.jpg)
Se faire soigner dans le privé, combien ça coûte?
Frais d’ouverture de dossier, consultations facturées à la minute, « forfaits » premium… les cliniques médicales privées, est-ce que c’est juste pour les riches?
Dans un sens, on est tous déjà passés par le privé. Le dentiste et l’optométriste, par exemple, nous font payer à chaque visite. Sauf que ce qui nous intéresse ici, c’est plutôt les cliniques de santé privées, ces établissements haut de gamme (ou wannabe) qui prodiguent des services de soins comme des bilans de santé, des vaccins, divers examens et tests ainsi qu’une panoplie de chirurgies mineures — enlever un grain de beauté, par exemple. Pour un traitement contre le cancer ou une opération à cœur ouvert, ça se passe au public.
Pourquoi se tourner vers le privé ?
D’abord, la réponse facile : ça va plus vite. Pas besoin de suivre le dossier régulièrement pour savoir qu’à l’urgence hospitalière, bien que le nombre de patients a diminué ces dernières années, le temps d’attente, lui, a augmenté. Au privé, pour une chirurgie mineure, on peut passer sous le bistouri en moins de quatre semaines. Dans le secteur public, le temps d’attente peut être de plus de 26 semaines. Disons que si ton genou te fait souffrir, ça fait une différence considérable.
Au Québec, en 2018, 80% des gens sont affiliés à un médecin de famille.
Sortir le cash permet également d’obtenir un médecin de famille plus rapidement. Au Québec, en 2018, 80% des gens sont affiliés à un médecin de famille. C’est plus qu’en 2013, où ça tournait autour de 65%. Malgré cette statistique réjouissante, la proportion de gens inscrits au Guichet d’accès pour un médecin de famille (GAMF) augmente elle aussi. De mars 2018 à 2019, les Québécois à la recherche d’un médecin de famille sont passés de 428 000 à 541 000. Sans surprise, c’est en région que la pénurie se fait le plus sentir.
Les fameux tarifs
« Dans le fond, le privé, sounds nice! Mais combien ça coûte, coudonc? », vous demandez-vous probablement. Pour une ouverture de dossier, ça oscille entre rien du tout (quelle chance!), 85$ et 105$. Pour un bilan de santé, on peut s’attendre à payer autour de 300$, parfois plus. Certaines cliniques vont même jusqu’à charger différents tarifs selon l’âge du patient. On débourse ensuite à la carte selon le type de soin ou de traitement nécessaire. Laver une oreille? 40$. Deux oreilles? Obtenez le rabais à 55$!
En clinique privée, les professionnels de la santé ont plus de temps à offrir à leurs patients. Comme les gens paient souvent selon le nombre de minutes passées avec un médecin ou une infirmière, libre à eux de s’éterniser dans le bureau. Exit les traitements expéditifs qu’on reproche souvent au système public.
Certaines cliniques proposent même des forfaits à l’année affublés de noms attrayants qui ressemblent plus à des catégories de commanditaires de festival qu’à des package deals pour des prises de sang.
On s’entend que ce genre de grille tarifaire s’adresse à une tranche de la population qui a les moyens de se l’offrir. Pour fidéliser la clientèle, certaines cliniques proposent même des forfaits à l’année affublés de noms attrayants qui ressemblent plus à des catégories de commanditaires de festival qu’à des package deals pour des prises de sang : Platine (5000$/an), Or (2000$/an), et l’économique Bronze pour personne seule à 700$/an. Si vous avez un petit lousse dans votre budget, vous pourriez être intéressé par la Conciergerie médicale, un genre de classe affaires de clinique qui offre collations, lounge privé et consultation personnalisée à longueur d’année.
Bon à savoir : certaines polices d’assurance couvrent une partie des frais reliés aux traitements reçus en clinique privée. Aussi cool soient-elles, nos assurances ne rembourseront toutefois pas les frais encourus pour des soins déjà couverts par la RAMQ — et donc, qui auraient pu être reçus au public, à quelques exceptions près. La RAMQ, elle, ne couvre des interventions au privé que si le réseau public ne peut vous offrir le même service dans un délai dit « raisonnable »… c’est-à-dire pas souvent, selon eux.
Un véritable free for all
En médecine privée, il n’existe pas de barèmes concernant la facturation. Les cliniques privées sont des entreprises et des équipements médicaux, ça coûte cher. Selon le Collège des médecins, c’est donc à nous, simples mortels, de magasiner notre clinique et son (ou ses) prix pour ne pas nous faire avoir. Parce que oui, un système privé va parfois privilégier les traitements plus coûteux simplement parce qu’il peut nous les facturer. Il est toutefois possible de contester les honoraires d’un médecin. Le souci de rentabilité emmène parfois des cliniques à prescrire des examens non nécessaires simplement pour se faire un peu de cash sur le dos des patients.
Dans le fond, un médecin du secteur privé, c’est un peu comme un garagiste qui vous pousse à changer une pièce d’auto dont vous n’avez jamais entendu parler, mais qui coûte 300$. Il faut trouver un professionnel en qui vous avez 100% confiance pour débourser le montant demandé. End of story.