur vie », dit la professeure Schor. « La semaine de quatre jours est généralement considérée comme une politique à triple dividende : elle aide les employés, les entreprises et le climat. Nos efforts de recherche permettront d’approfondir tout cela. »
Chez nous, le mouvement est un peu moins populaire. Toutefois, la boîte de jeux vidéo Eidos a annoncé à l’automne dernier qu’elle adoptait une semaine de quatre jours, dans ses bureaux de Montréal et de Sherbrooke. Cela a nécessité beaucoup de conversations et d’organisation, concède l’entreprise, mais l’expérience semble être concluante jusqu’à maintenant. La semaine dernière, l’agence créative montréalaise TUX annonçait aussi qu’elle adoptait ce modèle, expliquant vouloir garder plus de place pour le « repos actif » de ses employés.